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Le texte qui suit s’adapte librement des textes et de la trame de l’ouvrage « S’installer, dĂ©mĂ©nager, rĂ©amĂ©nager son cabinet dentaire Â», paru en 2011 aux Éditions CdP dans la collection « Guide Professionnel Â» (Auteurs : Edmond Binhas, Yannick Harel, DĂ©lia Rahal, Sylvie Ratier, Marc Sabek – PrĂ©face de Patrick Missaka).

 

INTRODUCTION

« La première installation est une vĂ©ritable aventure. Elle comporte un grand nombre de paramètres et chacun d’eux peut s’avĂ©rer dĂ©terminant pour le succès ou l’Ă©chec. Il est donc prudent de les analyser sĂ©rieusement avant de prendre sa dĂ©cision. Â».

Extrait tirĂ© de la prĂ©face de l’ouvrage « S’installer, dĂ©mĂ©nager, rĂ©amĂ©nager son cabinet dentaire Â» (2011, Éditions CdP), Patrick Missika, MaĂ®tre de confĂ©rences des UniversitĂ©s, Praticien hospitalier des HĂ´pitaux de Paris, Professeur associĂ© Tufts University Boston.

1- CHIRURGIEN DENTISTE : UNE PROFESSION ACTUELLE :

De nombreuses questions se posent lorsqu’un praticien souhaite s’Ă©tablir en tant que chirurgien-dentiste, que la dĂ©marche soit axĂ©e vers une installation, un transfert de cabinet ou mĂŞme un rĂ©amĂ©nagement. LĂ©gitimes, ces questions englobent tous les aspects, anciens et/ou actuels, de la profession. Il est important de considĂ©rer, dans cette optique, ce qu’a Ă©tĂ© l’Ă©volution de la profession durant les dernières dĂ©cennies. Un constat s’impose : le chirurgien dentiste d’aujourd’hui n’est plus seulement un clinicien. Son mĂ©tier a Ă©voluĂ© et se caractĂ©rise dĂ©sormais par une grande complexitĂ© ; complexitĂ© qui entretient des doutes quant Ă  la pĂ©rennitĂ© de la profession et la nature de ses perspectives d’avenir.

Touchant l’Ă©volution de la profession, l’on note un net changement du panorama entre hier et aujourd’hui. Sur les plans fiscaux, pragmatiques mais Ă©galement humains, ĂŞtre chirurgien-dentiste autrefois prĂ©sentait des avantages auxquels les praticiens actuels ne peuvent plus prĂ©tendre ; concurrence faible, forte demande, profession reconnue et patients dĂ©fĂ©rents, fiscalitĂ© appliquĂ©e.

Ă€ titre d’exemple, en 1995, l’on donnait, en France, entre 65 et 70 praticiens pour 40 000 Ă  45 000 personnes. Depuis 2005, ce chiffre accuse une baisse constante et les projections rĂ©alisĂ©es prĂ©voient qu’il puisse se rĂ©duire Ă  une fourchette de 40 Ă  45 praticiens pour le mĂŞme taux de population. En somme, le nombre de diplĂ´mĂ©s aujourd’hui ne suffit plus Ă  combler l’Ă©cart creusĂ© par les dĂ©parts en retraite.

Les analyses dĂ©montrent que deux facteurs, principalement, sont Ă  l’origine de ce pourcentage en dents de scie :

-« Le vieillissement des effectifs Â», constatĂ© depuis l’application du Numerus Clausus (en 1971),

– « La fĂ©minisation de la profession Â», en constante augmentation. Les praticiennes n’exercent pas ou exercent moins en libĂ©ral, or, c’est Ă  très large majoritĂ© que les chirurgiens-dentistes exercent en libĂ©ral (Ă  91, 5 % en 2006, en France).

Notons que la profession se caractĂ©rise par un faible taux de salariĂ©s, et que les professionnels libĂ©raux sont, Ă  parts Ă  peu près Ă©gales, installĂ©s seuls ou regroupĂ©s au sein de diverses associations. Bien entendu, dans ce corps de mĂ©tier comme dans bien d’autres, l’on constate des Ă©carts de rĂ©partition en terme de densitĂ© des chirurgiens-dentistes selon que l’on se situe au nord ou au sud de la France, en zone rurale ou urbaine.

Concernant les revenus que sont amenĂ©s Ă  dĂ©gager les chirurgiens-dentistes, et toujours prenant en compte les Ă©carts entre les rĂ©gions et les contextes d’exercice, depuis 2001 l’on observe une Ă©vidente tendance Ă  la croissance (« Entre 1993 et 2004, les revenus libĂ©raux des chirurgiens-dentistes ont augmentĂ© de 1,3 % par an en moyenne Â»). Si les revenus sont plus Ă©levĂ©s dans les rĂ©gions moins peuplĂ©es, l’on peut toutefois dire que les revenus rĂ©els dĂ©gagĂ©s par les dentistes s’alignent sur ceux des autres pratiques de la mĂ©decine, en ce qui concerne les Ă©volutions de croissance.

Aujourd’hui que l’on constate un manque de visibilitĂ© Ă©vident de la profession de chirurgien-dentiste, il convient de dĂ©finir quels sont les problèmes que les praticiens en exercice seront amenĂ©s Ă  rencontrer, ainsi que leur nature. Ils apparaissent de deux ordres : intrinsèques Ă  l’activitĂ© exercĂ©e, Ă©trangers Ă  cette activitĂ©.

Parmi les problèmes intrinsèques, sur le plan humain, nous distinguerons la difficultĂ© de s’ouvrir au progrès et aux changements, assortie d’une certaine apprĂ©hension, comprĂ©hensible mais qu’il s’agit de dĂ©passer et de muer en moteur positif. S’impose Ă©galement la conclusion suivante : de nos jours, se rĂ©vĂ©ler excellent clinicien ne suffit plus. La qualitĂ© des soins dispensĂ©s n’est en aucune manière soumise Ă  remise en question, quoi qu’essentielle et primordiale, du moment que le patient ne peut en juger, il convient toutefois pour le chirurgien-dentiste d’assortir ses compĂ©tences cliniques de qualitĂ©s entrepreneuriales qui touchent aux domaines de la gestion et de la communication. Ainsi ses qualitĂ©s de praticien seront mises en relief.  « Le savoir-faire ne suffit plus, il faut Ă©galement dĂ©velopper votre « faire-savoir Â».

Quant aux problèmes Ă©trangers Ă  l’activitĂ© – disons, d’ordre externe – l’on en distingue quatre principaux.

• Premièrement, ce sont les évolutions constatées en termes de progrès technologiques (nombreux) et de contraintes techniques (accrues) qui posent question,

• En deuxième lieu interviennent les changements de patientèle (dues notamment Ă  ladite « disparition des caries dentaires Â» constatĂ©e en Europe du nord) et les modifications des thĂ©rapeutiques (l’on assiste aujourd’hui au dĂ©veloppement de nouveaux domaines d’intervention, citons l’implantologie et/ou l’esthĂ©tique aussi bien qu’Ă  la modernisation des anciens).

• Par la suite, il apparaĂ®t que c’est la forme que prennent les changements technologiques qui pose problème dans la mesure oĂą chaque modification apportĂ©e n’a plus le temps d’engendrer une vĂ©ritable rĂ©volution de la profession comme c’Ă©tait le cas autrefois ; le rythme et l’occurrence en Ă©tant trop soutenus.

• Enfin, en quatrième lieu, la multiplication aussi bien que la pertinence des nouvelles normes qui viennent rĂ©gir la profession de chirurgien-dentiste n’en facilitent pas la pratique au quotidien ; il faut dĂ©sormais penser « normes de radioprotection Â», « normes hygiĂ©niques Â» (beaucoup plus strictes), « normes de contrĂ´le des compresseurs Â», etc.

Le praticien d’aujourd’hui sera Ă©galement sensibilisĂ© aux questions d’ordre dĂ©mographique et sociĂ©tal qui constituent une rupture avec les Ă©poques passĂ©es. L’Ă©mergence d’une Europe plus ouverte, par exemple, implique l’installation en territoire français de praticiens issus de divers pays de l’union. Il en rĂ©sulte non seulement des Ă©carts entre les pratiques, mais des Ă©vidences de concurrence.

De plus, sur le plan relationnel, l’on constate la modification des rapports praticien-patient. Autrefois privilĂ©giĂ©s, ils semblent ĂŞtre aujourd’hui rĂ©gis par des considĂ©rations plus matĂ©rielles qui signifient cependant une plus grande implication des patients dans les questions qui les regardent. L’on peut dire que le « patient Â» est devenu « consommateur Â». C’est ce que le praticien devra dĂ©couvrir et ne pas oublier, avec tout ce que cela implique ; notamment, que le patient peut ĂŞtre amenĂ© Ă  changer de praticien si les services dispensĂ©s, pour une raison ou pour une autre, ne lui conviennent guère.

Avec le recul accusĂ© par la sĂ©curitĂ© sociale en terme de remboursement des frais de soins dentaires et l’augmentation des parts des mutuelles, l’avenir de la profession se dessine pluriel. Attendu que plusieurs systèmes de santĂ© seront rĂ©fĂ©rents dans le futur, il convient de parier sur une parfaite organisation qui se devra de complĂ©ter l’excellence des soins dispensĂ©s, et une Ă©valuation appropriĂ©e des honoraires, cela si les praticiens souhaitent ne pas se trouver pris dans la spirale des remboursements de la SĂ©curitĂ© sociale. C’est sans nul doute la qualitĂ© d’une rĂ©putation transmise par le bouche-Ă -oreille qui assurera la pĂ©rennitĂ© des cabinets de demain, alliĂ©e Ă  la comprĂ©hension des nouvelles tendances qui prĂŞtent Ă  l’hygiène et Ă  la santĂ© des critères d’esthĂ©tique qui modifient le visage de la profession de chirurgien-dentiste.

2- LES PRINCIPES DÉONTOLOGIQUES ET ÉTHIQUES ; LA FORMATION CONTINUE :

Il convient naturellement d’aborder les questions de la dĂ©ontologie, de l’Ă©thique, et de la formation continue des chirurgiens-dentistes dans une optique d’Ă©panouissement des praticiens et de bien-ĂŞtre des patients.

Bien entendu, il existe des règles et tout un ensemble de recommandations qui rĂ©gissent la profession de chirurgien-dentiste. Ces obligations s’expriment en termes de droits autant que de devoirs. En France, la profession, depuis 1945, est reprĂ©sentĂ©e par l’ONCD (Ordre National des Chirurgiens Dentistes), lequel, organisme privĂ© de personnalitĂ© morale, chargĂ© des missions d’ordres rĂ©glementaire, administratif et juridictionnel, regroupe tous les chirurgiens-dentistes qui exercent sur le territoire français quel que soit le mode d’exercice pour lequel ils ont optĂ©. L’ONCD veille sur le code de dĂ©ontologie, Ă  son respect mais aussi Ă  ses Ă©volutions et privilĂ©gie « en toute circonstance le respect et l’intĂ©rĂŞt du patient Â».

Ă€ ce sujet, plusieurs points sont pris en considĂ©ration, les uns concernant strictement la profession et sa pratique (compĂ©tences avĂ©rĂ©es, qualitĂ© des soins, respect du secret professionnel, clartĂ© et fluiditĂ© des Ă©changes praticien-patient), les autres touchant des critères plus gĂ©nĂ©raux et pragmatiques (Ă©vidence du libre-choix, devoir d’entretenir ses connaissances professionnelles au meilleur niveau, etc.).

Un fait important : le Code de dĂ©ontologie des chirurgiens-dentistes prescrit des obligations prĂ©cises en terme de confraternitĂ©, obligations auxquelles il conviendra de se soumettre durant toute la durĂ©e d’exercice de la profession, mais auxquelles il sera bon de porter intĂ©rĂŞt Ă©galement au moment de considĂ©rer une installation. par exemple en s’assurant de rendre visite aux chirurgiens-dentistes qui exercent dans la localitĂ© concernĂ©e.

La lecture des articles traitant de ces obligations est primordiale afin de bien comprendre quels rapports sont attendus entre les confrères chirurgiens-dentistes. La convivialitĂ©, le soutien moral, l’interdiction des mĂ©disances s’appliquent en premier lieu, mais on signale aussi le devoir de remettre une lettre de prĂ©sentation au patient que l’on recommandera Ă  un confrère, ou celui encore de donner les moyens au patient qui signale son intention de changer de chirurgien-dentiste comme Ă  son futur interlocuteur, de disposer des informations nĂ©cessaires qui le concernent par la dĂ©livrance des Ă©lĂ©ments constitutifs du dossier.

Toute attitude visant Ă  la discrimination d’un confrère ou Ă  son dĂ©nigrement, du fait notamment qu’elle nuit Ă  l’image de la profession dans son ensemble, est condamnĂ©e. En cas de litiges ou de doutes, il sera prĂ©fĂ©rable, par exemple, de ne pas se prononcer devant le patient, et de contacter son/sa confrère en privĂ©. Cependant, il reste essentiel de signifier que, d’après l’article de loi R.4127-264 (extrait du Code de dĂ©ontologie inclus au Code de santĂ© publique) : « Le chirurgien-dentiste peut accueillir dans son cabinet, mĂŞme en dehors de toute urgence, tous les patients relevant de son art quel que soit leur chirurgien-dentiste traitant Â».

Ă€ ce stade, il convient de rappeler en quoi consiste l’Ă©thique professionnelle Ă  laquelle se doivent les praticiens, en tant que reprĂ©sentants d’une profession mĂ©dicale. Il va d’Ă©vidence que cette Ă©thique se situe sur un point de vue moral engagĂ© envers les patients et la sociĂ©tĂ© dans son ensemble ; cette Ă©thique croise Ă©galement la dĂ©ontologie. Ses principes fondamentaux sont dĂ©finis tel que suit :

-Respect catégorique des droits du patient,

-Respect catégorique de la personne du patient et de son intégrité,

-Devoir de vérité et de loyauté.

Il revient donc de la responsabilitĂ© du praticien de se tenir informĂ© de ses droits et devoirs, parmi lesquels, dans le cadre de son activitĂ©, il fera figurer les « Droits des malades Â» (consulter la loi du 4 mars 2002 et les dĂ©crets ajoutĂ©s de 2005, notamment) et prendra en compte son obligation de recourir Ă  la formation continue, dans le but avĂ©rĂ© de se « tenir informĂ© de l’Ă©volution des dernières techniques Â». Citons un extrait de l’article de loi L.4143-1 : « La formation continue a pour finalitĂ© le perfectionnement des connaissances et l’amĂ©lioration de la qualitĂ© des soins. La formation continue est obligatoire pour un chirurgien-dentiste en exercice […] Â».

3- ENVISAGER LE PROJET PROFESSIONNEL : SE SAVOIR PRĂŠT

S’installer en tant que chirurgien-dentiste c’est tout d’abord, bien entendu, ĂŞtre porteur d’un projet professionnel, avec toutes les particularitĂ©s que cela implique. Ce chapitre est le lieu indiquĂ© pour insister sur la nĂ©cessitĂ© de la rĂ©flexion prĂ©alable. Aujourd’hui, les praticiens ont le choix entre les composantes d’un large Ă©ventail professionnel, or, de ce choix initial vont dĂ©pendre les rĂ©ussites, les Ă©panouissements et les contraintes d’une future activitĂ© professionnelle prĂ©vue pour s’Ă©taler sur plusieurs dĂ©cennies. Il s’agit de ne pas se laisser emporter par l’euphorie comprĂ©hensible qui caractĂ©rise le dĂ©sir de s’installer chez tous les diplĂ´mĂ©s. Le conseil le plus appropriĂ© serait de ne pas se prĂ©cipiter, de ne pas Ă©lire toute première proposition, qu’elle soit d’ordre associatif ou autre. Bien souvent, ce qui aura constituĂ© le premier remplacement ou la première collaboration deviendra le quotidien du praticien, et, s’il est tout Ă  fait possible que les conditions d’exercice lui conviennent, il est Ă©galement possible que de nombreux tenants de la situation lui dĂ©plaisent finalement, c’est pourquoi il est important de considĂ©rer tous les aspects d’une installation.

L’on prendra en compte tous les aspects d’une installation professionnelle en toute conscience, en ayant prĂ©alablement rĂ©pondu Ă  des questions primordiales, synthèse entre des Ă©lĂ©ments de dĂ©part probants : quelle est la situation actuelle dans laquelle l’on se trouve ? Quel but vise-t-on ? Quels moyens envisage-t-on pour parvenir Ă  ce but ?

Rappelons que le choix s’oriente vers les considĂ©rations suivante :

-Travail associatif ou ‘solitaire’,

-Exercice libéral ou mutuel,

-En spécialisation (parodontologie, implantologie, endodontie, etc.) ou en omnipratique,

-En vue d’une patientèle junior ou senior, etc.

L’on peut Ă©galement considĂ©rer ces possibilitĂ©s en pensant Ă  l’exercice rural ou urbain, ou encore aux spĂ©cificitĂ©s telles que devenir dentiste-conseil, ou enseignant.

Sur un plan plus pragmatique, que l’on pense racheter ou faire construire son cabinet, le prĂ©alable n’est pas moins important, et les seuls termes financiers ne doivent pas ĂŞtre considĂ©rĂ©s sous peine de rencontrer de nombreuses frustrations Ă  l’avenir. Il convient de penser Ă  la situation du cabinet, Ă  son architecture, Ă  son organisation, aux possibilitĂ©s du local, etc.

Il est conseillĂ©, quelle que soit la situation actuelle du praticien, qu’il soit ou non installĂ©, qu’il soit ou non en exercice depuis longtemps, de se soumettre rĂ©ellement Ă  ces questions prĂ©alables, et d’y rĂ©pondre en toute objectivitĂ©.

• Quelle est votre situation actuelle ?

RĂ©pondre Ă  cette question vous permettra de dĂ©fricher les champs des questions qui suivent, de faire un bilan sur votre quotidien, d’effectuer une remise en question fondamentale et de mettre en valeur les points positifs et les points nĂ©gatifs de votre parcours professionnel. Le risque du ‘train-train quotidien’ n’est pas une chimère en l’occurrence ; beaucoup de chirurgiens-dentistes se rendent au travail le matin, rĂ©pondent Ă  leur devoir patient après patient et rentrent chez eux le soir sans s’ĂŞtre posĂ© la question de leur Ă©panouissement personnel dans la pratique de leur exercice professionnel. Sont notamment pointĂ©s, parmi les critères nĂ©gatifs qui gĂŞnent cet accomplissement, la gestion du cabinet et l’exercice de la communication qui, bien entendu, ne coĂŻncident par forcĂ©ment avec le vocation de chirurgien-dentiste. Ainsi que nous l’avons dĂ©montrĂ© prĂ©cĂ©demment, de nos jours, communication et gestion vont de pair avec la pratique clinique : cela forme un tout. Il est donc nĂ©cessaire, pour le praticien, de faire le point sur sa situation actuelle.

• Quel est votre but ?

Autrement posĂ©e, cette question se traduirait : « OĂą voulez-vous aller ? Â». Elle n’est pas la plus aisĂ©e Ă  dĂ©finir, et les rĂ©ponses attendues se doivent, pour ĂŞtre efficaces, de n’ĂŞtre pas convenues. Il convient de dĂ©finir des objectifs prĂ©cis, qui accordent vos valeurs et vos attentes, quelles qu’elles soient.

• Enfin, de quelle façon atteindre le but que vous vous ĂŞtes fixĂ© ?

Il s’agit ici de mettre en Ĺ“uvre un plan d’action. Toute progression, toute Ă©volution et par lĂ , tout Ă©panouissement sont conduits par l’Ă©tablissement prĂ©alable d’objectifs prĂ©cis, Ă  la considĂ©ration desquels tout praticien sera en Ă©tat de mesurer sa marge de progression, d’envisager ses recours, d’entreprendre les actions coordonnĂ©es, etc.

Pour considĂ©rer au mieux les Ă©lĂ©ments qui rĂ©gissent une installation en exercice, le praticien ne devra pas oublier de s’interroger sur le « pourquoi Â» de ses choix et de ses actions. C’est ainsi qu’il Ă©tablira au mieux ce que l’on peut appeler la « philosophie de travail Â» du chirurgien-dentiste.

4- LÉGALITÉ ET RÉGLEMENTATION : PRÉALABLES Ă€ L’INSTALLATION

En France, il existe un grand nombre de rĂ©glementations et d’obligations lĂ©gales qui ont pour but de rĂ©gir la profession de chirurgien-dentiste. Il est nĂ©cessaire de s’informer prĂ©alablement Ă  toute installation.

Ă€ citer en premier lieu, bien entendu, l’obligation de diplĂ´me : « Le chirurgien-dentiste qui souhaite exercer sur le territoire français doit ĂŞtre titulaire du diplĂ´me d’État de docteur de chirurgie-dentaire ou Ă  dĂ©faut d’un titre Ă©quivalent Â». (Se rĂ©fĂ©rer Ă  l’article L.4111-1 et suivants du Code de la santĂ© publique, disponibles sur le site www.sante.gouv.fr/documentation/textes01.htm).

Au premier rang des obligations lĂ©gales interviennent les formalitĂ©s Ă  accomplir. Parmi celles-ci figurent l’enregistrement du diplĂ´me Ă  la prĂ©fecture (ou la sous-prĂ©fecture) ainsi qu’au greffe du tribunal dont dĂ©pend le cabinet ; l’inscription au tableau dĂ©partemental de l’ordre des chirurgiens-dentistes et ce, quel que soit le mode d’exercice choisi. L’on peut s’acquitter de cette dernière formalitĂ© en procĂ©dant Ă  l’envoi d’un courrier recommandĂ© avec accusĂ© de rĂ©ception. Il conviendra Ă©galement de ne pas oublier de transmettre Ă  son Conseil dĂ©partemental de l’Ordre la notification des contrats conclus dans le cadre de l’exercice de ses fonctions (il s’agit ici des contrats de recrutement autant que des accords relatifs Ă  l’usage du matĂ©riel ou du local, Ă©tant sous-entendu, dans ce dernier cas, que le praticien n’en est pas le propriĂ©taire).

Sont Ă  retenir Ă©galement, en termes de formalitĂ©s obligatoires et prĂ©alables Ă  l’installation du chirurgien-dentiste, la saisie des services de la Direction DĂ©partementale de l’Action Sanitaire et Sociale (DDASS), qui se chargeront de dĂ©livrer au praticien un numĂ©ro ADELI par le biais de l’Ordre : il convient ici de remplir un formulaire de demande d’attribution qui sera adressĂ© Ă  l’Ordre, lequel se mettra en relation avec les services de la DDASS.

Dans le champ des formalitĂ©s entrent Ă©galement la demande d’affiliation Ă  la Caisse autonome de retraite des chirurgiens-dentistes (CARCD), l’affiliation Ă  la Caisse primaire d’assurance maladie, et l’immatriculation auprès des services de l’URSSAF.

Au titre des obligations, d’autre part, l’on retiendra les obligations fiscales (qui ne s’appliquent pas nĂ©cessairement Ă  l’installation du praticien mais seront Ă  remplir durant l’annĂ©e qui suivra cette installation). Le chirurgien-dentiste s’astreint Ă  dĂ©clarer annuellement (fonction du rĂ©gime d’imposition choisi) ses recettes brutes, ses dĂ©penses professionnelles d’après leur genre, et le montant net de ses revenus, par le biais du document 2035. Entrent dans le faisceau de la fiscalitĂ© de la profession : les obligations comptables, l’ImpĂ´t sur le revenu des personnes physiques (IRPP), la taxe professionnelle, les contributions sociales obligatoires (CSG et CRDS), la taxe sur les salaires, les droits d’enregistrement, la taxe sur la valeur ajoutĂ©e et, dans la mesure oĂą elle s’applique, l’ImpĂ´t sur la fortune (ISF).

Cependant, les devoirs seuls n’entrent pas dans les obligations du chirurgien-dentiste, ses droits sont Ă©galement concernĂ©s. Touchant sa protection sociale, il sera tenu d’opter pour les biais lĂ©gaux qui rĂ©gissent la profession en la matière. Ainsi, pour la plupart des chirurgiens-dentistes (qui participent au rĂ©gime des praticiens conventionnĂ©s), l’assurance maladie sera prise en charge par les Caisses primaires d’assurance maladie dĂ©partementales après inscription Ă  l’URSSAF – l’on parle ici de l’Avantage Social Maladie (ASM). Les allocations familiales sont gĂ©rĂ©es elles aussi par l’URSSAF compĂ©tente. La CARCD gère pour sa part les plans de retraite des chirurgiens-dentistes. Rappelons Ă  ce titre que l’inscription Ă  la Caisse doit se faire dans le mois suivant le dĂ©but d’exercice du praticien.

En tant que professionnel de santĂ©, qu’il exerce dans un Ă©tablissement public ou privĂ©, le chirurgien-dentiste est considĂ©rĂ© comme possiblement exposĂ© Ă  divers risques de contamination, c’est la raison pour laquelle la lĂ©gislation (art. 3111-4 du Code de la santĂ© publique, arrĂŞtĂ© du 6 mars 2007) prĂ©voit qu’il soit soumis Ă  une obligation de vaccination qui concerne l’hĂ©patite B, la diphtĂ©rie, le tĂ©tanos et la poliomyĂ©lite.

Dans un autre registre, il convient de signaler que la couverture d’emprunt n’est pas obligatoire, mais elle est cependant indispensable et souvent exigĂ©e par les organismes de crĂ©dit.

En terme d’installation pratique, il est important de signaler que de nombreuses lois interviennent pour rĂ©gir les divers cas de figure. Bien Ă©videmment, la pratique de l’art dentaire est Ă  dissocier de tout commerce, c’est la raison pour laquelle, notamment, il y a interdiction pour le praticien de s’installer dans un lieu qui se signale ou donne l’apparence de local commercial, tout comme il est interdit de s’intĂ©grer au sein d’un complexe immobilier Ă  vocation strictement commerciale. « L’exercice de l’art dentaire doit toujours se faire dans des conditions qui garantissent la qualitĂ© des soins et la sĂ©curitĂ© des patients Â».

Par suite, le Code de dĂ©ontologie de la profession met en garde contre les situations de concurrence irrĂ©gulière ou abusive (consulter l’article R.4127-277 du Code de dĂ©ontologie) et ouvre Ă  divers permissions et arrangements eux-mĂŞmes prĂ©cisĂ©ment encadrĂ©s.

Afin de procĂ©der Ă  son installation dans les meilleures conditions et s’assurer que la pratique de son art est possible en les locaux qu’il a choisis et parfaitement couverte par la lĂ©galitĂ©, le praticien devra se rapprocher du Conseil dĂ©partemental de l’Ordre qui aura toute compĂ©tence pour le renseigner et le guider dans ses dĂ©marches.

Ă€ mentionner enfin, l’existence d’obligations touchant le matĂ©riel professionnel utilisĂ© par le chirurgien-dentiste (obtention du permis de construire s’il y a lieu, obtention de l’agrĂ©ment prĂ©alable au recours Ă  des appareils radiologiques ou ionisants, obligation de dĂ©claration en cas de fabrication de matĂ©riels mĂ©dicaux sur mesure, obligation de recourir Ă  des imprimĂ©s professionnels en règle, etc.). Il est Ă  signaler que le chirurgien-dentiste est soumis Ă  une obligation d’assurance, Ă  la souscription d’un contrat pour l’Ă©limination des dĂ©chets d’activitĂ© de soins Ă  risques infectieux (DASRI), ainsi qu’Ă  la dĂ©claration Ă  la Commission Nationale de l’Information et des LibertĂ©s (CNIL – consulter le site www.cnil.fr) en cas de recours Ă  un traitement automatique des donnĂ©es qui concernent ses patients.

Les chirurgiens-dentistes s’assureront de pratiquer leur profession en toute prudence en observant des prĂ©cautions en matière de protection juridique (utile notamment en cas de litiges), de prĂ©voyance (souscription de contrats divers Ă  vocation de couverture des risques liĂ©s Ă  la vie professionnelle et des risques liĂ©s Ă  la vie privĂ©e et familiale), de perte d’exploitation (souscription d’un contrat auprès d’une compagnie d’assurances) et d’inscription Ă  une association de gestion agrĂ©Ă©e (AGA). En tant que constituant des prĂ©cautions, ces recommandations ne revĂŞtent aucun caractère obligatoire, mais il est vivement conseillĂ© au praticien de les observer dans la mesure oĂą elles participeront Ă  garantir sa sĂ©rĂ©nitĂ© professionnelle.

En conclusion, s’il est certain que le nombre des dĂ©marches auxquelles le praticien doit se soumettre et la nature des diverses obligations auxquelles il lui revient de souscrire sont rĂ©barbatifs, leur Ă©tude et, Ă  fortiori, leur application stricte ne sont pas superflues ; elles convergent vers l’Ă©tablissement d’un environnement sĂ©curisĂ© pour d’Ă©videntes raisons et Ă©vitent la survenance de troubles administratifs lourds susceptibles d’engendrer des consĂ©quences disproportionnĂ©es.

5- CHOIX DE L’EMPLACEMENT

L’une des questions qui entre en jeu dans l’objectif d’installation du jeune praticien consiste, bien entendu, en le choix d’un emplacement d’activitĂ©.

Ă€ ce titre, de nombreux critères sont Ă  considĂ©rer, parmi lesquels entrent des considĂ©rations aussi diverses et variĂ©es sur les plans personnel et professionnel que le climat, le type d’environnement, la prĂ©sence, la proximitĂ© et la nature des Ă©coles dans la rĂ©gion choisie, etc.

Il convient Ă  ce stade de rappeler au futur praticien que rien ne peut l’obliger Ă  Ă©lire telle ou telle rĂ©gion ; il dispose d’une totale libertĂ© de choix en la matière et n’est pas mĂŞme tenu de s’astreindre Ă  dĂ©pendre de la facultĂ© dans laquelle il a menĂ© ses Ă©tudes. Au-delĂ  des considĂ©rations purement personnelles qui entrent en ligne de compte et ne doivent surtout pas ĂŞtre mises de cĂ´tĂ©, les questions d’ordre concurrentiel, par exemple, interviennent et peuvent influer sur le choix final. Ainsi, la rĂ©gion parisienne est la plus prisĂ©e des chirurgiens-dentistes, on y observe les plus forts taux d’installations ou de rĂ©installations, mais il s’y joue Ă©galement la concurrence la plus aiguisĂ©e. Ă€ l’inverse, les rĂ©gions moins plĂ©biscitĂ©es offrent des concurrences moins fĂ©roces, ce qui est un attrait certain. Le praticien gardera Ă  l’esprit qu’il a Ă©galement la possibilitĂ©, sous certaines conditions, de s’installer Ă  l’Ă©tranger.

Quoi qu’il en soit, prĂ©alablement Ă  son installation, le chirurgien-dentiste se devra de considĂ©rer de nombreux Ă©lĂ©ments et de juger de l’impact de ses choix sur sa vie personnelle et professionnelle, sur sa famille, sur ses perspectives d’avenir, etc. Il conviendra de mener une Ă©tude d’implantation, basĂ©e sur divers critères, d’abord personnels. Le chirurgien-dentiste se demandera :

-Quels critères comptent le plus pour lui en matière d’installation,

-Quels seront, pour lui, les marqueurs les plus significatifs de sa réussite,

-Le cabinet dont il rĂŞve dans l’idĂ©al a-t-il assez de crĂ©dibilitĂ© pour se traduire dans la rĂ©alitĂ©,

-Son caractère le pousse-t-il à entreprendre (à partir de zéro) ou pas,

-Quelles sont les motivations qui le poussent Ă  avancer et progresser au quotidien, etc.

Dans une visĂ©e plus professionnelle, d’autres interrogations sont pertinentes :

-Le futur praticien dĂ©sire-t-il accueillir la patientèle d’un confère ? Se sent-il plus portĂ© Ă  se crĂ©er la sienne propre ?,

-S’estime-t-il animĂ© d’assez d’Ă©nergie et de motivation pour investir du temps dans la crĂ©ation d’un cabinet (et ainsi, de ne pas opter pour une reprise, souvent avantageuse),

-Considère-t-il pour important de ne pas ĂŞtre soumis Ă  une concurrence directe ?,

-Envisage-t-il de prĂ©fĂ©rer le lieu de son implantation Ă  ces mĂŞmes critères de concurrence ?,

-Pense-t-il Ă  une patientèle ciblĂ©e ?,

-Quel budget pense-t-il consacrer Ă  son projet ou, Ă  dĂ©faut, quelle est sa capacitĂ© d’endettement ?,

-Combien de temps envisage-t-il de pratiquer sur le lieu de son installation ?, etc.

Ce qui est Ă  noter, c’est que le cabinet du praticien devra ĂŞtre Ă  l’image de la patientèle recherchĂ©e, et situĂ© dans un quartier Ă  sa proximitĂ©. Toutes ces considĂ©rations seront, dans l’idĂ©al, partagĂ©es et envisagĂ©es avec les proches et la famille, directement concernĂ©s par les dĂ©cisions Ă  prendre.

En termes de considĂ©rations pratiques, l‘Ă©tude d’implantation couvrira de larges critères, une fois la rĂ©gion Ă©lue, il faut penser au type de commerces (haut de gamme, etc.) qui la caractĂ©rise, au genre de population, et Ă©valuer ces Ă©lĂ©ments en fonction de ses propres valeurs.

Il est Ă©galement Ă©vident que les donnĂ©es dĂ©mographiques, le type d’odontologie choisi, la prĂ©sence de confrères sont autant d’indicateurs d’importance. Il est possible de consulter divers organismes qui seront Ă  mĂŞme de renseigner le praticien qui cherche Ă  s’installer ; les principaux informateurs Ă©tant le Conseil de l’Ordre de la rĂ©gion concernĂ©e – les services en renseigneront sur la situation de la rĂ©gion, sur la prĂ©sence de praticiens, spĂ©cialisĂ©s ou non –, l’assurance maladie – apte Ă  indiquer les lieux oĂą ne se trouvent pas de chirurgiens-dentistes, par exemple ou, Ă  dĂ©faut, le nombre de confrères dĂ©jĂ  installĂ©s –, l’INSEE – excellent rĂ©fĂ©rent en matière de probabilitĂ©s de dĂ©veloppement d’une activitĂ© –, ou bien encore les mairies, Chambres de commerce et d’industrie, ANPE et Assedic.

Ă€ noter : les zones franches urbaines (ZFU) proposent des conditions d’installation facilitĂ©es augmentĂ©es de conditions fiscales indubitablement intĂ©ressantes, puisqu’elles sont inscrites au cĹ“ur d’un dispositif qui vise Ă  « renforcer l’attractivitĂ© Ă©conomique des territoires Â». L’on consultera les plans ZFU dans les mairies des communes concernĂ©es.

En termes de considĂ©rations dĂ©mographiques (sur le plan professionnel), il est bon de savoir que l’ONCD offre aux chirurgiens-dentistes de consulter les statistiques de rĂ©partition des praticiens en croisant un grand nombre de donnĂ©es ; âge des praticiens, type de pratique en odontologie, comportements synthĂ©tisĂ©s des populations vis-Ă -vis des soins dentaires, etc.

Le chirurgien-dentiste qui souhaite s’installer dans une rĂ©gion doit enfin penser, s’il y a lieu, aux configurations de son futur cabinet. Ă€ ce sujet, il convient de penser Ă  tout ce qui pourra faire le succès de votre pratique en offrant les meilleures conditions Ă  votre patientèle.

Premièrement, en cas d’acquisition d’un cabinet, il est nĂ©cessaire de bien se renseigner. Le futur praticien pourra opter pour la rĂ©fĂ©rence aux petites annonces, lesquelles sont rĂ©pertoriĂ©es très largement dans des revues dĂ©diĂ©es, hebdomadaires ou mensuelles. L’Ă©tude de ces annonces se doit d’ĂŞtre creusĂ©e et exhaustive ; l’on portera une attention toute particulière au dĂ©tail : telle annonce est-elle rĂ©cente ? Telle autre est-elle publiĂ©e depuis plusieurs semaines ? Si oui, le jeune diplĂ´mĂ© aura Ă  dĂ©duire des informations intĂ©ressantes : pour quelle raison les lecteurs ne prĂŞtent-ils pas d’intĂ©rĂŞt Ă  cette annonce ? Est-ce le vendeur qui se montre particulièrement exigeant ?, etc.

Dans le cadre de ces recherches, il est Ă©galement possible d’opter pour la consultation des sites Internet – et notamment les sites des agences immobilières, ou encore les sites spĂ©cialisĂ©s dĂ©diĂ©s aux professions mĂ©dicales – , eux-mĂŞmes excellents dispensateurs d’annonces spĂ©cifiques.

LĂ  encore, tout dĂ©pendra des intentions du praticien. Les agences immobilières seront d’excellent conseil dans le cas d’une construction ou d’une acquisition d’un local avec transformation, les sites spĂ©cialisĂ©s sont plus indiquĂ©s si l’on pense Ă  la reprise d’un cabinet. Dans ce dernier cas de figure, il ne faut pas dĂ©daigner l’idĂ©e de contacter directement les confrères installĂ©s afin de leur faire connaĂ®tre l’intĂ©rĂŞt que l’on porte Ă  la reprise de leur cabinet : beaucoup de chirurgiens-dentistes ont en effet un plan de cession dont ils n’ont guère le temps de se prĂ©occuper, et se montreraient intĂ©ressĂ©s par des offres en la matière.

Une fois les annonces listĂ©es et hiĂ©rarchisĂ©es, il conviendra de visiter les locaux, et d’ĂŞtre attentif Ă  de nombreux critères. Le local concernĂ© devra rĂ©pondre aux exigences que le praticien s’Ă©tait prĂ©alablement fixĂ©es ; il lui faudra prendre en compte des Ă©lĂ©ments tels que : l’accessibilitĂ© de l’emplacement sous toutes ses formes (situation et location, facilitĂ© d’accès physique, facilitĂ© Ă  « repĂ©rer Â» le local, prĂ©sence de parkings et proximitĂ© des diffĂ©rents types de transports), la prĂ©sence de sites attractifs dans les environs (zones commerciales, zones de loisir, services publics, etc.).

Les projets associatifs seront bien entendu soumis Ă  l’approbation de tous les membres concernĂ©s touchant l’acquisition, la transformation ou la construction des locaux d’exercice, et tout choix de terrain constructible sera lui-mĂŞme soumis Ă  des considĂ©rations propres (moyens d’accès routiers et autres, environnement, risques potentiels de nuisances notamment sonores ou de pollutions, nature du sol, etc.). Faire appel Ă  des experts est une bonne alternative, d’autant que les coups de cĹ“urs peuvent parfois faire oublier les dĂ©fauts d’un lieu !

En conclusion, la question de l’installation, pour le futur praticien, est d’autant complexe que l’engagement sous-entendu est de longue durĂ©e et les implications, diverses et variĂ©es. Ne pas lĂ©siner sur les efforts, prendre le temps de consulter beaucoup d’annonces, comparer divers lieux, envisager toutes les possibilitĂ©s et les confronter aux questions essentielles est le meilleur des conseils. La pratique Ă©panouissante de l’art de la chirurgie-dentaire dĂ©pendra souvent de l’examen attentif de ces questions ! Il est donc essentiel, pour rester objectif dans ses dĂ©marches, de se rappeler qu’en finalitĂ©, le cabinet du praticien devra possĂ©der plusieurs qualitĂ©s et prĂ©senter des atouts : il devra ĂŞtre « accueillant, moderne, hygiĂ©nique et efficace ! Â».

6- LES OPTIONS D’EXERCICE EN CHIRURGIE-DENTAIRE ; ASPECTS NON JURIDIQUES

En mĂ©decine orientĂ©e chirurgie-dentaire, il existe de nombreuses options d’exercice. Si près de 90% des chirurgiens-dentistes installĂ©s le sont en libĂ©ral, d’autres ont fait le choix de l’enseignement, de la recherche ou du travail en laboratoire pharmaceutique ; certains praticiens couplent mĂŞme, parfois, deux de ces profils. La plupart des jeunes diplĂ´mĂ©(e)s est, au sortir des Ă©tudes, convaincu d’avoir fait son choix, il est cependant important d’envisager toutes les options qui s’offrent Ă  soi. Bien souvent le premier choix conditionnera les premières annĂ©es de la pratique de la profession, si ce n’est la carrière dans son entier.

Sans aborder les questions d’ordre juridique, l’on peut dire que les options en question sont dĂ©finies tel que suit :

-Travailler en collaboration,

-Être son propre patron (avec ou sans personnel – assistant/secrétaire),

-Travailler en association au sein d’un cabinet dentaire,

-Travailler en association au sein d’un cabinet mĂ©dical pluridisciplinaire.

Bien entendu, chacune de ces configurations comporte son lot d’avantages et d’inconvĂ©nients

La collaboration libĂ©rale :

La collaboration libĂ©rale, premièrement, apparaĂ®t comme une option avantageuse lorsque l’on vient de dĂ©crocher son diplĂ´me. Concrètement, en quoi consiste-t-elle ? Il s’agit, pour le praticien, de rallier un cabinet existant et d’offrir un reversement d’une partie du chiffre d’affaire (CA) qu’il gĂ©nère. Les bons points de cette option sont : la possibilitĂ© d’acquĂ©rir de l’expĂ©rience puisqu’il y a collaboration avec un(e) confrère expĂ©rimentĂ©(e), la possibilitĂ© d’exercer Ă  temps partiel, l’Ă©ventualitĂ© de travailler au sein de plusieurs cabinets et ainsi de se faire une idĂ©e du mode d’exercice qui convient le mieux. Il va sans dire que la collaboration libĂ©rale apporte Ă©galement la satisfaction d’un faible risque sur le plan financier : bien souvent la patientèle est dĂ©jĂ  Ă©tablie et le jeune praticien n’aura aucun investissement Ă  prĂ©voir. S’il prend soin de sa gestion, il aura ainsi l’opportunitĂ© de se constituer un capital avant de procĂ©der Ă  sa propre installation. La collaboration libĂ©rale ouvre Ă©galement la voie Ă  l’association et permet de se confronter Ă  ses avantages comme Ă  ses Ă©ventuels inconvĂ©nients.

Exercice en solo :

Être son propre patron est encore un choix largement plébiscité par les chirurgiens-dentistes.

• Avantages : la libertĂ© de choix et l’indĂ©pendance dans la pratique, bien entendu. Fonction des ambitions du praticien et de ses moyens, l’exercice en solo lui permettra de choisir lieux, Ă©quipements, matĂ©riels, ambiance, mais Ă©galement, patientèle ; il lui assurera Ă©galement de ne pas rencontrer de difficultĂ©s relationnelles avec un(e) confrère.

• InconvĂ©nients : dans l’exercice en solo, ce sont les natures des avantages qui impliquent les inconvĂ©nients. ĂŠtre son propre patron implique de prendre seul les dĂ©cisions et de n’avoir personne Ă  qui en rĂ©fĂ©rer. Si les bĂ©nĂ©fices reviennent au seul praticien, la charge des Ă©ventuelles erreurs lui revient Ă©galement. Sur un plan pratique, par exemple, il ne sera pas possible au praticien de partager les dĂ©penses en cas d’acquisition d’Ă©quipements onĂ©reux, sur un plan plus personnel, le partage avec des collègues, les rapports d’expĂ©rience, les Ă©changes peuvent ĂŞtre amenĂ©s Ă  manquer. Il faut considĂ©rer enfin que la qualitĂ© du service offert au patient peut pâtir d’une pratique en solitaire. Au final, il convient de se demander si, en tant que chirurgien-dentiste, l’on est prĂŞt Ă  devenir Ă©galement seul chef d’une entreprise Ă  part entière, avec les satisfactions et les contraintes personnelles et professionnelles que cela implique.

Exercice en solo, sans assistante :

•Avantages : concernant cette option, les avantages avancĂ©s sont principalement gestionnaires et financiers. Au-delĂ  du fait que certains praticiens n’envisagent pas de travailler continuellement sous le regard d’un tiers, l’on avance les arguments qu’aucune charge salariale ni obligation de chiffre d’affaire ne sont Ă  assumer, guère plus que ne sont Ă  envisager les questions managĂ©riales : aucune gestion (fiche de paye, recrutement, licenciement, etc.). Les organisations des pĂ©riodes et horaires d’exercice ne dĂ©pendent que du seul praticien, de mĂŞme que les changements d’organisation.

•InconvĂ©nients : ils sont nombreux. Se passer d’une assistante, pour le praticien, revient Ă  assumer seul les charges annexes liĂ©es Ă  la pratique autant qu’Ă  la gestion du cabinet, et elles sont nombreuses (stĂ©rilisation, accueil des patients, gestion des rendez-vous, communication et relationnel, gestion des stocks, secrĂ©tariat, mĂ©nage, etc.). Il faut penser Ă  l’impossibilitĂ© de communiquer, de se rĂ©fĂ©rer Ă  un avis extĂ©rieur, autant qu’Ă  l’improbabilitĂ© de se consacrer Ă  plein temps Ă  l’exercice de la profession. PrivĂ© d’assistante au fauteuil, le chirurgien-dentiste ne pourra prĂ©tendre Ă  des travaux de chirurgie complexe. Par ailleurs, son CA sera limitĂ©.

Exercice en solo, avec assistante(s)/secrĂ©taire(s) :

•Avantages : ils sont nombreux et consistent surtout en la mise en valeur du savoir professionnel du praticien, qui aura le loisir de se consacrer Ă  son art – les tâches annexes Ă©tant dĂ©lĂ©guĂ©es – ainsi qu’Ă  la pleine satisfaction de ses patients. Les travaux de gestion et d’administration ne dĂ©pendront plus du chirurgien-dentiste, de plus, les compĂ©tences d’une assistante sont telles qu’elles peuvent permettre au praticien d’ĂŞtre Ă  la fois plus efficace et moins fatiguĂ© en fin de journĂ©e. L’optique d’avoir une personne avec laquelle partager les bons moments comme les moins bons est apprĂ©ciable et constitue un argument de taille.

•InconvĂ©nients : le praticien qui opte pour un exercice en solo avec assistante doit savoir qu’il assume par lĂ  mĂŞme les charges et fonctions normales d’un employeur aussi bien que d’un responsable hiĂ©rarchique : « diriger, recruter, manager, Ă©couter, encourager, former, valoriser, rĂ©primander, licencier Â». Enfin, il s’engage, quel que soit son chiffre d’affaires, Ă  verser son salaire Ă  son personnel, ainsi que le prĂ©conise la loi.

Association en cabinet dentaire (intĂ©gration d’une structure ou participation Ă  sa crĂ©ation) :

Une option de plus en plus choisie par les praticiens, qu’elle fasse suite Ă  une pĂ©riode de collaboration, Ă  un exercice en cabinets sĂ©parĂ©s suivi d’un regroupement, etc.

• Avantages : dans ce cas de figure, les avantages ne sont pas difficiles Ă  dĂ©finir. Ils touchent au « management du cabinet Â» (rĂ©flexions partagĂ©es sur les questions de l’avenir du cabinet et de la gestion du personnel, etc.), aux « investissements partagĂ©s Â» (local, ameublement, Ă©quipement, etc. ; partage du secrĂ©tariat mais attribution d’une assistante personnelle, puissance d’achat auprès des fournisseurs, etc.), Ă  la « collaboration technique Â» (possibilitĂ©s de spĂ©cialisation individuelle, de rĂ©flexion commune sur les plans de traitement, dynamique d’encouragement professionnel mutuel, etc .), comme, enfin, Ă  la « qualitĂ© de service au patient Â» (possibilitĂ©s de formation professionnelle optimisĂ©es, meilleure gestion des urgences, etc.).

• InconvĂ©nients : une association est un vĂ©ritable engagement qui mĂ©rite d’amples rĂ©flexions prĂ©liminaires. Il convient de penser que la moindre des dĂ©cisions et le moindre des choix concernant le cabinet, Ă  l’avenir – aussi divers et variĂ©s soient-ils : locaux et leur style, dĂ©cor, investissements, type de patientèle souhaitĂ©e et type de dentisterie pratiquĂ©e, etc. – seront des objets de considĂ©ration commune. Les dĂ©cisions communes impliquent des renoncements personnels auxquels il faut ĂŞtre prĂŞt. Si, sur un plan professionnel, les patients choisissent leur praticien, l’image du cabinet associatif, elle, est commune et gĂ©nĂ©rale, il sera donc nĂ©cessaire de l’entretenir et de bien faire vivre cette structure commune : coordination des Ă©quipes et gestion des petits conflits, prise de responsabilitĂ© en cas d’erreurs, etc. Toute signature d’un contrat associatif engage les parties au respect des engagements pris, dans l’excellence et dans la durĂ©e.

Le chirurgien-dentiste qui envisage d’exercer en association devra se poser de nombreuses questions et y rĂ©pondre avec application. Pour quelle(s) raison(s) pense-t-il Ă  s’associer ? Qu’attend-il de son associĂ©(e) comme de cette collaboration ? Quel(s) engagement(s) se sent-il prĂŞt Ă  prendre et Ă  respecter ? Éprouve-t-il de la fiertĂ© Ă  l’idĂ©e de s’associer Ă  la personne choisie ?, etc.

Association en centre pluridisciplinaire (intĂ©gration d’une structure ou participation Ă  sa crĂ©ation) :

À noter que cette option intervient plus souvent en milieu de carrière que dans les débuts.

• Avantages : ils consistent en la pluridisciplinaritĂ© elle-mĂŞme, enrichissante et dynamisante, en la mise en commun des nombreuses options (accueil, parking, radiologie, secrĂ©tariat, etc.), en l’impact potentiel des nĂ©gociations qui engagent le centre envers des acteurs extĂ©rieurs (fournisseurs, banques, etc.), comme en la possibilitĂ© de rentabilitĂ© accrue.

• InconvĂ©nients : ici, les inconvĂ©nients sont plutĂ´t des contraintes, elles-mĂŞmes liĂ©es aux risques, qui sont plus Ă©levĂ©s. Les personnes impliquĂ©es au sein de telles grandes structures sont plus nombreuses, ce qui multiplie d’autant la possibilitĂ© de voir survenir des dĂ©saccords ou des conflits. Chaque dĂ©cision personnelle Ă©tant soumise Ă  l’accord des parties concernĂ©es peut ĂŞtre plus longue Ă  prendre. Les charges en terme de gestion sont plus Ă©levĂ©es – la structure Ă©tant vaste – ce d’autant que le praticien n’en possède pas la maĂ®trise directe. Enfin, bien entendu, les engagements pris au dĂ©part envers la structure impliquent le chirurgien-dentiste dans des dĂ©cisions collectives auxquelles il lui faudra se soumettre, mĂŞme lorsqu’elles ne lui conviennent gère. L’intĂ©gration au sein d’un centre pluridisciplinaire implique de se sentir prĂŞt Ă  prĂ©fĂ©rer le compromis aux dĂ©cisions individuelles et d’ĂŞtre douĂ© de qualitĂ©s de communication indĂ©niables.

Un des atouts majeurs de la profession de chirurgien-dentiste consiste en ce large panel d’options d’exercice, elles-mĂŞmes caractĂ©risĂ©es par la libertĂ© de choix (mode, durĂ©e, emplacement, etc.). Une telle variĂ©tĂ© offre Ă  tous les profils la possibilitĂ© de choisir le genre d’exercice qui conviendra le mieux Ă  leurs personnalitĂ©s, Ă  leurs ambitions comme Ă  leurs prĂ©fĂ©rences.

Modes d’exercice et contrats :

Les modes d’exercice qui rĂ©gissent la profession de chirurgien-dentiste et les types de contrats sont nombreux et variĂ©s. Il est conseillĂ© de se reporter au site Internet du Conseil de l’Ordre : www.oncd.org, sur les pages duquel sont rĂ©pertoriĂ©es les informations nĂ©cessaires en la matière.

PrĂ©cisons que les principaux modes d’exercice sont dĂ©finis tel que suit :

-Exercice en tant que non-titulaire d’un cabinet, groupant :

•L’exercice en tant que chirurgien-dentiste salariĂ© (point qui concerne le statut d’Ă©tudiant ou de salariĂ©, ou encore l’exercice au service d’une collectivitĂ©),

• L’exercice en tant que chirurgien-dentiste non salariĂ© (collaboration libĂ©rale ; missions de remplacement, etc.),

-Exercice en tant que titulaire d’un cabinet, groupant :

•L’exercice libĂ©ral individuel,

•L’exercice libĂ©ral en groupe,

•L’exercice entre Ă©poux, etc.

7- EXERCICE LIBÉRAL : CRÉER OU ACHETER SON CABINET

Dans le cadre de l’exercice libĂ©ral, de nombreuses questions se posent quant au cabinet. Vaut-il mieux en faire l’acquisition ? Vaut-il mieux le crĂ©er ?

Ces interrogations interviennent sitĂ´t que sont dĂ©finis les lieu d’exercice, mode d’exercice et forme juridique de la future activitĂ©, cependant, elles sont prĂ©alables Ă  l’installation proprement dite. Le mot d’ordre : ne pas cĂ©der aux impulsions, qu’elles soient coups de tĂŞte ou coups de cĹ“ur ! La question primordiale est la suivante : combien de temps le praticien envisage-t-il d’exercer dans le cabinet en question ? Bien des considĂ©rations dĂ©pendent de la rĂ©ponse apportĂ©e Ă  cette question. Chacune des dĂ©cisions prises par la suite gagnera Ă  ĂŞtre examinĂ©e et rĂ©examinĂ©e.

CrĂ©ation d’un cabinet :

En tout premier point, considĂ©rons les risques. Ils interviennent en termes financiers (la patientèle n’Ă©tant pas encore crĂ©Ă©e et le praticien ayant contractĂ© des dettes, les dĂ©buts sont souvent difficiles), relationnels (il faut du temps pour trouver ses marques et s’y retrouver sur les plans de la communication, qu’elle concerne les patients, ou encore le personnel et les associĂ©s s’il y en a), personnels (la famille du praticien est Ă©galement engagĂ©e dans ce processus de crĂ©ation, rĂ©putĂ© très demandeur en matière d’implication et de temps), et enfin, juridiques et administratifs (l’on peut ĂŞtre confrontĂ© Ă  de mauvais choix touchant la forme juridique choisie ; la gestion des dĂ©marches administratives – impliquant la lĂ©galitĂ© – peut ĂŞtre source de stress).

Les considĂ©rations suivantes sont d’ordre plus pratique. Le praticien peut opter pour l’une des solutions suivantes : acheter son cabinet, louer un local, ou le faire construire. Quoi qu’il en soit, les avantages sont nombreux Ă  crĂ©er son cabinet. Le chirurgien-dentiste sera son propre patron, les Ă©quipements dont il bĂ©nĂ©ficiera seront neufs, il aura choisi aussi bien l’emplacement de son cabinet que la configuration intĂ©rieure des locaux, il constituera lui-mĂŞme son Ă©quipe, d’après ses propres critères.

Location d’un local :

Cette forme est principalement reprĂ©sentĂ©e par ses avantages en terme de flexibilitĂ©. Le praticien aura loisir de changer d’emplacement s’il le souhaite. D’autre part, les frais d’assurance et d’entretien sont moindres, ce qui implique un faible investissement initial (point d’importance en cas de crĂ©ation d’un premier cabinet).Quant aux inconvĂ©nients de la location, ils ont lieu lorsque le local louĂ© ne convient pas exactement aux attentes du praticien (espaces restreints ou trop vastes, amĂ©nagements compliquĂ©s – notamment dans les cas de remise Ă  neuf ou remise aux normes nĂ©cessaires : installations Ă©lectriques et/ou plomberie, etc.).

L’on peut penser, en cas de location d’un local, Ă  la formule dite du leasing ou crĂ©dit-bail (LOA : Loyer avec Options d’Achat). Dans ce cas, la banque reste propriĂ©taire du bien et en fin de leasing, une option d’achat est proposĂ©e au praticien.

Devenir propriĂ©taire :

Signalons tout d’abord que, dans le temps, les rapports financiers sont ici plus stables, comparativement Ă  la location. Les conditions d’attribution des prĂŞts sont plus aisĂ©es dans la mesure oĂą la banque estime qu’elle pourra toujours rĂ©acquĂ©rir les murs. Outre les aspects financiers qui comptent pour beaucoup dans les avantages de cette solution, l’on peut penser Ă  la flexibilitĂ© offerte : le praticien sera par exemple en mesure d’agrandir son cabinet s’il le souhaite et ce, sans interrompre son exercice.

Ă€ signaler qu’il reste encore très avantageux d’un point de vue fiscal d’acquĂ©rir un bien professionnel par le biais d’une SociĂ©tĂ© Civile Immobilière (SCI).

Bien entendu, il existe diffĂ©rentes manières de devenir propriĂ©taire de son cabinet, et ces biais sont Ă  examiner. L’on pourra opter pour l’achat d’un local existant en copropriĂ©tĂ© (les frais annexes et non directement liĂ©s au cabinet – tels les frais de parking – seront ainsi rĂ©partis entre les divers propriĂ©taires, cependant la prĂ©sence d’un public en va-et-vient peut dĂ©ranger les rĂ©sidents de la propriĂ©tĂ©), on peut Ă©galement penser Ă  faire construire un bâtiment (se reporter au « Guide de l’installation d’un cabinet dentaire Â», Ă©ditĂ© par l’ADF), l’on peut encore prĂ©fĂ©rer acquĂ©rir un bien existant.

Cette dernière option prĂ©sente de nombreux avantages : une structure dĂ©jĂ  Ă©tablie et qui « fonctionne Â», un gain de temps (les dĂ©marches administratives liĂ©es Ă  l’installation d’un nouveau cabinet, les phases de nĂ©gociation avec le constructeur, l’installation des Ă©quipements et la constitution d’une Ă©quipe sont des Ă©lĂ©ments Ă©vitĂ©s). Si la plupart du temps la reprise d’un cabinet dentaire s’avère, pour le praticien, synonyme de succès, la formule ne garantit pourtant pas ce rĂ©sultat. Le futur praticien doit penser que ce dont il « hĂ©ritera Â» pourra lui poser problème s’il n’examine pas soigneusement les diffĂ©rents aspects de la question. Les Ă©quipements prĂ©sents sur place, par exemple, peuvent ĂŞtre fatiguĂ©s, si ce n’est dĂ©suets, l’architecture du cabinet pourrait ne pas convenir au nouveau praticien, de mĂŞme il lui faut envisager de travailler avec une Ă©quipe dĂ©jĂ  en place, laquelle a des habitudes de travail, des attentes, des rĂ©flexes. Puis, c’est la patientèle elle-mĂŞme qui peut Ă©prouver des difficultĂ©s Ă  vivre la transition.

Il convient donc d’examiner les points probants un par un et au cas par cas et notamment, de se pencher sur les raisons qui motivent la vente du cabinet en question. Il peut ĂŞtre intĂ©ressant de faire appel Ă  une agence lorsque l’on pense Ă  racheter un cabinet existant. S’il est vrai que les prix qui seront proposĂ©s seront lĂ©gèrement plus Ă©levĂ©s, s’il est vrai que le cabinet aura connu une pĂ©riode d’inactivitĂ© et que l’acquĂ©reur ne pourra prĂ©tendre Ă  une transition en douceur, des avantages sont cependant Ă  prendre en compte : succès des cabinets concernĂ©s, intervention d’une tierce partie (notaire, avocats, etc.), gain de temps, etc.

8- QUESTIONS ARCHITECTURALES ET DE MATÉRIEL

La conception architecturale du cabinet dentaire a Ă©voluĂ© durant ces dernières dĂ©cennies. L’art dentaire a progressĂ©, les innovations ont amenĂ© le recours Ă  de nouveaux matĂ©riaux, les mesures sanitaires se sont multipliĂ©es, les patients tendent Ă  devenir « consommateurs de santĂ© Â», etc., autant d’Ă©lĂ©ments qui font bouger les lignes des critères d’installation.

Les Ă©lĂ©ments nouvellement pris en compte sont les suivants :

La stĂ©rilisation : l’hygiène est une question plus que jamais d’actualitĂ© ; elle est Ă©galement une considĂ©ration primordiale aux yeux du patient. Son respect agira tel un vĂ©ritable message non-verbal, ainsi, l’on estime que la salle de stĂ©rilisation, au mieux, doit ĂŞtre le centre nĂ©vralgique du cabinet dentaire.

L’informatique : bien que divisĂ©s sur la question de l’efficacitĂ© et du bien-fondĂ© de l’informatisation de leurs cabinets, les chirurgiens-dentistes y sont malgrĂ© tout confrontĂ©s ; il faut dire que le recours Ă  l’informatique « permet la gestion des fiches patients et l’utilisation de la radiologie numĂ©risĂ©e et de l’imagerie Â». Les espaces doivent donc ĂŞtre adaptĂ©s Ă  ces nouveaux Ă©lĂ©ments.

La communication : dans une approche globale de la pratique de l’art dentaire, il est Ă  considĂ©rer que le cabinet en lui-mĂŞme constitue le premier instrument de travail du praticien. En ce sens, il reprĂ©sente le premier contact que le patient aura avec son chirurgien-dentiste or, pour beaucoup de personnes, franchir le seuil d’un cabinet dentaire est source d’anxiĂ©tĂ©. C’est la raison pour laquelle l’agencement clair et spacieux, rassurant, du cabinet (notions d’accueil et de confort, espaces d’attente et de pratiques divisĂ©s, avec une « zone d’accueil et administrative Â» et une « zone clinique Â», etc.) est un Ă©lĂ©ment essentiel et primordial. L’important, tout d’abord, est de mettre la patientèle en confiance, de rassurer par tous les moyens possibles.

Lorsque le jeune praticien s’installe, si nombreux sont les Ă©lĂ©ments qu’il lui revient de prendre en compte qu’il peut ĂŞtre pĂ©nible de s’y retrouver. Le moment est bien choisi pour insister sur l’importance de s’entourer, et de s’entourer des meilleurs : il ne faut pas hĂ©siter Ă  avoir recours Ă  des professionnels qui sauront accompagner la crĂ©ation d’un cabinet dentaire Ă  proprement parler autant que la crĂ©ation de l’entreprise qu’il reprĂ©sente, en vĂ©ritĂ©. Les deux sont indissociables. Le futur chirurgien-dentiste devra entrer en contact avec :

-Des banquiers,

-Des experts-comptables,

-Un organisme d’accompagnement (pour son organisation),

-Des architectes et/ou maîtres d’œuvre,

-Une sociĂ©tĂ© d’agencement de cabinet dentaire,

-Des artisans.

C’est après avoir rencontrĂ© et choisi ces diffĂ©rents intervenants qu’il lui sera temps d’Ă©tablir son cahier des charges, de mĂŞme qu’une chronologie prĂ©cise des actions qu’il devra entreprendre :

-1. RĂ©alisation des plans de la future structure et validation,

-2. Choix des matériels dentaires,

-3. Devis global des matériels,

-4. RĂ©alisation des plans techniques concernant les matĂ©riels dentaires implantĂ©s dans chaque salle (ces plans ne pourront ĂŞtre rĂ©alisĂ©s que si l’on a prĂ©alablement choisi les types de matĂ©riels et les mobiliers),

-5. Appels d’offres aux artisans,

-6. RĂ©alisation du planning des travaux en vue de fixer une date de livraison du cabinet dentaire  achevĂ© (après acceptation du devis),

-7. Mise en place du bilan prĂ©visionnel du projet (il est fortement recommandĂ© de faire Ă©tablir ce dernier avec l’aide d’un cabinet d’expert comptable),

-8. Sollicitation des prĂŞts bancaires,

-9. Coordination des travaux (réunions de chantier – après accord des emprunts),

-10. Réalisation des travaux (livraison complète généralement prévue en dix à douze semaines).

Afin de pouvoir suivre cette chronologie dans les meilleures conditions, il est nĂ©cessaire de visualiser ce qui devra constituer le cabinet dentaire idĂ©al, dans sa version achevĂ©e, Ă  savoir, en terme d’agencement :

-Les salles de soin,

-La salle de stérilisation,

-La salle de radiologie,

-La salle technique,

-Le coin hygiène,

-La salle de communication et de motivation,

-La salle de chirurgie,

-La salle d’attente.

Chacun de ces Ă©lĂ©ments devra ĂŞtre pris en compte sĂ©parĂ©ment et examinĂ© avec soin dans une optique Ă  la fois globale et dĂ©taillĂ©e : durĂ©e dans le temps, fonctionnalitĂ©, concordance attentes/pratique, etc.

Si l’on ne perd pas de vue que le cabinet dentaire est en quelque sorte la « carte de visite Â» du praticien, l’on n’oubliera pas de prendre en compte les aspects esthĂ©tiques du cabinet, lesquels, Ă  la vĂ©ritĂ©, vont lui permettre de respirer en ce sens qu’ils transmettront un message aux patients. L’image globale du cabinet reflĂ©tera, bien entendu, les goĂ»ts et la personnalitĂ© du praticien – qui est libre de ses agencements et de son dĂ©cor en la matière – mais, Ă©tant entendu qu’elle dĂ©pendra Ă©galement du type d’exercice choisi et du type de patientèle attendue, il est important de ne pas oublier que cette image appartient au patient. MatĂ©riaux choisis, ambiance, tons chaleureux, style classique ou style moderne, sobriĂ©tĂ© affichĂ©e, Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs, tout doit ĂŞtre choisi et pensĂ© pour illustrer les motivations du praticien, pour offrir confort et sĂ©curitĂ© au patient, tout en Ă©vitant de franchir la frontière entre nĂ©cessitĂ© et luxe (qui pourrait entraĂ®ner des consĂ©quences financières regrettables).

9- EMPLOYER ET MANAGER

Si, Ă  l’Ă©vidence, de nombreux chirurgiens-dentistes rĂŞvent de se concentrer sur leur mĂ©tier et la pratique de leur art, il est cependant vrai que de nos jours, et dans les contextes actuels, exercer la profession de chirurgien-dentiste signifie Ă©galement devenir employeur et/ou manager. Des envies, des attentes ou des nĂ©cessitĂ©s, des droits et des devoirs motivent cet Ă©tat de fait.

La première Ă©tape est donc « d’accepter d’ĂŞtre employeur Â», du point de vue du jeune praticien. Rappelons que la relation employeur/employĂ©(e) est de nature contractuelle et se basera forcĂ©ment sur le respect mutuel des règles prĂ©-Ă©tablies, mais elle est Ă©galement humaine. Tout sera donc question d’Ă©coute et de compromis, Ă©galement sur la durĂ©e. Il faut penser que les situations personnelles du praticien autant que celle de son assistante, par exemple, seront amenĂ©es Ă  Ă©voluer au fil des ans, ouvrant de nouvelles voies ou impliquant de nouveaux impĂ©ratifs : « arrĂŞter de travailler Ă  16 h 00 et bĂ©nĂ©ficier de tous les mercredis et samedis risque d’ĂŞtre pĂ©rilleux Ă  mettre en place ; exiger des horaires de travail jusqu’Ă  19 h 30, six jours sur sept est tout aussi difficile Ă  obtenir ! Â».

L’on se rĂ©fĂ©rera souvent au contrat de travail dans le cadre de cette collaboration. La Convention Collective Nationale (CNN – N°3255 : applicable aux cabinets dentaires) dĂ©finit qu’il existe cinq types de postes :

-Prothésistes dentaires (présentés selon leur degré de compétences),

-Assistante dentaire (stagiaire ou diplĂ´mĂ©e ; Ă  noter : la diffĂ©renciation entre assistante et assistante qualifiĂ©e ODF n’est plus d’actualitĂ©),

-Aide dentaire (stagiaire ou diplômée),

-RĂ©ceptionniste ou hĂ´tesse d’accueil,

-Personnel d’entretien.

Trois critères dĂ©finissent quant Ă  eux la tenue d’un contrat de travail :

-Une prestation de services entendue dans le but de se procurer des revenus financiers,

-Une rémunération (en espèces ou/et en nature),

Un lien de subordination juridique : en effet, l’exĂ©cution du travail de l’employĂ©(e) se fait et doit se faire incontestablement sous l’autoritĂ© de l’employeur et ce, sans Ă©quivoque. Ce dernier retire de cette situation des droits et des devoirs, bien entendu. Ă€ lui d’Ă©tablir des règles que son employĂ©(e) se devra de respecter sous peine de sanctions (autoritĂ© rĂ©glementĂ©e et contrĂ´lĂ©e lĂ©galement, il va de soi), Ă  lui Ă©galement de comprendre quelles sont ses responsabilitĂ©s, engagĂ©es envers le ou les salariĂ©(s) autant qu’envers les tierces-personnes.

Le management, d’un autre cĂ´tĂ© – c’est-Ă -dire l’art et la manière d’exercer son autoritĂ© d’employeur et de gĂ©rer son Ă©quipe – notion souvent personnelle et rĂ©gie par une approche individuelle, se dĂ©finit dans les grandes lignes par quatre aspects ou quatre Ă©tapes.

L’on distingue ainsi les aspects :

-1. DIRECTIF (diriger, structurer),

-2. PERSUASIF (mobiliser),

-3. PARTICIPATIF (associer),

-4. DÉLÉGATIF (responsabiliser).

Ces quatre aspects impliquent quatre Ă©tapes de travail :

-1. Définir avec précision le poste du ou de la ou des futur(e)s employé(e)s,

-2. Recruter le personnel,

-3. Former le personnel,

-4. Déléguer les tâches.

D’autres considĂ©rations s’imposent en termes de recrutement, de management ou de travail en Ă©quipe : philosophie du travail d’Ă©quipe (notions de rĂ©alisation personnelle et d’Ă©panouissement de tous les acteurs engagĂ©s, etc.), travailler avec son conjoint (« Vivre et travailler en couple est un art qui se cultive Â»!), etc.

Enfin, il est important de ne pas nĂ©gliger l’aspect des collaborations externes Ă  la structure et pour cela, de choisir avec soin ces derniers acteurs (banquiers et conseillers juridiques, experts-comptables, architectes, distributeurs, confrères spĂ©cialistes, etc.).

10- ORGANISATION PRATIQUE DU CABINET : AU QUOTIDIEN

L’organisation du travail au quotidien et la gestion pratique du cabinet dentaire vont de paire et constituent des points primordiaux Ă  considĂ©rer, puisqu’ils impliquent un Ă©panouissement au jour le jour aussi bien qu’une rĂ©ussite sur la durĂ©e.

Premier point important : le dossier du patient, soumis bien entendu au principe de confidentialitĂ© (mais sur lequel lui-mĂŞme a tout droit de regard). Rappelons que « L’obligation du secret mĂ©dical va bien au-delĂ  des donnĂ©es prĂ©sentes dans le dossier du patient. Elle couvre tout ce que le praticien, et les personnes qu’il emploie, ont pu apprendre au sujet d’un patient Â».

Le dossier complet d’un patient doit comprendre :

-Les données initiales (document renseigné par le patient),

-Les données administratives (numéro de dossier, nom-prénom(s)-sexe du patient, numéro INSEE, date-lieu de naissance, adresse complète et code postal, numéros téléphoniques, profession, notification du médecin traitant et des autres professionnels de santé assurant la prise en charge du patient, dates du premier et du dernier rendez-vous),

-Les données sociales,

-Les données cliniques oro-faciales,

-Les autres données cliniques (schéma bucco-dentaire avant tout acte assorti des différentes évolutions amenées au cours de la prise en charge, documents relatifs aux examens complémentaires, plans de traitement, etc.),

-Les documents conservĂ©s, tels la fiche d’informations renseignĂ©e par le patient et signĂ©e de sa main, les doubles des ordonnances mĂ©dicamenteuses, les devis, les Ă©changes Ă©pistolaires tenus avec les autres professionnels de santĂ©, etc.

Il est important de considĂ©rer que l’exercice de l’art dentaire se fait aujourd’hui, en quelque sorte conjointement avec le patient, qui participe Ă  ces soins et en est l’un des acteurs primordiaux ; de plus, son droit Ă  l’information est total et inaliĂ©nable : « la libertĂ© de choix, le droit d’ĂŞtre informĂ©, de consentir ou de refuser un examen ou un traitement, ainsi que le droit de demander rĂ©paration sont dĂ©sormais inscrits dans les droits des malades Â».

Second point d’importance : le contrĂ´le des rendez-vous. Question cruciale et primordiale de laquelle dĂ©pendent toutes les journĂ©es de travail et leur bon dĂ©roulement. Chaque instant passĂ© Ă  son cabinet soumet le praticien Ă  se tenir au meilleur de sa forme et de ses capacitĂ©s or, il faudra, dans le rĂ©el, conjuguer avec les imprĂ©vus, les retards, les annulations. La prise de rendez-vous, assumĂ©e ou non par une ou des assistantes, est un art !, et une mauvaise gestion Ă  ce titre entraĂ®ne des consĂ©quences dĂ©sastreuses sur divers plans. C’est pourquoi il est essentiel de tenir un agenda clair et efficace. Le carnet de rendez-vous s’inscrit donc comme un outil premier et indispensable. Il s’agit de l’utiliser efficacement : y recourir systĂ©matiquement, dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment la façon de le remplir et de s’y rĂ©fĂ©rer (et s’y tenir!), dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment la planification d’une journĂ©e de travail, etc.

L’on respectera quelque règles de base, telles que :

-N’attribuer qu’un seul rendez-vous Ă  la fois et pour la mĂŞme plage-horaire,

-Planifier des actes variés au cours de la journée,

-HiĂ©rarchiser les rendez-vous d’après l’importance et l’urgence des interventions, etc.

Les points Ă  faire figurer sur le carnet de rendez-vous dĂ©finissent Ă©galement le traitement optimal du patient. On y inscrira :

-Le nom et le prénom du patient,

-Une information détaillée sur le traitement (numéro de la dent à traiter, action à réaliser, etc.),

-Nom et qualitĂ© des intervenants possibles (s’il y a lieu).

Le praticien veillera Ă  Ă©crire clairement et lisiblement, et Ă  conserver son carnet de rendez-vous hors de la portĂ©e de ses patients. L’organisation de son temps ne regarde que lui !

En termes d’organisation du cabinet et de pratique quotidienne interviennent Ă©galement les questions dĂ©licates de l’argent (ici, il convient d’informer clairement et totalement le patient AVANT d’aborder la notion de coĂ»t ; il existe beaucoup de personnes prĂŞtes Ă  payer pour un soin de qualitĂ© et qui comprendront la valeur des honoraires, mais seulement si elles sont correctement informĂ©es des plans de traitement), et de la relation au patient (fidĂ©lisation).

Ă€ ce titre il est important de distinguer empathie et sympathie, d’une part, et d’autre part, de comprendre qu’une relation praticien-patient se construit et prend du temps Ă  s’Ă©tablir. On veillera tout d’abord Ă  satisfaire le patient, bien entendu, Ă  le connaĂ®tre, Ă  le comprendre de mieux en mieux, Ă  lui donner confiance. Il est essentiel de ne pas le tenir Ă  l’Ă©cart des choses qui le concernent : plus l’information circulera entre le chirurgien-dentiste et son patient mieux les choses iront et plus le relationnel sera Ă©panoui.

Enfin, le praticien devra apprendre comment et dans quelle mesure il convient d’impliquer ses patients dans les processus qui les regardent. Il s’agit de ne pas oublier que le patient est acteur de ses soins ; c’est Ă  lui que l’on demande une confiance totale, lui qui s’assied dans le fauteuil, lui qui doit suivre les directives qu’on lui donne. La question de l’Ă©thique mise en corrĂ©lation avec la morale et les valeurs du praticien engage ce dernier Ă  ne pas forcĂ©ment mettre son patient au courant de tous ses choix et de toutes ses dĂ©cisions pratiques, mais l’invite Ă  instaurer un dialogue et Ă  jauger les attentes de la personne, en veillant Ă  sa mobilisation et Ă  son Ă©ducation dans les termes du service proposĂ©. Par exemple, la communication verbale est un facteur très important (Ă©viter les mots compliquĂ©s et les termes techniques !) ; on pourra l’assortir de communication Ă©crite en distribuant des fiches informatives, etc.

Information, communication, fidĂ©lisation : des critères d’Ă©panouissement personnel et professionnel qui entrent en jeu dans la gestion pratique et quotidienne du cabinet, et qui demanderont du praticien engagement, patience et persĂ©vĂ©rance tout au long de sa carrière, pour des rĂ©sultats optimaux et gratifiants.

11- GESTION ET PATRIMOINE

Pour terminer, il convient de ne pas faire l’impasse sur les termes de gestion professionnelle du cabinet du chirurgien-dentiste dans une visĂ©e patrimoniale. Nous l’avons vu et dĂ©couvert, le professionnel de santĂ©, aujourd’hui, est – Ă  son corps dĂ©fendant s’il le faut – un chef d’entreprise. Il doit penser, pour la bonne pratique de son art et qu’il le veuille ou non, en termes de concurrence, d’assurances, de mutualisation, de rĂ©putation Ă©galement (exposition aux divers mĂ©dias, etc.).

La question de la gestion financière d’un cabinet est souvent Ă©pineuse pour le praticien, pourtant, s’il s’astreint Ă  certaines disciplines, il verra ses rĂ©sultats s’en ressentir et le « stress administratif Â» diminuer considĂ©rablement.

Premièrement, il est utile de considĂ©rer chaque semaine « les indicateurs de vitalitĂ© [du] « cabinet-entreprise Â» en veillant sur des Ă©lĂ©ments tels que les dĂ©penses effectuĂ©es et leur nature, le nombre de patients, le nombre d’heures travaillĂ©es, le CA, etc. Autant de points qu’il s’agit de ne pas compulser au mois de dĂ©cembre seulement…

En bref, le chirurgien-dentiste devra opérer une planification financière (et se faire accompagner si besoin), différencier les divers niveaux de vie auxquels il peut prétendre, réaliser des analyses, équilibrer le ratio dépense/bénéfice, etc.

La question de la gestion du patrimoine intervient Ă©galement Ă  ce stade, puisqu’il est nĂ©cessaire de gĂ©rer les biens que l’on possède. Distinguons trois attitudes Ă  adopter chronologiquement :

-1. GĂ©nĂ©rer des revenus par le biais de son activitĂ© : pour pouvoir Ă©pargner !,

-2. Investir grâce Ă  l’Ă©pargne rĂ©alisĂ©e : pour gĂ©nĂ©rer les revenus futurs !,

-3. Préparer la retraite au plus tôt.

Et pour cela, il convient de procĂ©der par Ă©tapes :

-1. Faire un Ă©tat des lieux,

-2. DĂ©finir des objectifs patrimoniaux,

-3. Établir une stratégie patrimoniale,

-4. Réfléchir aux investissements (choisir les produits dans lesquels investir).

L’on ne pourra que recommander, Ă  l’occasion de ces questions pragmatiques d’abord un peu cavalier, de recourir Ă  des experts de bon conseil, qui orienteront les choix. GĂ©rer son patrimoine n’est pas une mince affaire !, il s’agit mĂŞme d’une affaire très sĂ©rieuse, dont les points mĂ©ritent autant d’ĂŞtre rĂ©gulièrement rĂ©visĂ©s que d’ĂŞtre examinĂ©s un par un, consciemment, en toute clartĂ© et connaissance de cause.

CONCLUSION

Force est de constater que de nos jours, un grand nombre de praticiens subit son mĂ©tier au quotidien plus qu’il ne le choisit, ne l’acte et ne le dirige. Il apparaĂ®t cependant que « prendre le contrĂ´le de sa vie professionnelle est la clĂ© d’un exercice serein Â». Pour ce faire cependant, tant d’Ă©lĂ©ments entrent en ligne de compte et sont, prĂ©alablement, Ă  considĂ©rer !

Établir un Ă©quilibre entre aspirations Ă©coutĂ©es et considĂ©rĂ©es et applications pratiques, tout mettre en Ĺ“uvre pour parvenir Ă  ses objectifs, voilĂ  les dĂ©fis qui attendent au quotidien le chirurgien-dentiste passionnĂ© par son mĂ©tier, lequel, Ă  l’instar de tout autre, recèle des difficultĂ©s et confronte Ă  des embĂ»ches mais surtout, permet de retirer des satisfactions, d’expĂ©rimenter des joies et de construire un bonheur qui surpasse les pĂ©nibilitĂ©s de tout ordre. Cultivons-donc la visĂ©e large et Ă  long terme de notre parcours professionnel !