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Dossier : PrĂ©occupations actuelles des dentistes en devenir

Il est dĂ©sormais acquis que les enjeux modernes de l’entrĂ©e professionnelle dans le secteur dentaire privĂ© dĂ©passent très largement l’aptitude mĂ©dicale, prĂ©requis fondamental, pour s’étendre Ă  des considĂ©rations pratiques qui ont pu faire dĂ©faut au cours de la formation acadĂ©mique. Gestion d’entreprise, marketing, communication, logistique sont autant d’élĂ©ments qui ne peuvent plus ĂŞtre ignorĂ©s ou improvisĂ©s comme accessoires Ă  la rĂ©ussite d’un cabinet. Cette prise de conscience transparaĂ®t ainsi notamment dans les prĂ©occupations des chirurgiens-dentistes en devenir, dont les thèses de fin de cursus depuis une quinzaine d’annĂ©es s’éloignent de plus en plus souvent des thèmes purement mĂ©dicaux pour se dĂ©placer vers ces questions pratiques et concrètes quant Ă  ce qui les attend Ă  la sortie de leur formation. C’est un survol de ce phĂ©nomène et de certaines de ces thèses, illustrant les enjeux et prĂ©occupations actuels des futurs praticiens, que ce dossier propose de prĂ©senter, en les regroupant en trois grands thèmes : l’ergonomie et l’optimisation du cabinet, sa gestion et son management, et enfin les principes modernes de communication et de rapport au patient.

I. ERGONOMIE ET ORGANISATION DU CABINET DENTAIRE

1. Optimisation des locaux 
2. Optimisation des dispositifs instrumentaux 
3. La rĂ©duction du nombre de sĂ©ances de traitement par le rallongement des durĂ©es 
4. Les gestions des rendez-vous non programmĂ©s 

II. MANAGEMENT ET GESTION DU CABINET DENTAIRE

1. Finances, fiscalitĂ© et ressources humaines 
2. Le management de groupe et la dĂ©marche qualitĂ© 
3. Environnement et dĂ©veloppement durable  (en deux articles)

III. LA RELATION PATIENT 

1. L’abord du patient : psychologie et communication
2. L’optimisation des premiers rendez-vous

Deuxième partie : Management et gestion du cabinet dentaire

  1. Le développement durable au cabinet dentaire (Partie 2)

« Qu’on se tourne vers les entreprises, les collectivitĂ©s, les autoritĂ©s ou les Français en gĂ©nĂ©ral, le dĂ©veloppement durable semble bien ĂŞtre devenu incontournable. Bien loin du simple effet de mode prĂ©dit par certains il y a dĂ©jĂ  quelques annĂ©es, le dĂ©veloppement durable est bel et bien devenu un mode de vie. Un Ă©tat d’esprit que la crise a renforcĂ©. Selon l’Observatoire IFOP du dĂ©veloppement durable, pour près de huit Français sur dix, ce que chacun fait individuellement contribue vraiment Ă  protĂ©ger l’environnement, tout comme ce que font les entreprises. Selon TNS Sofres, 93 % des entreprises ont dĂ©jĂ  rĂ©duit leurs dĂ©penses d’énergie, 62 % ont commencĂ© Ă  Ă©tablir un bilan carbone de leurs activitĂ©s et la majoritĂ© ne s’est pas contentĂ©e d’Ĺ“uvrer pour la planète mais a Ă©largi ses actions aux aspects sociaux et sociĂ©taux.

Il en va de même dans notre profession, parmi les mieux organisées et les plus solidaires du monde libéral de santé en matière de développement durable. Des structures comme l’Office national dentaire pour l’environnement (ONDE), créé en 1998, ou la filière de recyclage Recydent4 mise en place par l’industrie en 2008, sont là pour en témoigner. Sans oublier tout ce que vous faites dans vos cabinets au quotidien en tant qu’employeurs pour préserver l’environnement, pour améliorer l’accès aux soins, ou pour promouvoir la santé publique. Autant de points sur lesquels nous avons besoin de faire le point afin d’aller encore plus loin. » (Hescot P., Trouillet J. Edito. ADF INFOS 2012)

DĂ©finitions et contexte

Définition, intérêts et objectifs

Le dĂ©veloppement durable est une notion qui a vu le jour dans un passĂ© très rĂ©cent. Selon le Ministère de l’Écologie, du DĂ©veloppement Durable et de l’Énergie, la situation actuelle de la planète en termes de dĂ©mographie et de disponibilitĂ© de ressources nous pousse Ă  nous poser quelques questions fondamentales : comment concilier progrès Ă©conomique et social sans mettre en pĂ©ril l’équilibre naturel de la planète ? Comment rĂ©partir les richesses entre les pays riches et ceux moins dĂ©veloppĂ©s ? Comment donner un minimum de richesses Ă  ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants encore dĂ©munis Ă  l’heure oĂą la planète semble dĂ©jĂ  asphyxiĂ©e par le prĂ©lèvement effrĂ©nĂ© de ses ressources naturelles ? Et surtout, comment faire en sorte de lĂ©guer une terre en bonne santĂ© aux gĂ©nĂ©rations futures ? C’est pour tenter d’apporter des rĂ©ponses concrètes Ă  ces questions qu’est nĂ© le concept de dĂ©veloppement durable.

Le changement climatique, la consommation d’énergie, la production de dĂ©chets, les menaces pour la santĂ© publique, la pauvretĂ© et l’exclusion sociale, la gestion des ressources naturelles, la perte de biodiversitĂ©, l’utilisation des sols… Autant de dĂ©fis qui nous amènent Ă  repenser notre Ă©conomie et notre croissance en faveur d’une sociĂ©tĂ© plus « sobre ». Le dĂ©veloppement durable a Ă©tĂ© dĂ©fini dans le rapport Ă©laborĂ© par la commission mondiale sur l’environnement et le dĂ©veloppement (Commission Brundtland) dans son rapport intitulĂ© « Notre avenir Ă  tous » (Our Common Future) comme « la capacitĂ© des gĂ©nĂ©rations prĂ©sentes Ă  satisfaire leurs besoins sans empĂŞcher les gĂ©nĂ©rations futures de satisfaire leurs propres besoins » (Brundtland, 1987). Selon le National Health Service britannique et suivant cette dĂ©finition, une organisation durable est souvent celle qui a les meilleures chances de survivre longtemps. Selon le Ministère de l’Ecologie, du DĂ©veloppement Durable, et de l’Énergie, le dĂ©veloppement durable exige une implication de tous les groupes socio-Ă©conomiques d’une population. La rĂ©alisation effective des objectifs du dĂ©veloppement durable, ne peut aboutir que si l’ensemble des acteurs de la sociĂ©tĂ© agit en commun : les entreprises privĂ©es, publiques, les associations, les organisations non gouvernementales (ONG), les syndicats et les citoyens. Selon la Haute AutoritĂ© de SantĂ©, il s’inscrit dans une dĂ©marche de responsabilitĂ© sociĂ©tale des organisations par :

• Une responsabilité environnementale qui prend en compte l’impact de ses activités.
• Une responsabilité sociale vis-à-vis de ses salariés et en externe de ses partenaires, usagers…
• Une responsabilité économique (choix d’investissement, d’activité de l’organisation et ses conséquences territoriales…)

Cette responsabilité implique des principes et des pratiques de responsabilité dans les processus de décision, de management et des pratiques professionnelles. Il est devenu une composante essentielle de la stratégie des entreprises. Le monde de la santé n’y échappe pas. À travers le respect des normes, la recherche de la sécurité sanitaire dans toutes ses composantes (l’eau, les déchets hospitaliers, le risque infectieux…) et la gestion des risques, une réflexion est déjà engagée. Le développement durable en santé permet de réconcilier les démarches qualité déjà existantes en posant de nouvelles questions et en affinant le raisonnement sur (HAS, 2012) :

•les valeurs, missions, activités d’un établissement de santé et ses notions de responsabilité sociale et environnementale,
•la démarche d’amélioration continue de la qualité dans une perspective de continuité et de durabilité,
•la gestion des risques avec les risques environnementaux, sociaux et économiques,
•un système de soins respectueux de l’homme et de son environnement.

Selon le National Health Service (NHS) anglais, cinq raisons principales nous incitent au dĂ©veloppement durable au niveau du secteur de la santĂ© :

• Les Ă©conomies d’argent.
• Les bénéfices sur la santé à court et à long terme.
• La position dominante en termes de marchĂ© des organisations de santĂ©, surtout lorsqu’il s’agit des grandes structures, fait qu’elles peuvent dĂ©cider de leurs achats sur les communautĂ©s locales.
• Les ressources naturelles limitées.
• Le devoir légal de diminuer les émissions de carbone.

Contexte actuel dans le monde

Le dĂ©veloppement durable est un concept qui est d’actualitĂ© dans beaucoup d’organismes internationaux. Plus particulièrement, la santĂ© est un des secteurs oĂą les efforts sont les plus consĂ©quents. Au-delĂ  de l’ONU, qui a intĂ©grĂ© cette notion Ă  ses efforts collectifs, on peut mentionner plus spĂ©cifiquement au secteur de la santĂ© et de l’odontologie :

  • L’Organisation Mondiale de la SantĂ© (OMS) : autoritĂ© directrice et coordonnatrice, dans le domaine de la santĂ©, des travaux ayant un caractère international au sein du système des Nations Unies. Elle est chargĂ©e de diriger l’action sanitaire mondiale, de dĂ©finir les programmes de recherche en santĂ©, de fixer des normes et des critères, de prĂ©senter des options politiques fondĂ©es sur des donnĂ©es probantes, de fournir un soutien technique aux pays et de suivre et d’apprĂ©cier les tendances en matière de santĂ© publique. Elle est aussi un organisme impliquĂ© dans le dĂ©veloppement durable, le changement climatique entre autres. Plusieurs documents ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s en vue de diminuer l’empreinte carbone dans le secteur de la santĂ© ainsi que d’autre pratiques nocives pour l’environnement.
  • Le National Health Service (NHS) : système de la santĂ© publique de la Grande-Bretagne. Depuis son lancement en 1948, le NHS est devenu le service de santĂ© publique le plus vaste du monde. Le NHS a Ă©tĂ© crĂ©Ă© dans l’idĂ©al de permettre l’accès aux soins de qualitĂ© Ă  toute personne, sans distinction Ă©conomique. Aujourd’hui, ce principe reste valable, exception faite des charges pour quelques prescriptions dans les services dentaire ou optique. Actuellement, le NHS compte plus de 62 millions d’ayant-droits. Le NHS est le quatrième employeur du monde en termes de taille et compte plus de 1.7 millions d’employĂ©s. Le NHS est un organisme engagĂ© dans le dĂ©veloppement durable. L’Organisation Mondiale de la SantĂ© prend appui sur son expĂ©rience et sa littĂ©rature pour Ă©mettre ses propres recommandations.
  • L’Association Health Care Without Harm (HCWH) : regroupement d’hĂ´pitaux et services de santĂ©, de professionnels de la santĂ©, de syndicats, d’organisations environnementales, d’organisations de santĂ© environnementales et de groupes religieux. Son bureau central est basĂ© en Virginie, États-Unis. Elle compte plusieurs filières et reprĂ©sentants dans le monde. Elle a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1996 suite Ă  l’identification par l’Agence de Protection de l’Environnement AmĂ©ricaine (U.S. Environmental Protection Agency) de l’incinĂ©ration des rĂ©sidus mĂ©dicaux comme la source principale de dioxines, un des plus puissants carcinogènes. Sa mission est de contribuer Ă  transformer l’industrie de la santĂ© Ă  travers le monde, sans compromettre la santĂ© ou les soins du patient, tout en Ă©tant Ă©cologiquement durable et sans reprĂ©senter une source de dĂ©gâts pour la santĂ© publique et l’environnement. Plusieurs de ses publications ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es en collaboration avec l’Organisation Mondiale de la SantĂ©.
  • La Norme ISO 26000 : lancĂ©e en novembre 2010, elle porte sur les lignes directrices relatives Ă  la ResponsabilitĂ© SociĂ©tale des Organisations. Il s’agit d’une norme Ă  application volontaire qui ne rĂ©pond pas Ă  un protocole de certification. Elle s’applique aussi bien aux entreprises privĂ©es qu’aux organismes publics. En somme, elle montre aux organisations la façon de contribuer au dĂ©veloppement durable. Les principes de cette norme sont la responsabilitĂ©, la transparence, le comportement Ă©thique et l’implication des parties prenantes (clients, relations personnelles et sociĂ©tĂ© civile). Les points centraux sont la gouvernance organisationnelle, les droits de l’homme, les conditions de travail, l’environnement, la loyautĂ© des pratiques, les questions relatives aux consommateurs et la participation Ă  la vie communautaire. Cette norme concerne aussi d’autres points, tels que les facteurs Ă©conomiques, les aspects relatifs Ă  la santĂ© et la sĂ©curitĂ©, la chaĂ®ne d’approvisionnement ou encore les questions d’égalitĂ© entre hommes et femmes.
  • L’Eco-Dentistry Association : association basĂ©e en Californie, États-Unis, elle propose des gestes concrets ainsi que des formations dans le but d’amĂ©liorer dans un sens « durable » la pratique de la chirurgie-dentaire.

Contexte actuel en France

Le dĂ©veloppement durable a un vaste champ d’application, que ce soit dans les diffĂ©rents groupes socio-Ă©conomiques, ou dans les diffĂ©rentes activitĂ©s humaines. Selon le Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du DĂ©veloppement durable et de la Mer, il s’agit de « Concilier une Ă©conomie dynamique, un niveau Ă©levĂ© d’éducation, de protection de la santĂ©, de cohĂ©sion sociale et territoriale, ainsi que de protection de l’environnement, dans un monde plus sĂ»r, respectant la diversitĂ© culturelle […] Le changement climatique, la consommation d’énergie, la production de dĂ©chets, les menaces pour la santĂ© publique, la pauvretĂ© et l’exclusion sociale, la gestion des ressources naturelles, la perte de biodiversitĂ©, l’utilisation des sols, etc. sont autant de dĂ©fis dont l’ampleur et l’interdĂ©pendance nĂ©cessitent une approche transversale. Ils dĂ©passent l’horizon des politiques et des actions sectorielles. Ils appellent Ă  la mobilisation et Ă  la coopĂ©ration de tous. » (SNDD, 2011).

En 2005, la France a intĂ©grĂ© dans le prĂ©ambule de sa Constitution les droits et devoirs dĂ©finis dans la Charte de l’environnement s’engageant ainsi dans la stratĂ©gie europĂ©enne de dĂ©veloppement durable (SEDD). Depuis 2007, le « Grenelle de l’environnement » marque l’engagement affichĂ© des institutions publiques : « La qualitĂ© des soins […] ne doit pas ĂŞtre atteinte aux dĂ©pens de l’environnement Â» (extrait du discours de Roselyne Bachelot-Narquin, alors Ministre de la santĂ© et des sports, prononcĂ© le 27 octobre 2009 lors de la signature de la convention portant sur l’engagement des Ă©tablissements de santĂ© dans le cadre du Grenelle de l’environnement). Aujourd’hui en France, les actions du dĂ©veloppement durable sont coordonnĂ©es par le Ministère de l’Écologie, du DĂ©veloppement Durable et de l’Énergie. En ce qui concerne le domaine de la santĂ©, le Ministère des Affaires Sociales et de la SantĂ©, ainsi que la Haute AutoritĂ© de SantĂ© sont Ă©galement impliquĂ©s.

Ă€ l’hĂ´pital, le dĂ©veloppement durable s’inscrit dans une dĂ©marche de qualitĂ© et de sĂ©curitĂ© de soins, mais actuellement, la profession de chirurgien-dentiste s’organise en marge du reste des disciplines mĂ©dicales. En effet, 90% des praticiens ont un exercice en cabinet libĂ©ral ce qui fait que l’exercice en Ă©tablissement de santĂ© est plutĂ´t rare. Tout ce qui concerne la dĂ©marche de qualitĂ© et de sĂ©curitĂ© de soins est organisĂ© par la profession elle-mĂŞme. Aujourd’hui, elle est basĂ©e sur l’engagement volontaire car l’obligation de certification ne s’applique pas aux cabinets dentaires. L’Ordre National de Chirurgiens-Dentistes et l’Association Dentaire Française (ADF) sont les deux organismes dĂ©diĂ©s pour organiser la mise en Ĺ“uvre de la dĂ©marche de qualitĂ© et de sĂ©curitĂ© de soins auprès de l’ensemble de la profession par diffĂ©rentes actions :

• Le Collège des bonnes pratiques en mĂ©decine bucco-dentaire a Ă©tĂ© crĂ©Ă© le 3 fĂ©vrier 2011. Sa mission est d’Ă©laborer des recommandations et des rĂ©fĂ©rentiels destinĂ©s Ă  analyser et Ă  amĂ©liorer les pratiques en mĂ©decine bucco-dentaire pour accroĂ®tre la qualitĂ© et la sĂ©curitĂ© des soins, selon une mĂ©thodologie validĂ©e par la Haute AutoritĂ© de SantĂ©.

• Le programme « DĂ©marche qualitĂ© de la profession dentaire » permet aux chirurgiens-dentistes de bĂ©nĂ©ficier d’une constante remise Ă  niveau de leurs connaissances. La dĂ©marche qualitĂ© leur permet Ă©galement de contrĂ´ler que leur activitĂ© est conforme aux exigences scientifiques et d’Ă©valuer le niveau et l’Ă©volution de leurs pratiques par rapport Ă  celles de leurs confrères.

• Une enquĂŞte « dĂ©veloppement durable » a Ă©tĂ© lancĂ©e dĂ©but janvier 2012 par l’ADF. Première Ă©tape d’un projet qui a pour ambition Ă  long terme de dĂ©finir le cadre d’une dĂ©marche de responsabilitĂ© sociĂ©tale et environnementale (RSE) pour les professions dentaires ; elle a dĂ©bouchĂ© sur la parution d’une charte d’engagement des dentistes au dĂ©veloppement durable et le suivi annuel des rĂ©sultats de ces efforts et de la situation globale.

Le dispositif « Développement Professionnel Continu » (DPC)

Les rĂ©formes de l’État en matière de santĂ© au moment de la rĂ©daction de la thèse qui nous sert de base (2012) semblaient prĂ©sager la mise en place, dans un futur proche, d’une dĂ©marche de qualitĂ© et de sĂ©curitĂ© de soins obligatoire pour tous les professionnels de la santĂ©. En effet, depuis 2011 le gouvernement prend en charge la formation continue des professionnels, vĂ©ritable moteur de toute Ă©volution (dĂ©cret n° 2011-2115 du 30 dĂ©cembre 2011 relatif au dĂ©veloppement professionnel continu des chirurgiens-dentistes).

Comme supposĂ©, initiĂ© par la loi HĂ´pital, Patients, SantĂ© et Territoires (HPST) en 2009, effectif depuis le 1er janvier 2013 et adaptĂ© par la loi de Modernisation du système de SantĂ© en 2016, le DĂ©veloppement Professionnel Continu (DPC) concerne dĂ©sormais l’ensemble des professionnels de santĂ© de France, quels que soient leur mode d’exercice et leur profession. PilotĂ© par l’Agence nationale du DPC, ce dispositif de formation professionnelle a pour objectif le maintien et l’actualisation des connaissances et des compĂ©tences, l’amĂ©lioration des pratiques ainsi que la gestion des risques.

Chaque professionnel de santĂ© doit satisfaire Ă  son obligation de DPC sur une pĂ©riode de trois ans. Ce parcours de formation continue est l’engagement du professionnel de santĂ© dans une dĂ©marche d’accrĂ©ditation ou de DPC comportant des actions de formation, d’évaluation et d’amĂ©lioration des pratiques et de gestion des risques pouvant ĂŞtre suivies indĂ©pendamment les unes des autres. Il sera dĂ©fini, pour chaque profession ou spĂ©cialitĂ©, par le Conseil National Professionnel (CNP) ou les instances reprĂ©sentatives compĂ©tentes. Les actions et programmes de formation sont dispensĂ©s par des organismes ou structures (associations, Ă©tablissements de santĂ©, universitĂ©s, sociĂ©tĂ©s commerciales…) enregistrĂ©s par l’Agence nationale du DPC et rĂ©pondent Ă  des prioritĂ©s et critères de santĂ© publique (orientations nationales prioritaires, mĂ©thodes et modalitĂ©s validĂ©es par la Haute AutoritĂ© de Santé…).

L’Agence nationale de DPC met Ă  disposition de l’ensemble des professionnels de santĂ© de France (hospitaliers, autres salariĂ©s et libĂ©raux) un moteur de recherche leur permettant de trouver leurs formations parmi l’offre de DPC disponible (source : Agence Nationale DPC).

Mise en œuvre du développement durable

Stratégie à suivre

Aujourd’hui, plusieurs organismes proposent une sĂ©rie d’Ă©tapes afin d’appliquer les principes du dĂ©veloppement durable. Comme on l’avait dĂ©jĂ  mentionnĂ©, en France, dans le domaine de la santĂ©, la seule rĂ©fĂ©rence qui insère le dĂ©veloppement durable au sein de son plan d’action en 2012 est le manuel de certification des Ă©tablissements de santĂ© (HAS, 2011, mis Ă  jour en 2014). Ce rĂ©fĂ©rentiel incite les Ă©tablissements de santĂ© Ă  promouvoir le dĂ©veloppement durable dans leur stratĂ©gie, en fondant leur dĂ©marche sur la rĂ©alisation d’un diagnostic initial. Ce document propose ainsi une sĂ©rie d’Ă©tapes pour sa mise en Ĺ“uvre :

  • Un diagnostic dĂ©veloppement durable est Ă©tabli par l’établissement. Un volet dĂ©veloppement durable est intĂ©grĂ© dans les orientations stratĂ©giques.
  • La stratĂ©gie liĂ©e au dĂ©veloppement durable est dĂ©clinĂ©e dans un programme pluriannuel. Le personnel est sensibilisĂ© au dĂ©veloppement durable et informĂ© des objectifs de l’établissement. L’établissement communique ses objectifs de dĂ©veloppement durable aux acteurs sociaux, culturels et Ă©conomiques locaux. Le dĂ©veloppement durable est pris en compte en cas d’opĂ©rations de construction ou de rĂ©habilitation.
  • Le programme pluriannuel fait l’objet d’un suivi et de rĂ©ajustements rĂ©guliers.

Selon le National Health Service britannique (NHS), une stratĂ©gie de rĂ©duction de l’empreinte carbone (NHS-SDU, 2011) peut ĂŞtre mise en Ĺ“uvre Ă  partir de gestes simples, Ă  savoir :

• Réduire la quantité de ressources utilisés.
• Réutiliser les ressources si possible.
• Recycler les ressources qui ne peuvent pas être réutilisées.

L’Organisation Mondiale de la SantĂ© (WHO,2009) a publiĂ© un document portant sur la protection de la santĂ© des effets du changement climatique. Ce document propose des mesures Ă  prendre par les professionnels de la santĂ©. Il incite, entre autres, Ă  encourager les Ă©tablissements de santĂ© Ă  montrer l’exemple. Les Ă©tablissements de santĂ©, centres Ă  forte visibilitĂ© et gros consommateurs d’énergie, peuvent servir de modèles en rĂ©duisant leurs propres Ă©missions de carbone, en amĂ©liorant la santĂ© et en faisant des Ă©conomies. Par ailleurs, ce document nous invite Ă  utiliser un guide proposĂ© par le NHS « Good Corporate Citizenship » (« Bonne CitoyennetĂ© d’Entreprise ») qui s’adresse aux organisations intĂ©ressĂ©es par le dĂ©veloppement durable. Ces deux outils ont identifiĂ© sept domaines d’action potentiels : la gestion de l’énergie, les transports, les achats (y compris les denrĂ©es alimentaires et l’eau), l’évacuation des dĂ©chets, les bâtiments et le paysage, l’emploi et les compĂ©tences, et l’engagement communautaire.

Dans un autre document, le NHS s’intĂ©resse aussi Ă  l’utilisation rationnelle des produits pharmaceutiques, des Ă©quipements et des appareils mĂ©dicaux, car cette activitĂ© reprĂ©sente Ă  elle seule près d’un tiers de son empreinte carbone. De bonnes pratiques dans les domaines mentionnĂ©s prĂ©cĂ©demment ont montrĂ© qu’elles permettaient d’amĂ©liorer Ă  la fois la santĂ© et le moral du personnel, d’amĂ©liorer la santĂ© des populations locales, de favoriser une guĂ©rison plus rapide des patients et d’économiser de l’argent.

Selon le NHS, trois secteurs principaux contribuent Ă  l’empreinte carbone d’une structure mĂ©dicale :

• Les achats de biens et de services (sans compter l’Ă©nergie et le transport).
• L’Ă©nergie du bâtiment : chauffage, eau chaude, consommation d’Ă©lectricitĂ© et rĂ©frigĂ©ration.
• Le transport de personnes : patients, personnel, visiteurs.

Des organismes comme l’Organisation Mondiale de la SantĂ©, le National Health Service ou l’Agence Nationale d’Appui Ă  la Performance proposent des mesures concrètes pour la mise en Ĺ“uvre du dĂ©veloppement durable. Voici quelques points oĂą les substitutions ou innovations peuvent rendre un bien ou un service plus durable :

  • La performance Ă©nergĂ©tique, en s’attaquant aux volets suivants :

â–Ş Gestion Ă©nergĂ©tique: la rĂ©duction du coĂ»t et de la consommation d’Ă©nergie Ă  travers la gestion et la rĂ©gulation des Ă©quipements.
â–Ş Conception ou transformation du bâtiment afin d’optimiser la consommation de ressources et d’Ă©nergie.
â–Ş Utilisation des Ă©nergies renouvelables.

  • Les achats, produits de façon durable.
  • Les services, en s’appuyant surtout sur la communautĂ© locale.
  • L’eau :

▪ Utilisation plus raisonnée.
â–Ş En Ă©vitant l’eau en bouteille si possible.

  • DĂ©chets :

â–Ş Diminution,
â–Ş RĂ©utilisation,
â–Ş Recyclage ou compostage.
â–Ş En utilisant au maximum des alternatives Ă  l’incinĂ©ration.

  • Transports :

â–Ş En encourageant la marche, le vĂ©lo ou les transports en commun pour se rendre Ă  l’Ă©tablissement.
â–Ş En utilisant de carburants alternatifs pour les vĂ©hicules de l’Ă©tablissement.
▪ En diminuant, de façon planifiée, le nombre de déplacements du personnel et des patients.

  • Utilisation rationnelle de pharmaceutiques, en minimisant le gaspillage.
  • RĂ©duction du bruit.

DiffĂ©rents aspects d’un cabinet dentaire

Le dĂ©veloppement durable est cohĂ©rent avec le souci de l’impact environnemental dont nous traitions plus en dĂ©tail dans notre prĂ©cĂ©dent article. Pour mĂ©moire, il convient ainsi dans cette double perspective de tenir compte de tous les aspects d’une exploitation de ce type :

  • Énergie :

La gestion de l’énergie repose Ă  la fois sur des moyens matĂ©riels et humains. Dans un premier temps, il s’agit d’un changement de comportement visant une rĂ©gulation de la consommation, qui ne nĂ©cessite aucun investissement matĂ©riel mais une implication humaine raisonnĂ©e. Cet aspect de la gestion dĂ©pend fortement de l’implication du personnel, donc les rĂ©sultats sont variables en fonction de la motivation au cabinet. Elle prĂ©sente, par contre, l’avantage d’obtenir des Ă©conomies financières et Ă©nergĂ©tiques très significatives, ainsi qu’une rĂ©duction de l’impact sur l’environnement.

Qu’il s’agisse d’un bâtiment existant ou d’un bâtiment neuf, on peut toujours appliquer de principes d’Ă©conomies d’Ă©nergie. Des gestes simples comme choisir un site proche des transports en commun, choisir des matĂ©riaux de construction de provenance locale ou rĂ©gionale, favoriser l’Ă©clairage par la lumière du jour, favoriser la ventilation naturelle, utiliser la ventilation mĂ©canique Ă  double flux par temps froid ou chaud, privilĂ©gier l’utilisation de stores extĂ©rieurs, de brise-soleil, du double ou triple vitrage, l’installation de dĂ©tecteurs de luminositĂ© ou de dĂ©tecteurs de prĂ©sence lĂ  oĂą c’est indiqué… Les mesures d’amĂ©lioration Ă  prendre peuvent ĂŞtre dĂ©terminĂ©es de façon plus prĂ©cise Ă  partir d’un audit Ă©nergĂ©tique, dont les rĂ©sultats peuvent permettre le cas Ă©chĂ©ant de proposer l’utilisation de sources d’Ă©nergie renouvelables telles que l’Ă©nergie solaire, l’Ă©nergie Ă©olienne, l’Ă©nergie hydraulique, la gĂ©othermie ou la biomasse. Ce type d’Ă©nergie peut ĂŞtre utilisĂ© pour l’Ă©clairage, la gĂ©nĂ©ration de chaleur, le pompage ou le chauffage de l’eau.

  • Les achats de biens et de services

Il est important de vĂ©rifier la provenance des matières premières, le processus de fabrication et le lieu de fabrication des produits achetĂ©s, qu’il s’agisse d’instruments, de consommables, de produits Ă  usage unique, de matĂ©riaux, ou de prothèses. Il convient de privilĂ©gier l’achat de biens et de services locaux, pour des raisons de transport et d’activitĂ© Ă©conomique locale. Il convient Ă©galement d’acheter par lot lorsqu’il est possible car cette forme d’achat permet une rĂ©duction d’emballages et de l’Ă©nergie de transport.

  • L’eau

La consommation rationnelle d’eau est un autre critère Ă  considĂ©rer. On peut Ă©conomiser l’eau en installant des toilettes Ă©conomes en eau, des robinets Ă  « mains libres » (qui prĂ©sentent l’avantage d’ĂŞtre plus hygiĂ©niques). Il conviendrait de faire vĂ©rifier les installations rĂ©gulièrement pour Ă©viter les fuites. Pompe Ă  anneau liquide, pompe Ă  palettes sèches (sans lubrifiant) ou pompe centrifuge, le système d’aspiration utilisĂ© en salle de soin doit Ă©galement faire l’objet d’un choix tenant compte de ces impĂ©ratifs.

  • La gestion des dĂ©chets

Dans un cabinet dentaire, quatre opĂ©rations s’avèrent les principales sources de dĂ©chets : le contrĂ´le du risque infectieux, la pose et dĂ©pose d’amalgames dentaires, la radiologie et le système d’aspiration du fauteuil dentaire que nous avons dĂ©jĂ  Ă©voquĂ©.

Le contrĂ´le du risque infectieux s’obtient au moyen de matĂ©riel de stĂ©rilisation, de matĂ©riel Ă  usage unique, de produits dĂ©sinfectants, entre autres. PrivilĂ©gier les matĂ©riaux et objets rĂ©utilisables plutĂ´t que les consommables, ou Ă  dĂ©faut des matières recyclables, sont des rĂ©flexes Ă  acquĂ©rir dans ce type d’achats.

La pose et dĂ©pose d’amalgames dentaires sont dĂ©jĂ  extrĂŞmement règlementĂ©es en France. Enfin, concernant la radiologie, on privilĂ©giera la mĂ©thode numĂ©rique plutĂ´t que l’argentique, productrice de plus de dĂ©chets physiques et consommatrice de plus de matĂ©riaux non recyclables et de divers produits chimiques.

  • Le transport

Cet aspect est à considérer pour le transport de patients, du personnel, le transport de prothèses, et des consommables.

Pour le transport de personnes, le cabinet doit ĂŞtre accessible Ă  pied, en vĂ©lo, et en transports en commun. L’accès aux personnes handicapĂ©es doit ĂŞtre possible. Il convient de rĂ©guler la durĂ©e d’une sĂ©ance avec le patient en fonction des soins Ă  faire, d’essayer de faire le maximum d’actes dans la mĂŞme sĂ©ance, ainsi, l’Ă©nergie de dĂ©placement du patient et les ressources dĂ©pensĂ©es au sein du cabinet pour dispenser les soins sont mieux amorties, outre les nombreux avantages que cette mĂ©thode reprĂ©sente des points de vue logistique, mĂ©dical, Ă©conomique et humain.

En ce qui concerne le transport liĂ© Ă  la confection des prothèses, c’est-Ă -dire, les dĂ©placements cabinet-laboratoire-laboratoire-cabinet, ils sont Ă  optimiser, en choisissant un laboratoire de prothèses situĂ© Ă  proximitĂ© (pas Ă  l’autre bout du monde). Concernant l’acheminement des consommables, on avait dĂ©jĂ  mentionnĂ© qu’il convient de les acheter par lot de façon Ă  amortir les dĂ©penses d’Ă©nergie liĂ©es au transport.

  • Les mĂ©dicaments

Concernant ce point, la perspective de dĂ©veloppement durable va tendre Ă  lutter contre deux inconvĂ©nients : la rĂ©sistance aux antibiotiques, et la prĂ©sence de mĂ©dicaments dans l’eau et l’environnement. LĂ  encore une rĂ©flexion globale s’impose dans le choix des prescriptions, qu’il s’agisse du recours aux antibiotiques qui doit ĂŞtre raisonnĂ© comme de la sĂ©lection des antalgiques prescrits en fonction de leur taux d’assimilation par l’organisme afin de laisser le moins de traces possibles dans les eaux usĂ©es.

  • Les matĂ©riaux dentaires

En termes de dĂ©veloppement durable, les matĂ©riaux dentaires reprĂ©sentent un univers presque inexplorĂ©, dans lequel il reste beaucoup Ă  faire, d’autant qu’ils sont nombreux : matĂ©riaux de restauration (amalgames, composites), d’obturation radiculaire, de collage, d’adhĂ©sion, d’empreinte (alginates, silicone, etc.), ciments, vernis, les matĂ©riaux d’enregistrement d’occlusion, matĂ©riaux prothĂ©tiques (rĂ©sines, mĂ©taux, cĂ©ramiques…) La plupart d’entre eux ne sont pas considĂ©rĂ©s comme mĂ©dicaments donc les contraintes (tests prĂ©cliniques, essais cliniques et de dĂ©veloppement industriel) pour obtenir une Autorisation de Mise sur le MarchĂ© (AMM) ne sont pas appliquĂ©es. Par consĂ©quent, dans certains cas nous ne connaissons pas les effets sur l’ĂŞtre humain Ă  long terme, encore moins les effets sur l’environnement, hors la polĂ©mique durable sur le mercure prĂ©sent dans les amalgames dentaires et l’effet de ce mercure sur la santĂ© comme sur l’environnement.

  • Le bruit

Enfin le confort acoustique est un Ă©lĂ©ment essentiel de la qualitĂ© de vie. Dans un cabinet dentaire, les sources de bruit sont multiples et les nuisances sonores peuvent entraĂ®ner une gĂŞne. Dans le contexte de soins dentaires, le bruit a un caractère anxiogène. La rĂ©duction du bruit dans le cabinet a Ă©tĂ© et en est encore un problème qui prĂ©occupe les praticiens et les fabricants d’équipements. Selon le Dr. H. Carlier, mĂ©decin du travail, le bruit n’atteint des niveaux sonores nocifs pour l’oreille que par intermittence. Le risque auditif est donc globalement faible, mais les effets extra-auditifs du bruit intĂ©rieur comme extĂ©rieur (fatigue, stress, …) ne sont pas nĂ©gligeables, et doivent ĂŞtre pris en compte dans une perspective de dĂ©veloppement quant au choix du matĂ©riel et Ă  la structure du cabinet (choix des turbines, Ă©vitement du mĂ©tal facteur de rĂ©sonnance, emplacement, isolation…)

En conclusion, il est intĂ©ressant de dresser un Ă©tat des lieux des diffĂ©rents aspects techniques d’un cabinet dentaire, ainsi que de la pratique en dentisterie sous l’angle du dĂ©veloppement durable.

Le dĂ©veloppement durable offre au cabinet dentaire une dĂ©marche qui lui permettra d’agir avec responsabilitĂ© du point de vue social, Ă©conomique et environnemental. En France, beaucoup de principes sont dĂ©jĂ  acquis, en gĂ©nĂ©ral, donc la rĂ©flexion sur le dĂ©veloppement durable est plutĂ´t axĂ©e sur le plan environnemental et ses rĂ©percussions sur la sociĂ©tĂ© et son Ă©conomie. Le constat se fait de ce que le dĂ©veloppement durable est un sujet auquel on commence Ă  s’intĂ©resser de façon plus formelle, mais qu’il y a toujours eu un souci de responsabilitĂ© de la part de ceux qui se consacrent aux soins dentaires, le milieu soignant ayant tendance Ă  s’exonĂ©rer de sa responsabilitĂ© environnementale justement par sa vocation soignante « supĂ©rieure Â». Comme les techniques Ă©voluent, les questionnements sur les consĂ©quences de nos pratiques, sur l’environnement comme sur la sociĂ©tĂ©, doivent pourtant ĂŞtre permanentes.