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Considéré par beaucoup comme un Machiavel moderne, Robert Greene, auteur américain analyste des notions de pouvoir, de séduction et de manipulation, centre ses réflexions sur l’adaptation des plus grandes leçons historiques à la vie quotidienne, du monde de l’entreprise à la gestion des relations personnelles et professionnelles.

Le second ouvrage que nous abordons ici s’intĂ©resse au dĂ©veloppement personnel Ă  proprement parler, et plus prĂ©cisĂ©ment aux diffĂ©rentes Ă©tapes validĂ©es par l’expĂ©rience historique des plus grands (Einstein, De Vinci, Edison, Darwin…) pour atteindre une parfaite maĂ®trise dans notre domaine de prĂ©dilection quel qu’il soit. En effet, Greene aime Ă  rappeler que le talent et la crĂ©ativitĂ©, s’ils peuvent ĂŞtre innĂ©s pour certains, ne sont rien sans discipline et cohĂ©rence dans leur formatage, et que le processus permettant de passer du novice au maĂ®tre est un mouvement simple et accessible Ă  tout un chacun. Son modèle en trois phases est similaire au modèle Dreyfus selon Andy Hunt qui dĂ©finit le schĂ©ma de dĂ©veloppement pour n’importe quelle compĂ©tence en trois Ă©tapes classiques : novice, dĂ©butant avancĂ©, compĂ©tent. C’est ce que Greene appelle, pour sa part, l’apprentissage (Ă©tape la plus importante dĂ©clinĂ©e en 4 chapitres complets), la phase crĂ©ative-active et la maĂ®trise.

L’apprentissage

1. DĂ©couvrir sa vocation

Ce que Greene nous en dit : Chacun possède une force intĂ©rieure qui le guide vers l’œuvre de sa vie – ce que l’on est censĂ© accomplir pendant le temps que l’on a Ă  vivre. Pendant l’enfance, cette force est facile Ă  toucher du doigt. Elle oriente chacun vers des activitĂ©s et des sujets correspondant Ă  des penchants naturels et attirant une curiositĂ© profonde et primale. Au fil des ans, cette force s’estompe et l’on Ă©coute davantage ses parents et ses amis, tout en subissant l’usure des angoisses quotidiennes. On peut alors se tourmenter d’avoir perdu le lien avec ce que l’on est vraiment et avec ce qui rend chacun unique. La première Ă©tape vers la maĂ®trise est toujours intĂ©rieure : apprendre qui l’on est vraiment et renouer le contact avec cette force innĂ©e. Une fois ce point Ă©clairci, on trouvera le chemin de carrière qui convient et tout le reste trouvera sa place. Il n’est jamais trop tard pour se lancer dans ce processus.

Ce qu’on en retient :

Comme Léonard de Vinci qui devint obsédé par les oiseaux, leur anatomie, leur mode de vie, leur habitat, et passa des mois à les observer et à dévorer traité sur traité les abordant, simplement pour pouvoir peindre des ailes d’ange réalistes pour un détail d’une œuvre biblique de Verrocchio, il faut découvrir la vocation qui vous permettra de vous livrer à la même obsession, au même dévouement, à la même passion.

Trois étapes pour découvrir sa vocation

Le processus de rĂ©alisation de l’œuvre de toute une vie comporte trois stades : d’abord, vous devez prendre ou reprendre contact avec vos penchants naturels, le sentiment de votre unicitĂ©. Ce premier stade est toujours intĂ©rieur. Cherchez dans votre passĂ© les indices de cette petite voix, de cette force latente. Faites taire les bruits intempestifs Ă©manant de vos parents et de vos proches. DĂ©tectez les schĂ©mas rĂ©pĂ©titifs sous-jacents, le cĹ“ur de votre personnalitĂ© qu’il vous faut comprendre de façon aussi profonde que possible.

Au second stade, une fois ce lien Ă©tabli, analysez le chemin de carrière qui est le vĂ´tre ou que vous ĂŞtes sur le point de parcourir. Le choix de ce chemin est critique, il exige Ă©ventuellement un changement de cap. Trop souvent, votre vie est marquĂ©e par une fracture : d’un cĂ´tĂ©, le travail, et de l’autre tout le reste, le plaisir, l’épanouissement, etc. Le travail nous permet de gagner l’argent que nous dĂ©pensons pendant l’autre partie de notre vie. Il arrive que mĂŞme ceux qui aiment leur mĂ©tier tendent Ă  le sĂ©parer du reste de leur existence. C’est une attitude dĂ©primante, Ă©tant donnĂ© le temps que nous consacrons Ă  travailler. Si nous vivons ce temps comme quelque chose Ă  subir pour atteindre le vrai plaisir, les longues heures consacrĂ©es Ă  travailler reprĂ©sentent un gâchis tragique vu la brièvetĂ© de notre existence.

Au troisième stade, vous devez concevoir votre carrière ou votre chemin de vocation davantage comme un itinĂ©raire sinueux que comme une ligne droite. Commencez par choisir un domaine ou un poste qui correspondent Ă  peu près Ă  vos inclinations. Ce poste initial vous donne la place de manĹ“uvrer et la possibilitĂ© d’acquĂ©rir d’importantes compĂ©tences. Abstenez-vous de choisir quelque chose de trop ambitieux : qu’il vous suffise initialement de gagner votre vie et de prendre confiance en vous-mĂŞme. Une fois sur ce chemin, vous dĂ©couvrirez des carrefours conduisant soit Ă  un avenir qui vous attire, soit Ă  des activitĂ©s qui vous laissent de marbre. Adaptez-vous et orientez-vous Ă©ventuellement vers un domaine voisin, tout en continuant Ă  apprendre sur vous-mĂŞme et Ă  dĂ©velopper votre base de compĂ©tences. Comme LĂ©onard de Vinci, assimilez ce que vous faites en travaillant pour les autres.

Vous finirez par trébucher sur l’opportunité, le domaine ou le créneau qui conviennent à la perfection. Vous le reconnaîtrez aisément car vous y retrouverez votre émerveillement et votre passion d’enfant. Vous sentirez que vous êtes à votre place et tout le reste s’ajustera en conséquence. Vous apprendrez plus vite et plus en profondeur. Votre qualification professionnelle atteindra un point où vous pourrez revendiquer votre indépendance par rapport au groupe dans lequel vous travaillez, et vous pourrez vous installer à votre compte. Dans un monde où il y a tant d’éléments qui nous échappent ou nous dépassent, vous aurez acquis une forme suprême de pouvoir. Vous choisirez votre style de vie.

5 stratégies pour découvrir l’œuvre de toute une vie

Revenir Ă  ses origines — la stratĂ©gie de l’inclination primale : pour la plupart des maĂ®tres, le penchant vers une discipline ou une activitĂ© s’est prĂ©sentĂ© dès le plus jeune âge. RemĂ©morez-vous ce qui obsĂ©dait lorsque vous Ă©tiez plus jeune.

Occuper le crĂ©neau idĂ©al — la stratĂ©gie darwinienne : trouvez le point oĂą vos centres d’intĂ©rĂŞts s’alignent avec vos objectifs pour identifier quelle niche particulière vous pourriez dominer.

Éviter les voies sans issue — la stratĂ©gie de la rĂ©bellion : nous sommes attirĂ©s par certains domaines pour de mauvaises raisons, comme l’argent, la gloire, ou l’influence familiales et la pression parentale. Rebellez-vous contre ces forces extĂ©rieures et soyez honnĂŞte quant Ă  votre dĂ©finition de la rĂ©ussite.

Se libĂ©rer du passĂ© — la stratĂ©gie de l’adaptation : refusez de vous trouver enchaĂ®nĂ© Ă  un poste, Ă  un plan, et rejetez le prĂ©texte fallacieux de la persĂ©vĂ©rance comme excuse Ă  la stagnation dans une dynamique qui ne vous convient pas.

Trouver le chemin du retour — jouer son va-tout : vous serez tentĂ© de dĂ©vier du chemin Ă©tabli dans votre poursuite de la maĂ®trise, et cela arrivera sĂ»rement. N’oubliez pas que cette dĂ©viation n’est pas dĂ©finitive et que le chemin sera toujours disponible pour y revenir.

2. Se soumettre Ă  la rĂ©alitĂ© : l’apprentissage idĂ©al

Ce que Greene nous en dit : Après les Ă©tudes, on entre dans la phase la plus critique de son existence : une deuxième Ă©ducation, sur le terrain cette fois, appelĂ©e apprentissage. Chaque fois que l’on change de carrière ou que l’on acquiert de nouvelles compĂ©tences, on entre dans une nouvelle phase de son existence. Les pièges ne manquent pas. Si l’on n’y prend pas garde, on cède aux doutes, on s’embrouille dans des questions affectives et des conflits qui dominent nos pensĂ©es ; on traĂ®ne toute sa vie des peurs et des difficultĂ©s d’apprentissage. Avant qu’il ne soit trop tard, il faut apprendre les leçons et suivre le chemin tracĂ© par les grands maĂ®tres du passĂ© et du prĂ©sent : une sorte d’apprentissage idĂ©al qui transcende tous les domaines. Ce faisant, on acquiert les compĂ©tences nĂ©cessaires, la discipline de l’esprit et l’indĂ©pendance de pensĂ©e, qui prĂ©parent aux dĂ©fis crĂ©atifs sur le chemin de la maĂ®trise.

Ce qu’on en retient :

Comme Darwin qui rata ses études de médecine (il ne supportait pas la vue du sang) et les diverses positions ecclésiastiques assurées par son père pour finalement s’embarquer comme naturaliste sur le Beagle contre l’avis de celui-ci pour suivre son amour de la nature et du grand air, intégrez le fait que le but d’un apprentissage n’est ni l’argent, ni la position sociale, ni un titre ou un diplôme quelconques, mais la transformation de votre esprit et de votre caractère vers une vraie maîtrise. Cela signifie que vos choix professionnels comme géographiques doivent être définis en fonction des possibilités d’apprendre qu’ils entraînent, et non des récompenses matérielles qui leur sont liées.

Les trois étapes de la phase d’apprentissage

Première Ă©tape : l’observation attentive — mode passif

La pire erreur que l’on puisse commettre pendant les premiers mois d’apprentissage, c’est de croire qu’il faut attirer l’attention, impressionner les gens et s’affirmer. Ce type d’attitude encombre l’esprit et le ferme à la réalité. On commence par observer ceux qui réussissent dans notre domaine et on tente de saisir les règles et les stratégies en les étudiant.

Deuxième Ă©tape : l’acquisition de connaissances — mode pratique

D’abord, il est vital de commencer par une compĂ©tence que vous maĂ®trisez dĂ©jĂ , et qui servira de base Ă  l’acquisition des autres. Vous devez bannir de votre esprit l’idĂ©e que vous pouvez apprendre plusieurs compĂ©tences en mĂŞme temps. Vous devez dĂ©velopper votre capacitĂ© de concentration, et comprendre que le fait de courir plusieurs lièvres Ă  la fois dĂ©molira le processus. Ensuite, les phases initiales de l’apprentissage ont toujours quelque chose de fastidieux. Alors, plutĂ´t que de fuir les rĂ©pĂ©titions lassantes, vous devez les accepter et les assumer. Les moments rebutants, inhĂ©rents au dĂ©but de tout apprentissage, aguerrissent l’esprit, comme l’exercice physique par exemple. Trop de gens croient que tout doit ĂŞtre agrĂ©able dans la vie, cela les conduit Ă  rechercher en permanence des distractions et court-circuite leur processus d’apprentissage. Greene insiste sur l’importance de la concentration et de la rĂ©pĂ©tition, qui permet de reprogrammer les zones de notre cerveau dĂ©diĂ©es Ă  l’activitĂ© concernĂ©e. Il estime Ă  10 000 heures le temps minimal nĂ©cessaire Ă  la maĂ®trise de toute discipline.  

Troisième Ă©tape : l’expĂ©rimentation — mode actif

Au fur et à mesure de l’acquisition de nouvelles compétences et connaissances, il est impératif de les mettre en application et de se les approprier, d’expérimenter concrètement le savoir appris, afin de se créer ses propres règles.

7 stratégies fondamentales pour optimiser son processus d’apprentissage

Gagner moins pour apprendre plus : Comme Einstein qui travaillait à un poste subalterne peu exigeant au Bureau des Brevets afin de conserver temps et énergie pour ses propres recherches, apprenez à vous contenter de peu matériellement et ménagez-vous du temps pour apprendre le plus possible.

Élargir ses horizons : Rencontrez le plus de personnes différentes possible, et dès que vous sentez que vous vous installez dans un cercle confortable, forcez-vous à chercher de nouveaux défis et à secouer votre routine.

Retrouver un sentiment d’infĂ©rioritĂ© : Au moment oĂą l’on pense maĂ®triser quelque chose, on cesse d’apprendre. Il faut conserver l’état d’esprit de l’apprenti tout au long de notre vie, et nous souvenir qu’il y a toujours plus Ă  apprendre.

Faire confiance au processus : La maĂ®trise prend du temps. Tant que vous continuez d’apprendre, vous avancez vers elle.  

Aller au-devant de la souffrance et de la rĂ©sistance : Dès que l’on devient « bon Â» Ă  quelque chose, on a tendance Ă  s’y prĂ©lasser parce que c’est facile et familier. Suivez le chemin de la rĂ©sistance en vous imposant de vrais dĂ©fis, en vous confrontant Ă  vos points faibles pour les dominer.

Apprendre de ses Ă©checs : Quand un appareil tombe en panne, c’est la pièce dĂ©fectueuse qui nous montre oĂą il pourrait ĂŞtre amĂ©liorĂ©. Traitez vos Ă©checs de la mĂŞme façon, comme des opportunitĂ©s d’amĂ©lioration.

Expérimentez, toujours : Ne vous contentez pas d’apprendre les recettes et le nom des outils, utilisez-les. Et ne restez pas bloqué sur une voie figée, mais essayez sans cesse de nouvelles approches.

3. Absorber le pouvoir des maĂ®tres : la dynamique du mentor

Ce que Greene nous en dit : La vie est courte : on ne dispose que d’un temps limitĂ© pour apprendre et faire preuve de crĂ©ativitĂ©. Sans encadrement, on peut perdre de prĂ©cieuses annĂ©es en glanant de la connaissance et de la pratique auprès de diffĂ©rentes sources. Mieux vaut suivre l’exemple des maĂ®tres de tous les temps et trouver le mentor idoine. La relation entre un mentor et son protĂ©gĂ© est la forme d’apprentissage la plus efficace et la plus fĂ©conde. Un mentor digne de ce nom sait comment lancer des dĂ©fis Ă  son protĂ©gĂ©, et lui apprendre Ă  se concentrer. On assiste Ă  un transfert de connaissances et d’expĂ©rience. Le mentor juge de façon immĂ©diate et rĂ©aliste le travail de l’élève, qui peut ainsi s’amĂ©liorer rapidement

Ce qu’on en retient :

Pour apprendre, il faut de l’humilitĂ©. On doit admettre qu’il existe, dans chaque domaine, des gens qui en savent plus que soi. Leur supĂ©rioritĂ© ne dĂ©coule pas de leurs talents ni de leurs privilèges, mais de leur expĂ©rience, et leur autoritĂ© de leur maĂ®trise. Si l’on refuse cette Ă©vidence, et que l’on conteste toute forme d’autoritĂ©, on en conclut Ă  tort que l’on peut aussi facilement apprendre tout seul et que seul l’autodidacte est authentique. MĂŞme si nous avons des enseignants, nous avons tendance Ă  ne pas tenir entièrement compte de leurs conseils, et nous prĂ©fĂ©rons souvent faire les choses Ă  notre façon. Nous allons jusqu’à croire que le fait de critiquer les maĂ®tres est preuve d’intelligence, et qu’en se montrant docile, on fait preuve de faiblesse. Pourtant, en reconnaissant le besoin d’enseignement, on n’abandonne nullement sa dignitĂ©, on assume simplement une situation provisoire de faiblesse, que le mentor peut nous aider Ă  surmonter. La raison pour laquelle vous avez besoin d’un mentor est simple : la vie est courte. Les ressources Ă  votre disposition sont limitĂ©es en temps et en Ă©nergie. Vous pouvez certes accomplir votre apprentissage grâce Ă  des livres, Ă  votre expĂ©rience personnelle et Ă  des conseils glanĂ©s au hasard, mais ce processus est empirique, et vous ne trouverez pas, dans les livres, d’informations adaptĂ©es Ă  votre situation et Ă  votre cas particulier. On peut certes apprendre par soi-mĂŞme, mais il faut souvent des annĂ©es pour comprendre en profondeur le sens des choses. Il est toujours possible de pratiquer seul, mais on risque de ne pas avoir de norme ou d’étalon pour se juger de façon objective. Les mentors ne constituent pas un raccourci, mais ils permettent de procĂ©der de façon mĂ©thodique. Leurs connaissances et leur expĂ©rience deviennent les vĂ´tres. Ils peuvent vous Ă©viter de commettre des erreurs et de vous engager inutilement dans des impasses. Ils voient comment vous vous dĂ©brouillez et rĂ©agissent en temps rĂ©el, ce qui rend votre entraĂ®nement d’autant plus efficace. Leurs conseils sont adaptĂ©s Ă  votre situation et Ă  vos besoins. Ce qui vous aurait pris dix ans tout seul, vous l’apprendrez en cinq ans si vous ĂŞtes bien encadrĂ©.

Mais on a beau se soumettre à l’autorité d’un mentor pour assimiler ses pouvoirs au plus haut niveau, on ne doit pas pour autant demeurer passif pour y arriver. Il est important de choisir son mentor en fonction de ses propres besoins et inclinations, d’accueillir avec bienveillance ses critiques constructives, de s’approprier ses idées et de les adapter à sa propre perception pour ne pas se contenter de l’imiter mais viser à le dépasser.

4. Voir les gens tels qu’ils sont : l’intelligence relationnelle

Ce que Greene nous en dit : Le principal obstacle dans la quĂŞte de la maĂ®trise est souvent l’usure affective causĂ©e par la rĂ©sistance et les manipulations de notre entourage. Si nous n’y prenons pas garde, notre esprit s’emberlificote dans une suite ininterrompue d’intrigues politiques et de chamailleries. Le principal problème que nous affrontons sur le plan relationnel est la naĂŻvetĂ© avec laquelle nous projetons sur les gens nos besoins affectifs et nos dĂ©sirs du moment. Nous interprĂ©tons mal leurs intentions et nos rĂ©actions crĂ©ent confusion et conflits. L’intelligence relationnelle est la capacitĂ© Ă  voir les gens sous un jour aussi rĂ©aliste que possible. En dĂ©passant notre Ă©gocentrisme innĂ©, nous apprenons Ă  nous focaliser en profondeur sur les autres, Ă  dĂ©crypter leur comportement du moment, Ă  percevoir ce qui les motive et Ă  dĂ©masquer toute tentative de manipulation. En Ă©voluant sans heurts au sein de notre environnement humain, nous avons davantage de temps et d’énergie pour nous concentrer sur l’apprentissage et l’acquisition de compĂ©tences. Les succès que nous obtenons sans cette intelligence ne constituent pas une vraie maĂ®trise, et ne durent pas.

Ce qu’on en retient :

Greene sĂ©pare la connaissance de l’autre en deux orientations : la connaissance spĂ©cifique de la nature humaine, c’est-Ă -dire la capacitĂ© Ă  comprendre l’individu, et la connaissance gĂ©nĂ©rale, c’est-Ă -dire l’accumulation de savoir quant aux schĂ©mas rĂ©currents des comportements et modes de pensĂ©e humains, principalement les dĂ©fauts.  

La connaissance spĂ©cifique exige de se distancier du discours des gens et de prĂŞter plutĂ´t attention Ă  leur ton, leur langage corporel, afin de distinguer les Ă©motions qui les animent qui ne passent pas verbalement. La connaissance gĂ©nĂ©rale consiste Ă  voir les gens tels qu’ils sont rĂ©ellement, sans les idĂ©aliser ou les diaboliser, mais en identifiant lesquelles des « 7 rĂ©alitĂ©s qui tuent Â» les animent : envie, conformisme, rigiditĂ©, nombrilisme, paresse, versatilitĂ©, agressivitĂ© passive sont tous des traits de caractère prĂ©sents en chacun de nous en diverses proportions et qui influent bien plus que nous l’admettons sur l’ensemble de nos dĂ©cisions et comportements relationnels.

4 stratégies pour acquérir l’intelligence relationnelle

Faire parler son travail : Lorsqu’on est confrontĂ© Ă  des pressions ou des manĹ“uvres au sein de son groupe, il faut garder la tĂŞte froide et refuser de se laisser consumer par la mesquinerie. En restant concentrĂ© et laissant votre travail parler pour vous, vous continuerez Ă  apprendre tout en vous distinguant de ceux qui parlent beaucoup mais n’accomplissent rien.

Se donner l’image qui convient : Il ne faut pas voir les notions de “personnage” et de “masque” sociaux comme de l’hypocrise ou de la manipulation. Ce sont des phénomènes normaux et inévitables dans l’arène sociale, il est donc juste d’en tenir compte et de l’utiliser à son avantage, en affichant une personnalité attirante et fiable.

Se voir tel que les autres nous voient : Nous avons tous des défauts sociaux (trop bavard, impatient, inattentif…) qui vont d’inoffensifs à potentiellement désastreux. Il est important de faire taire notre ego et de les reconnaître, pour pouvoir les garder sous contrôle voire en faire une force, une spécificité, ou les neutraliser, par l’humour ou l’humilité.

Supporter la bĂŞtise : Lorsqu’on a Ă  faire avec des personnes que nous considĂ©rons comme des imbĂ©ciles ou Ă  des rĂ©actions que nous trouvons stupides, il est important de se souvenir que nous aussi avons parfois des rĂ©actions ou habitudes que d’autres trouvent stupides. En reconnaissant ce travers et sa subjectivitĂ©, on Ă©vite la tâche vaine de tenter de les changer et on apprend Ă  les tolĂ©rer, voire Ă  s’en amuser avec bienveillance ou, Ă  tout le moins, indiffĂ©rence.

La phase créative-active

5. Redimensionner son esprit en devenant créatif-actif

Ce que Greene nous en dit : Au fur et Ă  mesure que l’on acquiert des compĂ©tences et que l’on intègre les règles de son milieu, on souhaite devenir plus autonome et suivre davantage ses propres inclinations. Les obstacles qui empĂŞchent cette dynamique crĂ©ative naturelle de s’épanouir ne relèvent pas d’un manque de talent, mais d’une attitude inadaptĂ©e. Quand on s’inquiète inutilement, on a tendance Ă  adopter des opinions toutes faites, en s’intĂ©grant au groupe et en appliquant les procĂ©dures que l’on a apprises. Mais c’est le contraire de ce Ă  quoi on doit tendre. En sortant de la phase d’apprentissage, il faut devenir plus audacieux. Au lieu d’être satisfait de ce que l’on connaĂ®t, on doit Ă©tendre le champ de son savoir Ă  des domaines voisins et nourrir son esprit pour qu’il crĂ©e de nouvelles associations entre des idĂ©es diffĂ©rentes. On doit prendre des risques et Ă©tudier les problèmes sous tous les angles possibles. En acquĂ©rant une pensĂ©e plus souple, on parvient Ă  distinguer des aspects de plus en plus divers de la rĂ©alitĂ©. Au bout du compte, on se retourne contre les règles mĂŞmes que l’on a intĂ©grĂ©es en les reformulant Ă  sa convenance. C’est cette libertĂ© qui conduit aux sommets du pouvoir.

Ce qu’on en retient :

Comme Mozart, qui après vingt ans d’apprentissage et d’impression de ne jouer et de ne composer, mĂŞme Ă  la perfection, que la « musique des autres Â», se brouilla avec son entourage et se livra corps et âme Ă  sa passion de l’opĂ©ra, il s’agit de se libĂ©rer des routines acquises et de laisser libre cours Ă  son audace.

3 étapes pour cheminer dans le processus créatif

Première Ă©tape : la tâche crĂ©ative

La tâche sur laquelle vous choisissez de travailler doit avoir un côté obsessionnel. Chez Mozart, ce n’était pas la musique en général, mais l’opéra. C’est l’engagement affectif dans ce que vous faites qui déterminera votre succès. Avec un intérêt aussi viscéral, vous pouvez survivre à tous les échecs, à de longs mois de travail fastidieux, à la difficulté indissociable de l’action créatrice. Vous pouvez ignorer ceux qui sèment le doute et la critique. Vous vous sentez personnellement impliqué dans la résolution du problème et vous ne connaissez pas le repos tant que ce n’est pas fait.

Deux avertissements cependant : en premier lieu, la tâche que vous vous fixez doit ĂŞtre rĂ©aliste. Pour rĂ©aliser votre but, il vous faudra peut-ĂŞtre apprendre quelques nouvelles choses, mais vous devez avoir la maĂ®trise de vos bases et possĂ©der une connaissance du domaine suffisamment solide pour que votre esprit puisse se concentrer sur les thèmes les plus avancĂ©s.

En second lieu, il faut renoncer Ă  tout espoir de confort et de sĂ©curitĂ©. Les efforts crĂ©atifs sont par nature risquĂ©s. Si vous vous inquiĂ©tez de ce que vont penser les autres ou des consĂ©quences sur la place que vous occupez dans le groupe, si vous pratiquez l’autocensure en fonction des conventions en vigueur, les idĂ©es dont vous accoucherez seront ternes et molles. Si vous avez peur de l’échec, ou d’une pĂ©riode d’instabilitĂ© mentale et financière, votre manque de confiance se retrouvera dans les rĂ©sultats. Pensez comme un explorateur : vous ne dĂ©couvrirez rien de nouveau si vous refusez de quitter la cĂ´te.

Deuxième Ă©tape : les stratĂ©gies de crĂ©ation

L’esprit est comme un muscle qui s’atrophie s’il n’est pas utilisĂ©. Il y a deux causes Ă  cela : premièrement, nous prĂ©fĂ©rons cultiver toujours les mĂŞmes pensĂ©es et la mĂŞme façon de rĂ©flĂ©chir car cela nous donne un sentiment de permanence et de familiaritĂ©. Le fait de pratiquer les mĂŞmes mĂ©thodes nous Ă©pargne bien des efforts. Deuxièmement, plus nous progressons dans la tâche crĂ©atrice, moins nous tenons compte d’éventuelles alternatives et points de vue diffĂ©rents. Cette tendance au laisser-aller est universelle, mieux vaut ne pas l’ignorer. Son seul antidote est de mettre en place des stratĂ©gies qui libèrent l’esprit et notamment :

– Cultiver la capacitĂ© nĂ©gative, c’est-Ă -dire accueillir et supporter l’incertitude lorsque nous nous enferrons dans l’habitude

– Laisser place Ă  la sĂ©rendipitĂ©, c’est-Ă -dire Ă  l’aptitude Ă  percevoir les dĂ©couvertes inattendues et Ă  en tirer le meilleur, comme Pasteur le fit pour le vaccin contre la rage en utilisant un phĂ©nomène dĂ©couvert par hasard

– Faire alterner la provenance de nos pensĂ©es entre ce que nous percevons et nos pensĂ©es profondes, c’est-Ă -dire accorder autant de valeur Ă  l’empirisme qu’à la pensĂ©e purement thĂ©orique, et les confronter

– Changer de point de vue, en tentant toujours de percevoir problèmes et rĂ©flexions sous diffĂ©rents angles, du gĂ©nĂ©ral au dĂ©tail, du prĂ©sent Ă  l’absent, du pourquoi au comment.

– Revenir aux formes primales de l’intelligence, en pensant plus loin que le langage et en tenant compte du non verbal, du visuel, du perçu.

Troisième Ă©tape : la percĂ©e crĂ©ative

Quand nous nous consacrons de façon obsessionnelle Ă  la rĂ©solution d’un seul problème, nous nous y Ă©touffons jusqu’à parvenir Ă  un point de blocage. Nous nous disons que tout cela ne mène Ă  rien. Des moments pareils signalent au cerveau qu’il doit s’abandonner pour une pĂ©riode aussi longue que nĂ©cessaire, et la plupart des gens crĂ©atifs acceptent cela. Quand nous lâchons prise, les idĂ©es et leurs associations continuent Ă  mĂ»rir dans notre subconscient. Une fois dĂ©livrĂ© de la sensation d’étouffement, le cerveau peut revenir au sentiment initial de passion et de vivacitĂ©, puissamment renforcĂ© par la somme de travail fourni. Le cerveau peut alors parvenir Ă  une synthèse nouvelle, qui demeurait inaccessible tant que la concentration restait Ă  son paroxysme.  Le secret est de rendre ce processus conscient en admettant l’importance et l’utilitĂ© de la frustration et des obstacles rencontrĂ©s.

Certains de ces obstacles nous menacent d’ailleurs de l’intĂ©rieur : complaisance, dĂ©pendance (envers nos mentors par exemple), impatience, Ă©gotisme, inflexibilitĂ© sont autant de pièges Ă  Ă©viter dans la phase crĂ©ative-active. 

9 stratégies pour renforcer la phase créative-active

La voix authentique : Le plus grand obstacle à la créativité est l’impatience. Mais pour trouver son propre langage, encore faut-il en maîtriser le vocabulaire d’origine. Quiconque passe dix ans à s’imprégner des techniques et des règles de son domaine, les explore, les répète, et les personnalise, trouve nécessairement à exprimer sa voix de façon authentique.

La moisson abondante :Mieux vaut se pencher sur dix faits insolites, dont un seul conduira à une grande découverte, qu’étudier vingt idées porteuses de succès, mais aux conséquences insignifiantes. Soyez vigilant, toujours à la recherche d’une anomalie exceptionnelle.

L’intelligence mĂ©canique : Au bout du compte, c’est par la maĂ®trise supĂ©rieure du mĂ©tier que vous l’emporterez, et non avec des arguments commerciaux. La maĂ®trise technique (mĂŞme dans le domaine des idĂ©es) est une forme supĂ©rieure de crĂ©ativitĂ©.

Les pouvoirs naturels : Donnez à l’imagination le temps de rêver et de vagabonder, pour démarrer de façon floue et totalement ouverte. Laissez le projet s’associer à des émotions puissantes, qui surgissent naturellement quand vous vous concentrez sur vos idées. Il est toujours facile de préciser ces dernières ultérieurement et de rendre le projet de plus en plus réaliste et rationnel. Mais si dès le début, vous vous sentez soumis aux pressions du financement, de la concurrence, de l’avis du premier venu, vous bloquez les capacités d’association du cerveau et effacez de cette tâche toute trace de joie.

Le champ libre : ne confondez pas nouveauté avec spontanéité échevelée. Rien n’apparaît plus rapidement répétitif et lassant que l’expression libre, quand elle n’est pas fondée sur la réalité et la discipline. Apportez à votre idée nouvelle toute la connaissance que vous avez de votre domaine, en vous donnant le champ libre pour implanter quelque chose de neuf mais cohérent.

Le haut de gamme : Votre projet du moment doit toujours ĂŞtre inscrit dans quelque chose de plus grand : une question plus vaste, un objectif Ă  long terme. Dès que votre travail commence Ă  vous Ă©touffer, reprenez de l’altitude et rappelez-vous le but initial. En vous remettant continuellement dans le contexte gĂ©nĂ©ral, vous Ă©viterez de vous enliser dans la technique pour la technique.

Le dĂ©tournement Ă©volutionniste : La vĂ©ritable crĂ©ativitĂ© est inscrite dans nos gènes, issue de notre ouverture d’esprit et de notre adaptabilitĂ© en tant qu’espèce. Quand nous tombons sur quelque chose de nouveau, il nous faut ĂŞtre capables de l’étudier sous diffĂ©rents angles et d’y discerner le potentiel cachĂ© en plus de ce qui est Ă©vident, comme le faisaient nos ancĂŞtres.

La pensée redimensionnée :Ne nous pressons pas. Privilégions l’approche globale. Observons notre objet d’étude sous autant d’angles possibles, donnant à notre pensée des dimensions nouvelles. Sachons que les parties d’un tout réagissent les unes sur les autres, et ne sauraient être totalement séparées.

L’alchimie de la créativité et de l’inconscient : Pour penser de façon créative, il faut explorer activement les parties inconscientes et contradictoires de notre personnalité et rechercher des tensions et des contradictions analogues dans le monde en général.

La Maîtrise

6. Fusionner l’intuitif et le rationnel : la maĂ®trise

Ce que Greene nous en dit : Nous avons tous accès Ă  une forme d’intelligence qui nous permet de mieux voir le monde, de prĂ©voir les tendances et de rĂ©agir avec agilitĂ© et prĂ©cision en toutes circonstances. Cette intelligence se cultive en s’immergeant dans un domaine d’étude et en restant fidèle Ă  ses propres inclinations, aussi incongru que cela paraisse Ă  nos contemporains. Par immersion intense pendant de longues annĂ©es, nous intĂ©grons et nous acquĂ©rons une perception intuitive des Ă©lĂ©ments complexes de notre domaine. Quand nous avons cette perception intuitive des processus rationnels, nous Ă©largissons les limites de notre esprit et de notre potentiel et nous touchons au cĹ“ur secret de la vie mĂŞme. Nous obtenons des pouvoirs comparables avec la force et la vitesse instinctive des animaux, mais couronnĂ©s par la conscience humaine. Notre cerveau est fait pour ça, et il nous conduit naturellement Ă  ce type d’intelligence si nous suivons nos inclinations jusqu’au bout.

Ce qu’on en retient :

D’Einstein Ă  Proust, tous les grands maĂ®tres d’une discipline dĂ©crivent la mĂŞme sensation de vision supĂ©rieure. Ils parviennent Ă  saisir en un Ă©clair l’entièretĂ© d’une situation grâce Ă  une image ou une idĂ©e, ou Ă  une combinaison des deux. Ils font alors l’expĂ©rience de ce qu’est la puissance de l’intuition. Curieusement, cette forme d’intelligence est soit ignorĂ©e, soit attribuĂ©e au gĂ©nie et Ă  la gĂ©nĂ©tique, soit enfin Ă©cartĂ©e comme relevant des domaines de la mystique ou de l’occulte. Certains cherchent mĂŞme Ă  discrĂ©diter de façon gĂ©nĂ©rale ce type de pouvoir, affirmant que les maĂ®tres exagèrent leur expĂ©rience et que cette « vision supĂ©rieure Â» doit ĂŞtre une forme de pensĂ©e rationnelle, cartĂ©sienne, soit un peu plus rapide que les autres, soit tout bonnement miraculeuse. Elle est pourtant Ă  la fois le signe et la condition sine qua non de la maĂ®trise. Et lorsqu’elle ne vient pas spontanĂ©ment, certaines stratĂ©gies peuvent permettre de s’en approcher et surtout, d’atteindre le « facteur x Â», cette dĂ©cision unique qui va faire basculer la vision vers son accomplissement.  

Stratégies pour atteindre la vraie maîtrise

ĂŠtre branchĂ© sur son milieu — les pouvoirs primaux : La capacitĂ© Ă  se connecter Ă  son environnement est la forme de maĂ®trise la plus primale et peut-ĂŞtre la plus puissante que le cerveau puisse atteindre. Les outils virtuels que nous utilisons aujourd’hui doivent rester cela, des outils, et ne pas abrutir notre cerveau ni nos sens.

Jouer sur ses points forts — la concentration ultime : La maĂ®trise est comme la natation : il est trop difficile de s’en approcher lorsque nous crĂ©ons notre propre rĂ©sistance ou que nous nageons Ă  contre-courant. Il faut connaĂ®tre ses points forts et abonder dans leur sens.

Se transformer par la pratique — le dĂ©veloppement du doigtĂ© : Quand on acquiert une technique complexe, on est tenu de maĂ®triser une sĂ©rie d’automatismes qui se complètent les uns les autres. Chaque fois qu’une action devient automatique, l’esprit se libère pour se focaliser sur quelque chose de plus Ă©levĂ©. Ă€ la fin du processus, quand nous n’avons plus de techniques de base Ă  apprendre, le cerveau a assimilĂ© une quantitĂ© inouĂŻe d’informations qui se sont gravĂ©es dans notre système nerveux. L’ensemble des tâches est dĂ©sormais intĂ©grĂ© en nous et nos gestes s’enchaĂ®nent parfaitement.

IntĂ©grer les dĂ©tails — la force vitale : La plupart des gens n’ont pas la patience d’assimiler les nuances minutieuses qui font intrinsèquement partie de leur travail. Ils veulent simplement obtenir des effets superficiels, et faire sensation. Leur travail trahit leur manque d’attention aux dĂ©tails : il n’établit pas de lien profond avec le public, il est peu convaincant. S’il attire l’attention, c’est de façon fugace. Nous devons considĂ©rer ce que nous produisons comme ayant une vie et une prĂ©sence en soi, vibrante et viscĂ©rale. Un personnage de roman par exemple ne prend vie pour le lecteur que si l’auteur s’est donnĂ© le mal d’imaginer les dĂ©tails de son tempĂ©rament. En considĂ©rant notre travail comme quelque chose de vivant, notre chemin vers la maĂ®trise consiste Ă  Ă©tudier et intĂ©grer ces dĂ©tails de façon universelle.

Élargir son champ visuel — la perspective globale : Dans tout environnement concurrentiel oĂą il y a des gagnants et des perdants, la personne qui a la perspective la plus large, la plus globale l’emporte, parce qu’elle est capable de prendre du recul en gardant Ă  l’esprit la portĂ©e universelle de son travail et pas seulement son influence immĂ©diate et ses rĂ©sultats.

Se soumettre Ă  l’autre — le retournement de perspective : on ne peut jamais refaire exactement l’expĂ©rience de quelqu’un d’autre. Mais la source primale de l’intelligence humaine est le dĂ©veloppement des neurones miroirs qui nous donnent la capacitĂ© de nous mettre Ă  la place de l’autre et d’imaginer son expĂ©rience, autrement dit la vĂ©ritable empathie. En le cĂ´toyant en permanence et en essayant de penser Ă  travers lui, on amĂ©liore la perception de son point de vue, Ă©largissant encore ainsi le nĂ´tre. 

Greene conclut sur les notions de synthèse des savoirs et d’homme universel. Certains aspects des technologies modernes nous offrent des moyens inĂ©dits pour Ă©tablir des liens entre les domaines et les idĂ©es. Les barrières artificielles dressĂ©es entre les arts et les sciences peuvent se dissoudre sous l’ardeur Ă  connaĂ®tre et Ă  exprimer notre rĂ©alitĂ© commune. De toutes les façons possibles, il faut s’efforcer de faire partie de ce processus d’universalisation et d’étendre ses connaissances Ă  des branches de plus en plus diverses. Nous en serons rĂ©compensĂ©s par la richesse des idĂ©es qui naĂ®tront au fil de cette quĂŞte.