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Choisir l’emplacement de son cabinet : les 9 critères de sélection fondamentaux
(Article basé sur l’ouvrage Dentistry’s guide : Choosing the right location par Jayme Amos)
Le choix du lieu d’implantation d’un nouveau cabinet, qu’il s’agisse d’une première installation ou d’une délocalisation, est un facteur crucial de sa réussite indépendamment de la qualité du praticien. Le choix d’un quartier par rapport à un autre à quelques rues de distance peut faire une différence de plusieurs dizaines de milliers d’euros par an sur votre chiffre d’affaire, et influer à hauteur de centaines de milliers d’euros de plus ou de moins sur votre retraite à venir. C’est pourquoi cette décision ne doit jamais être le fruit d’un caprice émotionnel ni d’une réflexion partielle, mais naître d’un plan méthodique et exhaustif qui ne négligera aucun aspect du sujet. Dans cet ouvrage de référence, Jayme Amos, loueur, promoteur et négociateur immobilier spécialisé dans les cabinets médicaux et dentaires, résume en neuf points les considérations indispensables au choix de l’emplacement d’un cabinet pour faciliter tant son implantation qu’un succès rapide et surtout, durable.
#1 : La démographie
Jayme Amos résume en 12 éléments-clefs la « check-list » des premières données indispensables à la réflexion, qu’il convient de prendre en compte préalablement à toute considération d’installation. Si certains points peuvent être considérés comme de simples informations utiles qu’il est bon de connaître, d’autres constituent des impératifs absolus devant peser majoritairement dans la décision.
Le nombre d’habitants
Le nombre d’habitants à prendre en compte doit être soit celui de la ville envisagée, soit s’il d’agit d’un village ou d’une installation en périphérie, le nombre d’habitants dans un rayon de cinq kilomètres autour du cabinet. Le strict minimum acceptable est de 2 000 habitants et ce, si vous êtes le seul dentiste, puisqu’il faudra tenir compte du crucial ratio « nombre d’habitants par dentiste » qui sera abordé en fin de liste.
La projection démographique à un an
Il est important de connaître les taux d’augmentation de la population passés et prévisibles à venir, leur régularité et leur importance. Un taux négatif (population en baisse) est à proscrire, puisqu’il témoigne d’un désintérêt et d’une délocalisation progressive des habitants, c’est-à -dire de vos futurs patients. Un taux nul (population constante) doit faire l’objet d’une profonde réflexion quant aux raisons pour lesquelles la ville ou le quartier n’attire pas de nouveaux habitants.
La projection démographique à cinq ans
Il est dans la mĂŞme logique important de pouvoir anticiper ces phĂ©nomènes dĂ©mographiques sur les cinq premières annĂ©es de votre pratique, dĂ©terminantes dans le succès ou l’échec de votre entreprise et souvent dĂ©licates, notamment en tenant compte des nouveaux facteurs d’attractivitĂ© envisagĂ©s par la ville (construction d’hĂ´pitaux, de complexes commerciaux, dĂ©veloppement des transports et des infrastructures…)
La projection démographique à dix ans
Toujours dans la même optique, il est également bon de se projeter aussi loin que possible, afin d’évaluer la valeur de votre cabinet à mesure que vous vous rapprocherez de sa vente et de votre retraite, ou si vous envisagez de louer, de partager ou d’étendre votre affaire à l’avenir. La valeur de la simple entité physique concrète de votre cabinet si vous optez pour l’achat du local professionnel pèsera lourd dans la valeur globale de votre affaire, en tant qu’actif principal. Vous devez vous assurer de ce que cette valeur augmente avec le temps.
Le revenu per capita (ou revenu par habitant)
Il s’agit cette fois d’approfondir les donnĂ©es dĂ©mographiques par des Ă©lĂ©ments socio-Ă©conomiques, en commençant par la mesure du revenu moyen par habitant. Ce chiffre s’obtient en divisant le revenu total de la ville par le nombre d’habitants. Ce montant doit ĂŞtre supĂ©rieur Ă la moyenne rĂ©gionale, qui est elle-mĂŞme de prĂ©fĂ©rence Ă©gale ou supĂ©rieure Ă la moyenne nationale (ces donnĂ©es peuvent aisĂ©ment ĂŞtre trouvĂ©es en ligne auprès des sites dĂ©diĂ©s comme celui du Service public, de la Vie publique, de l’INSEE…)
Le revenu des ménages
Il s’agit cette fois de diviser le revenu total de la ville par le nombre d’adresses administratives, afin de déterminer le revenu moyen par foyer fiscal. Ce chiffre doit également être supérieur ou égal à la moyenne régionale. Cela permet du même coup de se faire une idée de la tendance globale de la ville ou du quartier : majorité de familles nombreuses, de couples d’actifs avec ou sans enfants, de célibataires, de retraités ? Cette donnée sera analysée à la lumière de votre pratique et de vos spécialisations (une ville avec un ratio inférieur à 2,1 personnes par adresse par exemple, c’est-à -dire la moyenne de foyers en construction, ne sera pas forcément propice au développement d’une pratique axée sur l’orthodontie et la dentisterie pédiatrique, puisque témoignant d’une probable forte présence de foyers de célibataires ou de retraités et de l’absence d’enfants en général des foyers.)
Le revenu disponible
En se basant sur le revenu moyen et le coĂ»t de la vie Ă Ă©chelle locale, il faut Ă prĂ©sent Ă©valuer le revenu rĂ©ellement disponible par habitant. En effet, un revenu moyen Ă©levĂ© peut ĂŞtre minĂ© par une chertĂ© du logement et du transport par exemple, comme c’est le cas pour la majeure partie de Paris par exemple, rĂ©duisant drastiquement le revenu effectivement « dĂ©pensable » par les habitants et foyers, et influant sur les possibilitĂ©s de dĂ©veloppement de votre activitĂ© sur des aspects « non vitaux » de la pratique dentaire comme l’esthĂ©tique, la vente de produits complĂ©mentaires…
L’accessibilité
Le réseau de transports en communs, l’accessibilité et la mobilité sont des facteurs qu’il est important de prendre en compte, notamment en rapport avec la démographie. Le manque de routes, de transports publics, l’absence de gares, une vétusté ou une insuffisance des infrastructures peuvent être à l’origine d’une démographie en baisse ou entraîner des délocalisations des travailleurs, pour se rapprocher des sources d’emploi.
L’âge moyen de la population
L’âge moyen de la population est bien évidemment un facteur à prendre en compte, afin d’être cohérent avec ses spécialités (on n’installe pas un cabinet dédié à l’orthodontie pédiatrique dans une ville à dominante de retraités par exemple) et ses objectifs (selon qu’on entend privilégier les nouveaux patients ou miser plus lourdement sur la fidélisation à long terme).
Propriétaires et locataires
Il s’agit d’évaluer le pourcentage de propriétaires et de locataires occupant effectivement les logements dans la ville ou le quartier envisagés. Un environnement présentant un fort taux de propriétaires occupant leur bien indique notamment une sédentarisation plus ancrée et permet d’anticiper moins de départs des habitants à l’avenir, c’est-à -dire une plus grande stabilité de la patientèle à venir.
Le taux d’emploi
En lien direct avec les donnĂ©es relatives aux revenus, le taux d’emploi du quartier par rapport Ă la ville, et de la ville par rapport aux moyennes rĂ©gionale et nationale sont bien Ă©videmment des chiffres Ă connaĂ®tre avant toute implantation. La nature des emplois est Ă©galement un facteur Ă©conomique Ă prendre en compte pouvant influer sur les dĂ©parts d’habitants Ă moyen et court termes (nombre de fonctionnaires, type de fonction publique, durĂ©e dominante des contrats dĂ©terminĂ©e ou indĂ©terminĂ©e, prĂ©sence de pĂ´les d’intĂ©rim ou d’intermittence, fermetures ou ouvertures de grandes entreprises ou usines Ă prĂ©voir…). On favorisera bien sĂ»r les lieux accueillant une fonction publique territoriale nombreuse, ou des entreprises implantĂ©es durablement au turn-over peu important, et un taux d’emploi supĂ©rieur ou au moins Ă©gal Ă la moyenne nationale.
Le ratio habitants par dentiste
Il s’agit probablement du critère le plus important lorsqu’on choisit son lieu d’implantation. Il ne s’agit pas seulement de connaĂ®tre le nombre de confrères concurrents dans une zone donnĂ©e, mais de calculer le nombre moyen d’habitants par dentiste, plus reprĂ©sentatif du vivier potentiel de patients sur lequel vous pourrez tabler. Amos estime que ce chiffre doit ĂŞtre supĂ©rieur ou Ă©gal Ă 2 000, considĂ©rant que 1 000 patients sont un minimum pour assurer la rĂ©ussite d’un cabinet Ă long terme, et qu’une personne sur deux ne procèdera pas au traitement ou au suivi dont elle a besoin. Si ce critère n’est pas rempli, envisager sĂ©rieusement l’implantation malgrĂ© tout exigera une Ă©tude approfondie des autres Ă©lĂ©ments dĂ©mographiques et possibilitĂ©s (tarifs pratiquĂ©s, partenariats avec les mutuelles, probabilitĂ©s rĂ©elles des projections Ă un, cinq et dix ans…). Par ailleurs il devra ĂŞtre Ă©tudiĂ© en rapport avec un autre aspect qui sera Ă©voquĂ© en #3 : les implantations de nouveaux cabinets concurrents Ă prĂ©voir.
Ainsi, l’emplacement idéal selon Amos devrait satisfaire à au moins dix de ces douze facteurs, incluant impérativement le dernier, et ce préalable servir de base de sélection systématisée lorsque plusieurs situations sont envisagées simultanément. Mais il s’agit bien d’un préalable, et de nombreux autres critères vont devoir être étudiés avant de se décider.
#2 : La clause de non-concurrence
Il existe bien Ă©videmment des dizaines d’autres aspects lĂ©gaux Ă envisager lors de la crĂ©ation d’un cabinet comme de toute entreprise (forme juridique, nature des contrats, responsabilitĂ©, assurances…), mais Amos a choisi de rappeler cet aspect parfois curieusement nĂ©gligĂ© lors du choix du lieu d’implantation au grand dĂ©triment du praticien. Si l’ouverture de votre cabinet fait suite Ă une collaboration en tant qu’associĂ© ou intervenant dans un autre cabinet, mĂŞme Ă titre d’étudiant, il est impĂ©ratif, afin d’éviter toute mauvaise surprise en la forme d’un procès pour concurrence dĂ©loyale ou non-respect de la clause de non-concurrence de votre prĂ©cĂ©dent contrat ou accord, de connaĂ®tre et de respecter les conditions posĂ©es par vos prĂ©cĂ©dents employeurs ou partenaires, et que vous avez approuvĂ©es de fait en signant ledit contrat ou accord. Il est Ă©galement bon de rappeler que l’article R 4127-277 du Code de la SantĂ© publique formalise cette obligation mĂŞme Ă dĂ©faut de mention au contrat, puisqu’il dispose : « Le chirurgien-dentiste ou l’Ă©tudiant en chirurgie dentaire qui a Ă©tĂ© remplaçant ou adjoint d’un chirurgien-dentiste pour une durĂ©e supĂ©rieure Ă trois mois consĂ©cutifs ne doit pas exercer avant l’expiration d’un dĂ©lai de deux ans dans un poste oĂą il puisse entrer en concurrence avec ce chirurgien-dentiste, sous rĂ©serve d’accord entre les parties contractantes ou, Ă dĂ©faut, d’autorisation du conseil dĂ©partemental de l’ordre donnĂ©e en fonction des besoins de la santĂ© publique. » MĂ©connaĂ®tre ou ignorer cette limitation lĂ©gale peut entraĂ®ner des consĂ©quences dĂ©sastreuses pour un jeune cabinet, son budget (en cas d’obligation de dĂ©part, d’amende ou d’indemnisation) et sa rĂ©putation.
#3 : Les nouveaux cabinets concurrents
Les données démographiques sont on l’a dit, en constante évolution, et la projection concernant le ratio habitants par dentiste doit tenir compte des créations de cabinets dentaires en cours ou à prévoir. Il est notamment impératif d’entretenir son réseau dans les milieux immobiliers et administratifs afin d’avoir accès aux informations indispensables à vérifier la faisabilité de votre projet : combien de dentistes ont récemment acheté ou loué des espaces en passe d’ouvrir à proximité ? Combien de dentistes locaux sont proches de la retraite et ainsi susceptibles de vendre leur cabinet à des confrères plus jeunes ou susceptibles de s’étendre ? S’il n’existe pas de centres dentaires ou complexes hospitaliers à proximité, est-ce prévu et à quel terme ? Non seulement ces informations modifient le ratio habitants par dentistes, mais en outre il n’est jamais bon pour l’attrait de la nouveauté et la publicité engendrée par une ouverture de cabinet de n’être pas la seule « nouveauté » du lieu. Vous perdrez en impact et en curiosité si deux ou trois autres dentistes nouveaux-venus s’installent en même temps que vous à proximité.
#4 : Les opportunités de reprise
Parmi les donnĂ©es Ă©voquĂ©es au point prĂ©cĂ©dent, une information peut vous servir d’une façon diffĂ©rente. Il s’agit de l’âge des confrères et de l’anciennetĂ© des cabinets historiques de la ville ou du quartier. En effet, la reprise d’un cabinet existant, bĂ©nĂ©ficiant dĂ©jĂ d’une patientèle Ă©tablie, rĂ©gulière et fidĂ©lisĂ©e Ă convaincre de rester plutĂ´t que de devoir la fonder de toutes pièces peut ĂŞtre une opportunitĂ© Ă ne pas nĂ©gliger. Cela peut Ă©galement allĂ©ger les formalitĂ©s lĂ©gales ainsi que le montant et la durĂ©e des travaux d’amĂ©nagement, voire ceux de l’acquisition du matĂ©riel, puisque le local repris sera dĂ©jĂ un cabinet dentaire qu’il ne restera plus qu’à rĂ©amĂ©nager. Il conviendra toutefois dans cette hypothèse de ne pas vous focaliser uniquement sur le chiffre d’affaire du cabinet ou votre impression du confrère, mais de tenir compte de l’ensemble des facteurs externes pouvant menacer cette reprise comme une mauvaise rĂ©putation dont le dentiste n’est pas conscient, une image vĂ©tuste ou dĂ©passĂ©e qu’il faudra combattre, une patientèle ne correspondant pas Ă vos spĂ©cialitĂ©s…
#5 : Le marché local (immobilier et taxes)
Amos évoque ici deux aspects majeurs à prendre en compte lors de l’acquisition d’un cabinet : l’état du marché immobilier d’une part, et le montant des taxes locales afférentes d’autre part.
Concernant le premier point, il s’agit bien évidemment de pouvoir répondre à plusieurs questions qui vont de soi, sans en oublier une seule :
– le prix du bien est-il conforme aux prix pratiquĂ©s dans cette zone Ă bien Ă©quivalent, ainsi qu’aux prestations rĂ©elles qu’il affiche ?
– la tendance du marchĂ© dans ce quartier est-elle Ă la hausse ou la baisse ? Depuis combien de temps ?
– qu’est-ce qui explique cette tendance, et cet Ă©tat de fait va-t-il se maintenir / s’aggraver / s’amĂ©liorer ? (gentrification d’un voisinage, autres constructions bĂ©nĂ©ficiant ou nuisant Ă la dĂ©mographie comme un hĂ´pital ou une prison, dĂ©gradation ou reprise de l’emploi, tout ce qui peut influer sur la valeur Ă long terme du bien indĂ©pendamment de l’activitĂ© exercĂ©e).
Pourquoi ces questions ? Parce qu’il s’agit d’anticiper sur le long terme et pas seulement d’envisager la création et l’exploitation de votre cabinet. En effet, il vous faudra un jour prendre votre retraite et vendre soit votre affaire en tant que telle, soit le local lui-même. Il est donc primordial de connaître l’ensemble des tenants et aboutissants influant sur les prix de l’immobilier actuellement à cet endroit, et de s’assurer du maintien de la valeur du bien ou de son augmentation pour les années à venir.
Il en va de mĂŞme concernant les taxes affĂ©rentes Ă votre situation et Ă votre activitĂ©, soit au minimum les taxes foncières, impĂ´ts locaux et taxes professionnelles pratiquĂ©es dans ce quartier, puisque ce poste de budget ne sera jamais dĂ©pendant de votre rĂ©ussite mais fixe et inĂ©vitable. Ne nĂ©gligez aucun facteur ni aucune taxe ou possibilitĂ© de rĂ©duction (montant moyen de la CFE au m², prĂ©sence de zones franches ou soumises Ă dispenses…) Des Ă©conomies substantielles sur cet aspect fiscal peuvent parfois ĂŞtre rĂ©alisĂ©es en optant pour une implantation Ă une rue ou un immeuble près, et chaque Ă©conomie reprĂ©sente concrètement un gain pour votre bĂ©nĂ©fice net.
#6 : Les dangers de la location
La question d’opter pour l’acquisition des murs de votre cabinet ou pour leur location se pose, et y rĂ©pondre va dĂ©pendre de nombreux facteurs qui vous sont bien souvent personnels (budget, projets futurs de sĂ©dentarisation ou de mobilitĂ©…). Amos ne prĂ©tend pas remettre en question les choix de chacun en la matière, et Ă son sens il n’existe pas de « meilleure solution » mais des prĂ©fĂ©rences. En revanche, la location prĂ©sente certains dangers qui sont trop souvent mĂ©connus ou sous-estimĂ©s par les professionnels et qui n’existent pas dans le cadre d’un achat. Le bail professionnel (diffĂ©rent du bail commercial) en France est d’une durĂ©e minimale de 6 ans, et renouvelĂ© tacitement Ă chaque expiration de pĂ©riode pour une pĂ©riode identique. Au-delĂ du risque premier et Ă©vident d’être contraint de quitter les lieux pour toutes sortes de raisons indĂ©pendantes de votre volontĂ© et auxquelles vous ne pourrez rien opposer (non-renouvellement du bail pour usage personnel par le propriĂ©taire, vente du bien, liquidation de succession…), le danger principal rĂ©side dans le pouvoir et les leviers de pression potentielle que vous remettez entre les mains du propriĂ©taire du local Ă la signature d’un bail. Par exemple, certains baux soumettent la transmission, la sous-location ou la vente de l’affaire Ă l’approbation prĂ©alable du propriĂ©taire, ce qui peut se rĂ©vĂ©ler extrĂŞmement problĂ©matique en cas de dĂ©localisation ou d’extension de votre activitĂ©, ou au moment de votre dĂ©part en retraite. Vous ne pourrez pas faire ce que vous voulez de votre cabinet ni vendre Ă qui vous le souhaitez sans qu’un tiers, souvent Ă©tranger Ă votre secteur professionnel, n’ait pourtant son droit de vĂ©to. Il en ira de mĂŞme pour toute sous-location d’espace ou partenariat. Il faut Ă©galement se mĂ©fier des clauses censĂ©ment « type » relatives par exemple au volume sonore ou aux heures d’ouverture qui pourraient offrir une brèche lĂ©gale Ă votre propriĂ©taire en cas de litige si elles ne correspondent pas Ă la rĂ©alitĂ© de votre pratique qui vous est prĂ©sentĂ©e comme « tolĂ©rĂ©e » par le propriĂ©taire (par exemple, le bail stipule que les horaires d’ouverture au public autorisĂ©s par le local vont jusqu’à 18H00 mais vous fermez Ă 18H30 ou 19H00). Vous ne devez signer que ce qui correspondra Ă la rĂ©alitĂ©. De mĂŞme, il est important de dĂ©finir et de formaliser dans le bail au prĂ©alable toutes les possibilitĂ©s et restrictions quant aux travaux et modifications effectuables, Ă la rĂ©partition de la prise en charge de l’entretien des locaux ou aux recours lĂ©gaux en cas de dĂ©saccord et Ă leur impact sur la validitĂ© du bail et votre maintien dans les lieux. La location, si elle n’est ainsi pas en soi Ă proscrire, doit faire l’objet d’un redoublement d’attention quant aux conditions la rĂ©gissant et au devenir de ces conditions Ă long terme.
#7 : Le taux de remboursement des mutuelles locales
Il peut ĂŞtre intĂ©ressant d’effectuer une Ă©tude de marchĂ© des mutuelles les plus rĂ©pandues sur votre lieu d’implantation envisagĂ©, puis de dĂ©terminer lesquelles ont les meilleurs taux de remboursement ou sur quels soins les plus populaires de ces mutuelles prĂ©sentent les meilleurs taux. Sachant qu’en France la SĂ©curitĂ© Sociale ne prend pas du tout ou peu en charge certains traitements comme l’orthodontie pour adultes ou les implants, il peut ĂŞtre bĂ©nĂ©fique de rĂ©aliser des partenariats avec ces mutuelles Ă forte implantation dans votre secteur gĂ©ographique, afin de pouvoir attirer de nouveaux patients sur ces traitements, qui seront Ă la fois plus accessibles et bĂ©nĂ©fiques pour vos patients, vous posant ainsi en quelque sorte en « sauveur » en leur permettant l’accès Ă des soins dont ils n’avaient pas conscience de pouvoir bĂ©nĂ©ficier, et en mĂŞme temps rentables pour votre cabinet. Ces partenariats sont notamment très intĂ©ressants dans les villes dominĂ©es par un « employeur » principal Ă mutuelle unique (arsenal, port de commerce, grande entreprise ou usine…) et avec les administrations et institutions locales (mairies, universitĂ©s…).
#8 : L’agent immobilier
La recherche d’un local professionnel ne devrait pas se faire de façon autodidacte. Il ne s’agit pas de louer un studio pour les vacances, il s’agit du lieu dans lequel vous allez investir la majeure partie de votre budget et passer l’essentiel de votre vie pour de nombreuses années. Votre cabinet est votre premier outil de travail. Vous, vous êtes dentiste, pas agent immobilier, et il n’est ni nécessaire ni même judicieux de vous charger de cette casquette supplémentaire. S’il est important de définir ce que vous voulez sans vous laisser influencer, il est ainsi tout aussi important d’être accompagné dans ce processus par quelqu’un dont c’est le métier, un professionnel qui saura lire entre les lignes et rétrécir le champ de vos recherches. Vous ne choisiriez pas un médecin ou un dentiste sur la seule base d’une sympathie ou d’une « bonne impression ». Il est ainsi primordial de trouver le professionnel de l’immobilier qualifié qui saura soutenir votre démarche avec son expérience et son réseau. Plus concrètement, assurez-vous que l’agent retenu est de préférence spécialisé dans la recherche et la négociation de biens à usage professionnel, et idéalement qu’il a déjà eu l’opportunité de travailler pour plusieurs dentistes et autres professionnels de santé (au moins dix de l’avis d’Amos).
#9 : Les accessoires psychologiques et Ă©motionnels
Ce critère final va regrouper l’ensemble des éléments qui, trop souvent, sont considérés en premier plutôt qu’en tant qu’accessoires. S’ils sont importants du point de vue émotionnel (pour l’acquéreur) et psychologique (pour les futurs patients), ils doivent toutefois venir comme un bonus ou un facteur de décision entre des emplacements remplissant les autres critères et non comme moteurs principaux du choix. Toutefois, au moins trois de ces six éléments sont pour Amos un minimum d’exigence pour mettre toutes les chances de réussite de votre côté.
Des lieux symboliques
Il peut ĂŞtre intĂ©ressant de trouver un emplacement proche d’un bâtiment public ou monument pouvant servir de repère, rendant votre cabinet plus facile Ă trouver pour les patients et l’intĂ©grant dans le paysage familier des prospects (mairie, stade, palais de justice, port, monuments connus de la ville comme certaines statues, parc, gare…). Cette localisation peut mĂŞme ĂŞtre utilisĂ©e dans la crĂ©ation de l’identitĂ© du cabinet si vous n’optez pas pour votre nom propre (cabinet de la gare, cabinet du port…). Un quartier renommĂ© ou symbolique peut Ă©galement faire office de repère Ă dĂ©faut de bâtiment concret.
Un feu de signalisation
C’est un élément auquel on ne pense pas toujours instinctivement, mais transposez-vous dans votre véhicule lorsque vous circulez : lors des arrêts imposés aux feux de signalisation, surtout un peu longs, ne regardez-vous pas par réflexe autour de vous ? N’est-ce pas ainsi que vous avez découvert certains lieux ou professionnels qui vous ont interpellés ? Garages, restaurants, boutiques de toutes sortes peuvent être dénichés hors de votre zone de confort de cette façon, il n’y a pas de raison qu’un cabinet dentaire ne puisse être découvert de la même façon. Un feu de signalisation offrant une visibilité sur l’existence de votre cabinet peut ainsi être un atout, sous réserve que la signalétique adaptée soit mise en place afin d’en tirer avantage.
La signalétique
Que vous bĂ©nĂ©ficiez de la prĂ©sence d’un feu de signalisation ou pas, vous devez quoi qu’il en soit ĂŞtre visible de la rue ou de la route. Plaque, enseigne, emblème, panneau, le support de votre signalĂ©tique dĂ©pendra des possibilitĂ©s de votre environnement et des autorisations affĂ©rentes, et ce critère de possibilitĂ© doit ĂŞtre anticipĂ© lors de la recherche d’emplacement. Les informations minimales qui devraient ĂŞtre visibles pour une signalĂ©tique efficace sont au moins le nom du cabinet, sa spĂ©cialisation en deux mots, le numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone auquel il peut ĂŞtre joint et l’adresse de son site Internet. Une Ă©vidence, qu’il est toutefois bon de rappeler compte tenu des impairs curieusement souvent commis sur ce type de support : la mention « dentiste » ou « cabinet dentaire » doit bien Ă©videmment ĂŞtre la mention la plus visible de votre message ! Sur la forme, Amos recommande avec humour d’être « ennuyeux ». Il ne s’agit pas de rĂ©aliser une Ĺ“uvre d’art ni de risquer de dĂ©tourner l’attention du passant du fond vers la forme, mais de fournir dans les quelques secondes que dure le regard d’un passant ou d’un automobiliste occupĂ© Ă autre chose des informations utiles et faciles Ă retenir. Une couleur de police sombre sur fond clair pour la lisibilitĂ© est recommandĂ©e, de mĂŞme que la mention de votre spĂ©cialitĂ© ou d’une information attractive (toutes mutuelles bienvenues, ouvert le samedi…) plus colorĂ©e pour attirer l’attention et ĂŞtre mĂ©morisĂ©e.
Une proximité hospitalière
Une autre solution mise en place avec succès par certains dentistes est l’installation en clinique, en hôpital ou en centre médical, ou à proximité immédiate de ces infrastructures. Si cette possibilité est moins développée en France qu’aux États-Unis et pas aux mêmes conditions, il s’agit toutefois d’un mode d’exercice en voie de développement ces dix dernières années principalement au sein des CHU, comme à Rouen ou plus récemment à Poitiers, et qui rencontre un franc succès populaire. Cette pratique, au moins durant les premières années d’exercice ou en période de remise en question ou de « creux », peut permettre de voir beaucoup plus de patients qu’en cabinet seul et n’est pas incompatible avec la tenue d’un cabinet privé en sus dans la ville, vers lequel pourront se tourner facilement les patients reçus à l’hôpital pour un suivi plus poussé après leur urgence. En outre, la possibilité de premiers contacts avec ce large panel de prospects ayant réellement besoin de soins que suppose ce type de pratique, et l’opportunité de se forger une patientèle et une réputation en partant de zéro et sans investir lourdement dans la communication et la publicité pour les plus jeunes dentistes, sont des avantages à ne pas négliger.
Le stationnement
Le stationnement peut se rĂ©vĂ©ler un facteur dĂ©terminant de choix d’un praticien pour les patients, surtout en centre-ville. Entre deux cabinets Ă compĂ©tences, rĂ©putation et modernitĂ© Ă©gales, le prospect qui connaĂ®t sa ville choisira immanquablement celui qui offre une possibilitĂ© de stationnement facile et proche. Une facilitĂ© de stationnement est Ă©galement un souci de moins pour vous-mĂŞme et vos collaborateurs, et une source de stress de dĂ©but de journĂ©e qu’il est bon d’éliminer. C’est pourquoi il est important de prendre en compte cet Ă©lĂ©ment dans vos prospections, et de vous assurer soit de l’existence d’espaces de stationnements rĂ©servĂ©s (lors d’une installation dans une rĂ©sidence par exemple) ou suffisamment nombreux dans les alentours immĂ©diats du cabinet, soit de l’existence proche d’un parking qui dispose en permanence de places disponibles (centres commerciaux, parkings souterrains, parkings de plages…). Suivant la situation du local professionnel, sa nature, les autorisations affĂ©rentes et votre budget, si celui qui retient votre attention ne remplit pas ce critère, il peut mĂŞme ĂŞtre envisagĂ© d’investir vous-mĂŞme dans la crĂ©ation ou la location de quelques places de stationnement rĂ©servĂ©es aux alentours immĂ©diats.
Le standing et l’apparence de l’immeuble
Enfin, s’il ne doit pas s’agir de la considĂ©ration principale lors de l’acquisition d’un espace de travail, il est inutile de nier que l’impression purement subjective que nous fait un bâtiment est importante, tant du point de vue de l’acquĂ©reur, puisque c’est l’endroit oĂą vous allez passer le plus clair de votre temps dans les annĂ©es Ă venir, que du point de vue de vos futurs patients, puisque c’est le standing et la beautĂ© de l’endroit qui les impactera avant mĂŞme de vous rencontrer. PrĂŞtez ainsi attention Ă l’état de la façade du bâtiment oĂą se trouve le local, Ă l’ambiance du quartier et de la rue oĂą il se situe, Ă la propretĂ© et Ă l’esthĂ©tique des locaux dans leur globalitĂ© (cage d’escalier, boĂ®tes aux lettres, ascenseurs…). Renseignez-vous sur le voisinage, les nuisances Ă©ventuelles liĂ©es au bruit ou aux odeurs, Ă la frĂ©quentation ou Ă la rĂ©putation…
En conclusion, Amos rappelle que bien évidemment, il est difficile (mais pas impossible !) de dénicher le local idéal satisfaisant à l’ensemble de ces critères de sélection. Ils doivent toutefois être tous envisagés et évalués, et les renoncements ou compromis sur les points qui seront laissés de côté être mûrement réfléchis. Le professionnel de l’immobilier indispensable au soutien de cette démarche que vous aurez choisi sera là pour vous faciliter les choses, qu’il s’agisse de la recherche elle-même ou des démarches administratives une fois votre emplacement en vue. Trouver son lieu d’implantation est la première étape vers la fondation d’un cabinet marqué du sceau de la réussite, et doit donc faire l’objet de toute votre attention et de toute votre motivation. L’étape suivante sera bien évidemment de concevoir l’agencement et l’organisation de votre cabinet lui-même, pour une optimisation de son potentiel et une pratique sereine et cohérente dès le départ.