Bonjour Ă tous,
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Voila une nouvelle synthĂšse dâun livre dĂ©diĂ© au cabinet dentaire :
Harmonie et efficacitĂ© au cabinet dentaire, ou lâart de concilier travail, argent et bonne humeur, edp sciences, 2016
Harmoni-e-efficacité au cabinet dentaire
Câest un concept original de Joseph Bakkers, spĂ©cialiste reconnu de la communication.
Il doit y avoir fusion entre lâharmonie (bonnes relations interpersonnelles, rĂ©flexion et Ă©tude des problĂšmes, balance entre le faire et lâĂȘtre, lâavoir et lâĂȘtre, lâĂȘtre et lâargent) et lâefficacitĂ© (travail rĂ©flĂ©chi, concentrĂ©, soignĂ©, propre, soucieux de la qualitĂ©).
Lâharmoni-e-efficacitĂ© est un Ă©cosystĂšme entre 3 pĂŽles : le dentiste et ses exigences, les patients et leurs exigences, le personnel et ses exigences. Le dentiste ne doit ĂȘtre ni un somptueux Ă©goĂŻste (type 1, qui ne pense quâĂ lui), ni un gĂ©nĂ©reux utopiste (type 2 qui ne pense quâĂ lui et au personnel), ni un gĂ©nĂ©reux suicidaire (type 3, qui ne pense quâĂ ses patients), ni un technocrate (qui ignore le personnel ; profil trĂšs rĂ©pandu dans notre profession).
Il faut se demander quel est le type et la taille du cabinet qui nous correspond, vu le degrĂ© de simplicitĂ©/complexitĂ© dans les relations humaines quâon est prĂȘt Ă gĂ©rer. Il ne faut ni ĂȘtre autoritaire ni « grand frĂšre », mais Ă©tablir un partenariat.
Il faut Ă©valuer autonomie dâexĂ©cution, libertĂ© dâexpression, initiative, capacitĂ© dâinfluence, dialogue hiĂ©rarchique, degrĂ© de participation, coopĂ©ration, dĂ©lĂ©gation, communautĂ© dâobjectifs, nature de lâinformation, communication, emploi des ressources, valorisation du personnel, attitude humaine et efficacitĂ© de lâinformation.
Au cabinet doivent régner climat de confiance, sens des responsabilités et humour (potentiel de distanciation et prise de recul).
Un vrai chef Ă©coute, est clair et a le courage de lâĂȘtre, motive, dĂ©lĂšgue, dĂ©cide, consacre le plus prĂ©cieux de son temps Ă dĂ©velopper une relation respectueuse avec lui-mĂȘme, dĂ©veloppe son humour et conserve son calme en toute circonstance.
DâaprĂšs Jo Bakkers, lâassertivitĂ© comprend le droit dâĂȘtre traitĂ© avec respect de dignitĂ©, dâavoir des sentiments et opinions personnels et de pouvoir les exprimer, dâĂȘtre Ă©coutĂ© et pris au sĂ©rieux, le droit dâĂ©valuer ses besoins, dâĂ©tablir des prioritĂ©s et de prendre des dĂ©cisions personnelles, le droit de dire « non » sans sentiment de culpabilitĂ©, de demander ce quâon veut dans le respect du droit de refuser, quâa aussi lâinterlocuteur, le droit de changer, de se tromper, de demander des Ă©claircissements et dâĂȘtre informĂ©, dâobtenir ce quâon a payĂ©, de dĂ©cider de ne pas ĂȘtre assertif, celui dâĂȘtre indĂ©pendant, de dĂ©cider quoi faire de ses prioritĂ©s, de son corps et de son temps sans violer les droits des autres personnes. LâassertivitĂ© comprend aussi le droit de rĂ©ussir, dâavoir du succĂšs, dâĂ©prouver du plaisir et de la satisfaction, le droit au repos et Ă la solitude (en restant assertif), le droit de se surpasser, voire de surpasser les autres si on peut.
Il faut essayer de faire aux autres ce quâon aimerait quâils nous fassent. Deux tests permettent de se donner une bonne vue sur la dynamique de son cabinet. Le premier concerne la façon dont nous vivons actuellement notre cabinet dentaire, le deuxiĂšme la façon dont nous nous comportons en tant que responsable dâautres personnes.
La charte originale de Jo Bakkers professe que « rien ne personne ne changera autour de moi si je ne change pas dâabord », que « nul ne fera pour moi ce que moi seul dois faire », quâ « il nâest de permanence, celle du changement, « quâil nâest de changement vĂ©ritable et profond que des personnes, quâil nâest de changement profond des personnes qui ne commence par soi-mĂȘme », « quâil nâest de changement profond de soi qui ne vienne du « dedans » », « quâil faut une nĂ©cessaire et suffisante modestie : se connaĂźtre tel quâon est, non tel que lâon sâimagine ĂȘtre ».
Mais comment procĂ©der pour arriver Ă lâhamoni-e-efficacitĂ© ?
Connaissance de soi
« Connais-toi toi-mĂȘme » (Socrate, philosophe grec du VĂšme siĂšcle avant JC).
Il faut observer ce que lâon a crĂ©Ă© (sciemment ou non), sur les 5 ou 10 annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Car cela porte notre marque. Un test permet de faire ce bilan.
Il faut un Ă©quilibre entre lâĂȘtre et le faire (mĂȘme si lâavoir et lâargent comptent aussi). Il ne faut pas ĂȘtre prisonnier du « faire ». Il ne faut pas oublier de penser, de rĂ©flĂ©chir, dâĂȘtre Ă ce que lâon fait. Sinon, on se dĂ©goĂ»te de sa profession. Notre bonheur tient au fait dâavoir un Ă©quilibre, une harmonie entre lâĂȘtre et le faire, entre lâĂȘtre et lâavoir.
Les entitĂ©s « conscient » et « inconscient » comptent aussi. Dans la zone consciente (ou patente) se trouvent le faire, le dire et la moitiĂ© du penser. Dans la zone inconsciente figurent lâautre partie du penser, la boĂźte Ă images (rĂȘves, lapsus, actes manquĂ©s, inconscient incontrĂŽlĂ©âŠ) et le ressenti (Ă©tats dâĂąme). Mais il y a des interactions entre toutes les sphĂšres et le centre, le « moi ».
Dans lâappareil psychique, Freud distinguait un point de vue Ă©conomique (rapports entre conscient et inconscient) et un point de vue topique (statique, lĂ oĂč sont les Ă©lĂ©ments des deux parties).
Dans le point du vue Ă©conomique figurent lâinconscient (les pulsions, de vie et de mort), le principe de plaisir (PP) inconscient et le principe de rĂ©alitĂ© (PR) conscient.
Du point de vue des topiques, on compte une premiĂšre topique comprenant le lieu du refoulĂ© (inconscient) et des conflits (conscient). Dans une deuxiĂšme topique, on trouve le ça (pulsions, refoulĂ©) et le moi (inconscient) et le sur-moi (conscient). Notre inconscient nâa aucun tabou, aucune limite. Notre conscient, lui, est obsĂ©dĂ© par la rĂ©alitĂ© du monde visible.
Lâ « iceberg » humain comprend une partie Ă©mergĂ©e (le conscient), et un inconscient immergĂ© comprenant le prĂ©conscient, le subconscient, lâinconscient et lâinconscient collectif.
La partie consciente est la partie Ă©vidente, patente, logique. Câest la raison, le langage verbalisĂ©, lâĂ©ducation, le cerveau gauche.
La partie inconsciente, câest la partie cachĂ©e, le silence, les motivations et tendances profondes, le lieu des instincts, le cerveau droit.
Par autoanalyse, il faut identifier les besoins non satisfaits, et voir pourquoi il restent non satisfaits.
Il faut parfois suivre sa partie inconsciente, son intuition (en Occident, on fait habituellement lâinverse).
Il faut aussi faire la diffĂ©rence entre notre personne et les personnages que nous jouons (nos masques). Il est plus simple et confortable dâĂȘtre soi-mĂȘme. Plus lâĂ©cart entre lâĂȘtre et le « par ĂȘtre » est grand, plus lâaliĂ©nation est grande. Il faut essayer dâĂȘtre vraiment soi-mĂȘme et voir ce quâil se passe.
Il y a parfois aussi un écart entre notre ùge chronologique et notre ùge psychologique : quel est notre « personn-ùge » quand nous faisons ceci ou cela ? Sommes nous enfants, adolescents ou adultes ?
DâaprĂšs HĂ©sychasme, ceux qui recherchent la paix intĂ©rieure se simplifient la vie, ont tendance Ă agir spontanĂ©ment plutĂŽt quâen rĂ©action Ă des peurs, rĂ©sidus dâexpĂ©riences prĂ©cĂ©dentes. Ils voient leurs problĂšmes sous un autre angle : perdant la crainte du jugement des autres, perdant mĂȘme intĂ©rĂȘt Ă leurs propres jugements et culpabilitĂ©s, ils cessent dâinterprĂ©ter les actions des autres. Ils rĂ©tablissent lâĂ©quilibre, jouent leur propre jeu avec de moins en moins de compĂ©tition et de conflits. Avec moins de capacitĂ© Ă sâinquiĂ©ter, ils libĂšrent du temps pour ce quâils considĂšrent comme essentiel ; ils se regardent avec bontĂ© dans le miroir de leur conscience, se dĂ©couvrent et vivent de frĂ©quents et irrĂ©sistibles moments dâautovalorisation secrĂšte et modeste. Ils privilĂ©gient les solutions Ă©lĂ©gantes, avec le plein sentiment dâĂȘtre connectĂ©s aux autres et avec la nature, sâimaginent avoir 100 ans devant eux, et tout le temps de vivre de mieux en mieux ; ils redonnent sa place Ă la lenteur, et donc gagnent en rapiditĂ© avec une tendance Ă laisser les choses se faire plutĂŽt que de les forcer. Ils ont de frĂ©quentes attaques de sourire qui viennent du cĆur et sâexpriment par le regard. Ils ont une prĂ©disposition augmentĂ©e Ă pardonner, aimer et bĂ©nir les autres, un incontrĂŽlable besoin dâĂ©tendre cet amour toujours plus, et de plus en plus joyeusement.
Observer
La communication non verbale, qui reprĂ©sente 80% de le communication entre individus, est fondamentale : regard, mimiques, voix, gestualitĂ© (« Quand le patient se tait, son corps parle »), posture, proxĂ©nie (proximitĂ©) comptent, de mĂȘme que lâaspect vestimentaire.
Le schĂ©ma « ĂȘtre âpar ĂȘtre (paraĂźtre) » de Jo Bakkers articule le visage, le corps, le contenu verbal et la voix autour du centre, le « paysage humain ». Il nous aide Ă observer lâautre. Un autre schĂ©ma indique comment est perçu le phĂ©nomĂšne humain, qui passe Ă travers 3 Ă©crans : le sensoriel, le nerveux, le cĂ©rĂ©bral de conceptualisation. Avec un patient atteint de dĂ©mence, par exemple, seul le sensoriel demeure : il faut donc utiliser le toucher, le regard et la gestualitĂ© pour entrer en contact.
Dire ce que lâon ressent, pense, veut sans blesser lâautre (adaptation de la mĂ©thode Gordon Ă la mĂ©decine dentaire)
La mĂ©thode Gordon consiste Ă communiquer de maniĂšre vraie, claire et prĂ©cise. Elle est une maniĂšre de sâengager personnellement dans lâinterdĂ©pendance. Elle permet dâĂȘtre tel que lâon est, dâexprimer ses besoins, de mieux connaĂźtre et respecter les autres et leurs besoins, dâĂ©viter Ă©quivoques et malentendus, de prĂ©venir les conflits, dâavancer plus vite dans la relation et dây avoir du plaisir. Il sâagit se sentir (si le comportement de lâautre est acceptable), de dĂ©terminer (sâil y a problĂšme ou non), dâagir (en exprimant ses sentiments), de formuler un « message « je » de confrontation », de pratiquer lâĂ©coute active, de rĂ©soudre les conflits (de besoins âexemple : horaires- ou de valeurs âexemple : respect).
Il y a des obstacles à la communication. Il ne faut ni donner des solutions (ordonner, menacer, moraliser, conseiller ou argumenter), ni porter des jugements (critiquer, humilier, psychanalyser), ni réduire (complimenter, rassurer), ni poser des questions, ni éviter ou esquiver. Il faut éviter le « tu » ou le « vous » mais « pratiquer le je ». Malheureusement, nous fonctionnons encore tous, la plupart du temps, sur le mode « tu ». Plusieurs explications (éthologique, philo-psychologique et culturelle) existent à cela.
Avant toute chose, il faut pratiquer lâempathie, câest-Ă -dire la neutralitĂ© sur le problĂšme. Lâempathie est une comprĂ©hension attentive, une centration sur lâautre, un mouvement qui « sent » lâautre du dedans.
Les « messages « je » » peuvent ĂȘtre affirmatifs (« jâapprĂ©cie »), de rĂ©ponse (« Je ne veux pas, parce que âsuivi de la vraie raison »), de prĂ©vention (« Je ne veux pas que tu prennes la voiture aujourdâhui parce que la route est verglacĂ©e et les risques de collision importants ») ou de confrontation. Ces derniers doivent produire un changement rĂ©el, mais surtout pas par la force ; ils doivent prĂ©server lâestime de soi et celle de lâautre (ni injures, ni autoritarisme), mantenir la qualitĂ© de la relation et dĂ©velopper lâautonomie de lâautre. Par rapport Ă un comportement inacceptable, il faut distinguer ses diffĂ©rents sentiments, dĂ©crire le comportement, dĂ©peindre lâeffet concret de ce dernier en matiĂšre de perte dâĂ©nergie, temps et argent, puis faire une demande. Par exemple, dire « ValĂ©rie, je suis trĂšs déçu que vous ratiez pour la quatriĂšme fois un alginate, car jâai lâimpression dâavoir perdu mon temps Ă vous le dĂ©monter. Jâaimerais comprendre avec vous les raisons de cet Ă©chec. » (message « je » de confrontation) plutĂŽt que « Vous ĂȘtes sotte ou quoi, câest la quatriĂšme fois que je vous explique comment malaxer un alginate et vous nâĂȘtes pas foutue de le rĂ©ussir aujourdâhui. Ca commence Ă bien faire. Jâai bien envie de vous donner votre congĂ© » (message « tu » de confrontation). La rĂ©action sera positive dans 60% des cas.
Les limites du message « je » de confrontation sont les besoins opposĂ©s (chacun pense que ses besoins sont lĂ©gitimes), la prĂ©sence dâun conflit important sous-jacent, le ton de la voix contradictoire avec le contenu des propos, une sincĂ©ritĂ© dĂ©fectueuse, la faiblesse du « parce que » de lâeffet concret (pas convainquant), un moment mal choisi, une mauvaise qualitĂ© de la description du comportement, lâabsence dâĂ©coute active aprĂšs le message « je » de confrontation. Par ailleurs, cette mĂ©thode ne fonctionne pas avec les jeunes enfants.
Ecoute active (adaptation de la méthode Gordon à la médecine dentaire)
Le plus important, câest lâintention dâaider lâautre Ă rĂ©soudre lui-mĂȘme ses problĂšmes. Par exemple, avec un patient qui a peur, au lieu de tenter de le rassurer en faisant Ă©talage de nos compĂ©tences en matiĂšre dâextraction, mieux vaut inviter le patient Ă se confier. Il trouvera ensuite lui-mĂȘme des solutions Ă sa peur.
Les indications de lâĂ©coute active sont au nombre de 3.
La premiĂšre concerne les suites du message « je » de confrontation. Si la rĂ©ponse est nĂ©gative (40% des cas), il faut enchaĂźner sur lâĂ©coute active.
La deuxiĂšme, câest quand lâautre a un problĂšme.
La troisiĂšme, câest dans la zone sans problĂšme.
Dans lâĂ©coute active, les sentiments et problĂšmes doivent ĂȘtre exprimĂ©s (verbalement ou non), lâautre doit avoir envie de parler, et lâĂ©coute doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un jeu. LâĂ©couteur nâest pas « Dieu ». Il faut se sentir acceptant, vouloir aider, avoir le temps nĂ©cessaire, avoir confiance en lâautre, prendre du recul et pratiquer lâempathie.
Il ne faut pas retarder ou devancer lâautre, interprĂ©ter, faire le perroquet, omettre ou ajouter des Ă©lĂ©ments, sur ou sous-estimer les Ă©motions. LâĂ©coute active nâest pas une technique, mais une maniĂšre dâĂȘtre face aux sentiments et aux Ă©motions de lâautre. Il faut sây entraĂźner.
Si lâĂ©coute active ne suffit pas, il faut passer Ă lâentretien motivationnel (EM), qui va renforcer la motivation de lâindividu Ă changer tout en gardant son autonomie. Selon Miller et Rolllnick, câest un style de conversation collaboratif permettant de renforcer la motivation propre dâune personne et son engagement vers le changement. Il est indiquĂ© quand une personne est ambivalente (anxiĂ©tĂ© dentaire intense, phobie dentaireâŠ). LâEM est entourĂ© des concepts dâambivalence (naturelle devant le changement), de dissonance (jutification des difficultĂ©s Ă changer), de discours de maintien (DM), de discours de changement (DC), du discours de changement prĂ©paratoire (DCP), de discours de changement mobilisation (DCM).
LâEM est centrĂ© sur la personne et directionnel. Le professionnel aide le patient Ă Ă©noncer ses propres motivations Ă changer. Il faut ĂȘtre dans le partenariat et le non-jugement (regard inconditionnel, empathie approfondie, soutien de lâautonomie du patient, confiance, valorisation, Ă©vocation, altruisme).
Les 4 processus de lâEM sont lâengagement dans la relation (dans lâEM, on se concentre sur lâĂ©tablissement dâune relation fondĂ©e sur la confiance mutuelle et sur une aide respectueuse ; il faut une alliance thĂ©rapeutique, câest fondamental), la focalisation (sur la direction visĂ©e par lâaccompagnant), lâĂ©vocation (le patient verbalise ses propres arguments et motivations Ă changer), la planification (de lâaction). Dans les 4 processus, il faut poser des questions ouvertes, pratiquer lâĂ©coute active et les reformulations, lâempathie, rĂ©sumer, informer et conseiller.
Prévention et résolution des conflits, médiation
« Il y a plus de gens pour construire des murs que de gens pour construire des ponts », dit un vieil adage populaire. Or nous avons besoin dâoutils, pas dâarmes. Il faut ĂȘtre des artisans de paix, et pour cela se former, et analyser.
Il faut Ă©viter et Ă©liminer les conflits, mais accepter affrontements et confrontations. Quelle est la diffĂ©rence ? Le conflit se nourrit de polĂ©mique. Lâun argumente contre lâautre. Le dialogue se dĂ©truit, et câest la mort de la relation. Lâaffrontement, lui, se nourrit de controverses. Chacun argumente Ă partir de lui-mĂȘme. Il y a recherche de compromis, et la relation vit. La premiĂšre chose Ă faire, câest dâabolir le « tu » et le « vous » au profit du « je ».
Les conflits prennent leur origine en nous : de nos expériences précoces (quel genre de personne suis-je en situation tendue ou explosive ?) et dans la perception que nous avons du rÎle de chacun dans la société dans laquelle nous vivons.
Les conflits trouvent leurs causes extĂ©rieures dans les diffĂ©rences (de buts, intĂ©rĂȘts, valeurs ou dans la perception du problĂšme), les rivalitĂ©s de pouvoir, lâinsĂ©curitĂ© par constats et sentiments dâincompĂ©tence, la rĂ©sistance au changement, la confusion des rĂŽles, les manĆuvres pour se trouver une identitĂ©, lâexpression inadĂ©quate de besoins personnels et lâinconscience dâĂȘtre dans des rĂ©seaux de communication pauvre.
Il y a rĂ©sistance au changement sâil y a manque dâobjectifs clairs, si les personnes ne sont pas impliquĂ©es, sâil y a communication pauvre (gĂ©nĂ©ralisations sans preuve, discours autoritaires, absence dâĂ©coute de lâautre), injonction type « faites-moi plaisir » ou « faites un effort », offre de rĂ©compense inadĂ©quate, satisfaction du statu quo, ignorance des normes et codes du groupe, crainte de lâĂ©chec, manque de confiance dans celui qui veut le changement.
La plupart des gens soignent davantage leur voiture que leurs relations. Pourtant, nos relations nĂ©cessitent elles aussi des vidanges. La meilleure maniĂšre de gĂ©rer les conflits est de faire de la prĂ©vention. Il faut quâexiste un espace de parole, oĂč enlever ce qui est usĂ© ou insupportable dans la relation. Il faut lâamĂ©nager (quand ? avec qui ? combien de temps ? ordre du jour ? dĂ©roulĂ© ? organisateur ? contenu ?). Cinq thĂšmes reviennent rĂ©guliĂšrement : analyse des rapports de pouvoir et dâautoritĂ© , commentaires sur le rĂŽle et le statut de chacun dans lâĂ©quipe, thĂšmes extĂ©rieurs Ă lâĂ©quipe (clientĂšles, problĂšmes financiersâŠ).
Les colloques « vidange » font parfois peur, car ils concernent les relations interpersonnelles, mais ils sont indispensables.
Imaginons une situation de conflit. Un homme entre brutalement dans le hall du cabinet, oĂč le prĂ©cĂšdent deux jeunes femmes et un enfant. Lâassistante le reconnait : il sâagit dâun ancien patient, odieux. Elle lui demande poliment dâattendre en salle dâattente, qui communique avec le hall. Lâhomne, Ă©nervĂ©, tourne en rond sans sâasseoir. Lâassistante revient, sâadresse aux deux femmes en leur demandant de patienter encore, puis Ă lâhomme en lui disant le praticien veut lui parler. Le dentiste arrive dans le hall et signale Ă lâhomme quâil nâa pas de rendez-vous et que deux patientes attendent dĂ©jĂ . Lâhomme rĂ©pond quâil « nâen a rien Ă foutre ». Le dentiste sâĂ©nerve et menace dâarrĂȘter de le soigner tant quâil nâaura pas honorĂ© ses 3 derniĂšres factures (impayĂ©es). Lâhomme crie quâil veut ĂȘtre soignĂ© tout de suite. Lâune des femmes ferme la porte de la salle dâattente. Lâassistante, blĂȘme, arrive. Le dentiste dit Ă lâhomme de se trouver un nouveau praticien. Lâhomme devient furieux et profĂšre des menaces.
Comment faire pour ne pas en arriver lĂ ?
Il ne faut ni fuir, ni faire acte de pouvoir. Il faut isoler le problĂšme (discuter hors du hall dâentrĂ©e). Il ne faut pas se laisser intimider par la hargne du patient, mettre Ă un cadre Ă une meilleure possibilitĂ© dâĂ©changes sans se plier Ă ses exigences inadmissibles, reformuler la demande du patient, pour lui montrer quâil a Ă©tĂ© entendu. En gardant Ă lâesprit que le mot nâest pas la chose, que le mot ne dĂ©crit jamais toute la chose, et que le langage nâest que lâexpression de celui qui lâutilise.
Chacun nâengage que lui-mĂȘme, nous nous sommes jamais obligĂ©s dâaccepter le mode de relation que lâautre nous impose. Affirmer nâest pas argumenter. Il faut Ă©couter, regarder, constater, et Ă©viter les Ă©noncĂ©s impulsifs (« vous ĂȘtes incompĂ©tent, vous ne mâĂ©coutez pas, dites des bĂȘtises, avez mal gĂ©rĂ© cette situation, ĂȘtes toujours en retard »âŠ). Les cris nâont pas de poids dans lâargumentation alors que les preuves, si. Il faut ensuite se donner une stratĂ©gie dâexpression : coup dâĂ©clat (ni agressif ni mĂ©prisant), appel Ă lâĂ©coute, constats, tĂ©moignage (je dis ce que je ressens), faire une proposition, puis une synthĂšse (cactus : le cactus pique, mais fait des fleurs). En rĂ©sumĂ©, il faut 3 regards : la reformulation, lâanalyse modeste du langage et lâargumentation.
La nĂ©gociation est une confrontation de protagonistes rĂ©unis autour dâun ou de plusieurs points de vue divergents. GrĂące Ă un dialogue durant lequel chacun Ă©coute et argumente, les protagonistes cherchent des solutions, avec le dĂ©sir que chacun y trouve son compte.
La mĂ©diation est un processus spĂ©cifique de traitement des situations conflictuelles dans lequel lâintervention dâun tiers impartial, le mĂ©diateur, permet aux protagonistes de confronter leurs points de vue et de rechercher, avec son aide, une solution au diffĂ©rend qui les oppose. A la diffĂ©rence de la nĂ©gociation, la mĂ©diation est directement concernĂ©e par le conflit. Son rĂ©sultat est alĂ©atoire.
Revenons au cas Ă©voquĂ©. Lâhistoire sâest mal terminĂ©e : lâhomme a violemment frappĂ© le praticien, occasionnant blessures physiques, interventions de la police mais aussi et surtout arrĂȘt de travail prolongĂ© pour le praticien, qui a sombrĂ© dans la dĂ©pression et pense mĂȘme Ă arrĂȘter son activitĂ©.
Pour dĂ©sescalader la violence, il faut rappeler qui nous sommes, prononcer le nom de notre interlocuteur, avancer vers lui « les mains ouvertes », sâenquĂ©rir de son besoin immĂ©diat, Ă©ventuellement accepter ou proposer un contact physique lĂ©ger et Ă©laborer un contrat immĂ©diat (« On va se parler, mais dans mon bureau, et dans cinq minutes »).
Nous avons besoin de soliditĂ© et de sagesse intĂ©rieures, de compĂ©tence et dâanalyses personnelles, et de savoir-faire relationnel. Il faut aussi savoir pardonner, câest-Ă -dire refuser de tirer parti du tort que lâon nous a fait. Par ailleurs, « il est indĂ©cent de montrer les fautes des autres avec un doigt sale » (La Fontaine).
Il faut dire, par exemple, « Dans notre lieu de travail, chacun, moi y compris, respectons les rĂšgles de fonctionnement et jâai besoin de votre accord sur les points suivants (âŠ) plutĂŽt que « Votre comportement est inacceptable ». Ne pas rester sur le boulevard de la plainte, tenir compte des responsabilitĂ©s de chacun des protagonistes.
Tout cela est difficile. Mais « nous avons le droit de le faire avec difficulté ».
Les traitements des conflits peuvent se faire sans intervenant extĂ©rieur (exemple avec un groupe de collaborateurs soudĂ©s qui se forme lui-mĂȘme auprĂšs dâun intervenant extĂ©rieur et sâadresse Ă son chef de service, hautain et mĂ©prisant ; celui finit par donner sa dĂ©mission).
Parfois, le traitement des conflits se fait via un intervenant extĂ©rieur (exemple avec une collaboratrice qui sâattaque sans raison Ă sa directrice ; les agresseurs dĂ©missionnent, la sĂ©paration se fait dans le respect de chacun). Attention cependant Ă ne pas sây prendre trop tard. Ce nâest pas quand la maison est dĂ©truite quâil faut appeler les pompiers.
A nous de dĂ©cider ce qui nous paraĂźt juste en matiĂšre dâactes de pouvoir (mĂ©thode Pinochet), de fuite, dâattitude hautaine et mĂ©prisante, dâisolement (nĂ©gation) du problĂšme et dâisolement (ostracisation) de la « personne-problĂšme », de passivitĂ©, dâinertie, de triangulation de la relation (le fait de diviser pour rĂ©gner), de procĂ©dures bureaucratiques (que prĂ©fĂšre-t-on : un mauvais arrangement ou un bon procĂšs ?), dâattitude Ă©ponge (pseudo-chariĂ© qui excuse tout, « pour ne pas faire dâhistoires »), de changements de structure (mutations, changements de posteâŠ) et de processus de nĂ©gociation.
Il faut toujours se demander si lâon est un constructeur de murs ou de ponts.
Soins dentaires aux enfants : quâest-ce qui est important ?
Soigner des enfants est difficile, mais aussi source de joie.
Il faut crĂ©er une atmosphĂšre accueillante, ne jamais prodiguer de soins Ă la premiĂšre consultation (sauf si urgence absolue). Sâil y a abcĂšs sur une dent de lait qui va tomber, donner du Voltaren et effectuer les soins le lendemain. Le jour des soins, il faut ensuite inviter lâenfant Ă faire bouger le fauteuil, manipuler la souflette etc., puis expliquer (avec un modĂšle dĂ©montable) ce que sont les dents de lait et les dents dĂ©finitives, monter la porte ouverte sur le secrĂ©tariat, indiquer la salle dâattente « oĂč Maman entendra tout » (car il faut couper le lien transgĂ©nĂ©rationnel. Le praticien doit ĂȘtre seul avec lâenfant), expliquer « les rĂšgles du jeu » et faire faire une Ă deux sĂ©ances dâexercices de gestion des Ă©motions (15 minutes par sĂ©ance) et de relaxation. On peut alors commencer les soins avec lâaccord de lâenfant en commençant par le plus facile (le temps que la confiance de lâenfant se construise) et les arrĂȘter immĂ©diatement si lâenfant lĂšve la main (le signal convenu avec lâenfant). Il ne faut pas nier que cela soit dĂ©sagrĂ©able (personne nâaime aller chez le dentiste). Au long des soins, il faut demander Ă lâenfant Ă combien est sa douleur sur une Ă©chelle de 1 Ă 10. Il faut ensuite fĂ©liciter chaleureusement lâenfant et valider les progrĂšs rĂ©alisĂ©s.
Chaque sĂ©ance est structurĂ©e. Cette structure est expliquĂ©e aux enfants et aux parents, et elle doit ĂȘtre acceptĂ©e. Il nây a pas de possibilitĂ© intermĂ©diaire. Un cadre est donnĂ©.
Il faut avoir un regard juste sur lâenfant. Par exemple, ne pas culpabiliser le frĂšre qui pleure alors que sa sĆur elle nâa pas pleurĂ©.
Il faut aussi faire le chemin inverse de la dissociation. Des exercices aux soins, tout se passe dans le corps, le lieu des Ă©motions, des ressentis.
Si les soins ont Ă©tĂ© impossibles, fĂ©liciter tout de mĂȘme lâenfant en Ă©numĂ©rant ce qui a Ă©tĂ© fait, et essayer Ă nouveau quelques mois plus tard.
Si lâenfant joue la comĂ©die (hurle sur le fauteuil mais 30 secondes plus tard est tout calme pour choisir un jouet), ne pas ĂȘtre dupe et prĂ©venir les parents. Ne pas entrer dans ces relations-lĂ .
Depuis peu, des garçons de 5-6 refusent toute dĂ©marche, tout lien (refus de grandir). Pour eux, dâautres solutions existent : prĂ©mĂ©dication, gaz hilarant, anesthĂ©sie gĂ©nĂ©rale, ou accompagnement par un professionnel.
Avec un enfant terrorisé, il faut parfois 7 séances avant de pouvoir commencer les soins.
Parfois, certains adultes (exemple : les femmes battues) rĂ©agissent comme des enfants. Certains nâont pas conscience de leurs capacitĂ©s Ă ĂȘtre calmes. Il faut les apprivoiser.
Lâimportant, câest la relation. Il faut travailler le regard (regarder lâautre, câest le faire exister), la tendresse (une vache Ă qui on donne un prĂ©nom donne plus de lait) et la solidaritĂ© (si un patient dit « ma bouche, câest une horreur », rĂ©pondre par exemple « ce nâest pas moi, avec mes kilos en trop, qui vais faire la leçon aux autres »).
Lâenfant a le droit dâavoir peur. Se sentant acceptĂ©, il retrouve le pouvoir et se dĂ©tend. Sa conscience a basculĂ©, il est libĂ©rĂ© : il accepte les soins.
Il faut Ă©viter les fausses routes que constituent les masques, la mentalisation, la verbalisation, le silence, le dĂ©ni, lâidentitĂ© de groupe (pas dâidentitĂ© propre), lâinsensibilitĂ©, lâextĂ©riorisation, la dĂ©responsabilisation, la victimisation et la codĂ©pendance.
« Le patient vit consciemment ou inconsciemment lâacte dentaire comme une agression. Quâil le veuille ou non, le mĂ©decin-dentiste ne peut pas ne pas ĂȘtre impliquĂ© » (Mme Ruell-Kellerman). Chez le dentiste, lâangoisse surgit, massive, archaĂŻque.
LâĂ©motion est souvent dĂ©nigrĂ©e, refoulĂ©e, alors que cela perturbe les organes et Ă©courte la vie. Au cabinet, lieu de vĂ©ritĂ©, les Ă©motions doivent sâexprimer. On ne peut pas tricher. Les soins aux enfants sont peu rĂ©munĂ©rateurs, mais trĂšs gratifiants humainement. Tout ce que nous enseignons Ă un enfant, par nos paroles ou nos actions, continuera de vivre dans son cĆur pour toujours. Pour lâenfant comme pour le praticien, câest « gagnant-gagnant ».
Traitement de lâanxiĂ©tĂ© dentaire
La peur se distingue de lâanxiĂ©tĂ© en ce quâelle a un objet. On ressent de la peur face Ă un objet prĂ©cis, et de lâanxiĂ©tĂ© Ă lâidĂ©e que ce danger pourrait se produire dans lâavenir. La peur peut aller jusquâĂ la phobie (peur intense qui peut conduire un patient Ă refuser tout soin dentaire). 42, 1% des patients des dentistes sont anxieux (contre 12,3% des clients dâautres professionnels). De leur cĂŽtĂ©, les dentistes sont 15,7% Ă ne pas aimer leur travail (contre 5,5% chez les autres professionnels). Les patients phobiques accroissent le stress au cabinet. Ces patients occasionnent une non compliance aux rĂšgles de lâhygiĂšne bucco-dentaire, de la peur, des annulations tardives ou des omissions rĂ©pĂ©tĂ©es des rendez-vous. Le praticien, lui, est constamment confrontĂ© Ă ces Ă©motions nĂ©gatives.
Câest en traitant lâanxiĂ©tĂ© de ces patients que le praticien pourra gĂ©rer son propre stress. Dâun part en diminuant une part non nĂ©gligeable les facteurs de stress et dâautre part en ayant accĂšs aux outils des thĂ©rapies cognitives et comportementales indispensables dans le traitement de lâanxiĂ©tĂ© dentaire : relaxation, dĂ©sensibilisation systĂ©matique, exposition graduelle, restructuration cognitive.
La mĂ©decine dentaire doit se baser sur les besoins des patients et de lâĂ©quipe dentaire. PrĂ©vention, satisfaction des patients envers leurs dentistes et considĂ©ration des patients pour ces derniers sont nĂ©cessaires. LâĂ©thique professionnelle, la pertinence dans le diagnostic et la communication sont importants pour la majoritĂ© des patients. Mais de leur cĂŽtĂ©, 50% des dentistes estiment ĂȘtre mal formĂ©s Ă la communication.
Une des composantes-clĂ© pour une communication et une comprĂ©hension pertinentes est lâempathie clinique, attribut cognitif et comportemental qui implique la capacitĂ© Ă comprendre comment les expĂ©riences et les sentiments du patient influencent et sont influencĂ©s par leurs symptĂŽmes et leur maladie, et la capacitĂ© Ă communiquer cette comprĂ©hension au patient. Lâempathie motive les patients, les fait participer activement au traitement. Faire preuve dâempathie et de capacitĂ© Ă la sollicitude diminue la peur des soins dentaires, amĂ©liore les rĂ©sultats de traitement chez les patients avec douleur myofaciale, augmente lâadhĂ©sion au traitement orthodontique et augmente la satisfaction du patient lors des soins dentaires dâurgence, de traitements orthodontiques et endodontiques, dâextractions et de restaurations.
Des Ă©tudes montrent quâen premiĂšre annĂ©e de mĂ©decine dentaire, les Ă©tudiants sont aussi empathiques que ceux des autres spĂ©cialitĂ©s, mais que cette empthie baisse dĂšs la deuxiĂšme annĂ©e (celle oĂč ils commencent Ă traiter des patients), et reste Ă ce niveau bas jusquâĂ la fin de la formation (sauf en derniĂšre annĂ©e, annĂ©e oĂč lâon aborde notamment lâĂ©thique, oĂč elle remonte un peu). Plusieurs explications peuvent ĂȘtre apportĂ©es : lâĂ©puisement, le stress, la demande des Ă©coles de se focaliser sur les procĂ©dures plutĂŽt que sur les patients, de sentiment dâappartenir Ă une Ă©lite, un sentiment dâinsĂ©curitĂ© lorsque lâon entre en contact avec le patient (une dĂ©fense contre la peur).
Les universitĂ© europĂ©ennes ne fournissent quâun enseignement trĂšs lĂ©ger en sciences comportementales (dont les outils thĂ©rapeutiques sont la relaxation, la dĂ©sensibilisation systĂ©matique, lâexposition graduelle, la restauration cognitive, les jeux de rĂŽles et de communication et autres mĂ©thodes de coping) et gestion du stress.
Chez le praticien, le stress (expĂ©rience subjective) vient des retards, de lâobsession de la perfection technique, de la fragilitĂ© de lâinteraction avec le patient, de la peur dâinfliger douleur ou inquiĂ©tude, de lâannulation des rendez-vous, du manque de coopĂ©ration des patients. Le dentiste, souvent isolĂ©, parfois sans perspective de carriĂšre, travaille dans un espace souvent exigu -la cavitĂ© buccale Ă©tant elle aussi un espace petit et fermĂ©. Il faut travailler assis toute la journĂ©e, ĂȘtre prĂ©cis et lent avec les mains tout en gardant le regard focalisĂ©. Le stress a des effets dĂ©sastreux : anxiĂ©tĂ©, dĂ©pression, burn-out (Ă©puisement physique et mental, dĂ©shumanisation, insatisfaction). Si le dentiste a une personnalitĂ© compulsive, comme souvent (avec attentes irrĂ©alistes, exigence de performance et de statut social), câest encore plus grave. Quoique les dentistes soient globalement en meilleure santĂ© physique et espĂ©rance de vie que les autres, ils sont plus fragiles mentalement.
Selon des Ă©tudes, les patients qualifient de « bons dentistes » les dentistes empathiques, amicaux, comprĂ©hensifs, calmes et capables de les mettre Ă lâaise.
Dans la perspective de lâinteraction patient/dentiste, lâamĂ©lioration dâun des pĂŽles en cercle vertueux influence lâautre.
La prévalence de la peur des soins dentaires varie selon les pays. En France, une étude de 2007 montre que 13,5% des sujets éprouvent une anxiété dentaire sévÚre.
La phobie dentaire nâest pas anodine. Ses consĂ©quences sont importantes. Certains phobiques ne ne lavent mĂȘme plus les dents, car la seule vue de la brosse Ă dents leur fait penser quâun traitement dentaire est nĂ©cessaire. La situation se dĂ©tĂ©riore, les soins deviennent dĂ©licats, et le patient, qui ressent honte et culpabilitĂ©, est confortĂ© dans sa peur. Câest un cercle vicieux. 52% des phobiques souffrent par ailleurs dâisolement social, de chĂŽmageâŠ
Les patients ont principalement peur de la fraise. Viennent ensuite lâanesthĂ©sie, lâextraction, et enfin lâattente du traitement. LâanxiĂ©tĂ© dentaire (qui est rarement congĂ©nitale) se dĂ©veloppe principalement suite Ă des expĂ©riences nĂ©gatives directes dans un cabinet dentaire.
Pour les sciences comportementales, la phobie dentaire dĂ©coule dâun conditionnement. LâanxiĂ©tĂ© est apprise suite Ă une expĂ©rience traumatique. Pour 51% des patients, lâanxiĂ©tĂ© vient de lâenfance. Pour 22%, de lâadolescence, et 27% deviennent anxieux Ă lâĂąge adulte.
En ce qui concerne la fraise, la douleur (stimulus inconditionnel aversif) crĂ©e la peur (rĂ©ponse inconditionnelle). Son bruit (stimulus neutre) crĂ©e une association. Lâassociation de la douleur et du bruit crĂ©e une rĂ©ponse conditionnĂ©e.
Ceci est le conditionnement associatif, mais il y a aussi le conditionnement opĂ©rant, câest-Ă -dire lâapprentissage par les consĂ©quences de lâaction (et plus par les stimuli). Câest un renforcement nĂ©gatif : le phobique Ă©vite la situation quâil redoute. LâanxiĂ©tĂ© diminue Ă court terme, mais augmente Ă long terme. Il y a aussi le conditionnement indirect, nĂ© de lâobservation ou de lâĂ©change dâinformations. Câest la peur par gĂ©nĂ©ralisation, la distorsion cognitive.
Dans une situation potentiellement dangereuse, pour le patient, lâabsence de contrĂŽle et le sentiment de vulnĂ©rabilitĂ© augmentent la peur. Le dentiste doit donner au patient plus de contrĂŽle sur la situation, en prĂ©voyant par exemple avec lui des plages de respiration.
Pour lâanxiĂ©tĂ© qui apparaĂźt dans lâenfance, la cause est le plus souvent exogĂšne, et le conditionnement prend toutes les formes. A lâĂąge adulte, câest lâinverse : la cause est endogĂšne, et seul le conditionnement direct opĂšre.
La peur sâexprime verbalement, par lâactivation physiologique (sueurâŠ) et par les effets comportementaux (nervositĂ©, Ă©vitementâŠ). Les rĂ©actions individuelles sont trĂšs variĂ©es. Parfois, le verbal est en contradiction avec les signes physiologiques. Câest pourquoi on demande au patient de sâautoĂ©valuer Ă lâaide dâun questionnaire, par exemple la Dental anxiety scale (DAS) de Corah ou, mieux, le Dental fear survey (DFS).
LâĂ©valuation psychologique (la phobie dentaire Ă©tant en gĂ©nĂ©ral liĂ©e Ă lâĂ©tat psychique) se fait lors du premier entretien. Cette anamnĂšse (dont le but est aussi de crĂ©er une bonne relation patient /thĂ©rapeute) doit couvrir les conditions familiales et professionnelles, la situation sociale, lâenfance, lâhistoire des soins dentaires, lâĂ©tat de la bouche, lâexpression de la peur, les consĂ©quences sociales de la phobie, les soins en psychiatrie ou psychosomatique, lâĂ©valuation des souhaits, des attentes et de la motivation. Souvent, le patient se dĂ©charge de toutes ses prĂ©cĂ©dentes expĂ©riences chez le dentiste, voire est dĂ©nigrant, ou agressif.
Le principe du traitement de la phobie dentaire est de substituer le comportement inadĂ©quat (lâĂ©vitement), en apprenant au patient Ă gĂ©rer son anxiĂ©tĂ©.
Lâapproche iatrosĂ©dative consiste Ă calmer le patient, Ă augmenter lâalliance thĂ©rapeutique, Ă Ă©viter la douleur, Ă donner des informations continues sur la perception de la sensation et Ă augmenter le contrĂŽle du patient.
Lâapproche comportementale, basĂ©e sur les principes de lâapprentissage dans le cadre des conditionnements classique et opĂ©rant et de lâapprentissage social, consiste Ă exposer graduellement le patient au traitement dentaire grĂące Ă lâapprentissage progressif de la rĂ©gulation de son anxiĂ©tĂ©.
Lâapproche cognitive consiste Ă rechercher les pensĂ©es catastrophiques du patient au sujet de certains instruments de traitements ou de dentistes, Ă sonder les attentes de performance du patient, et Ă interroger et restructurer ses pensĂ©es.
La mĂ©thode Berggren, thĂ©rapie cognitivo-comportementale, consiste Ă montrer au patient une vidĂ©o de divers types de traitements dentaires, puis Ă capter son Ă©tat Ă©motionnel (biofeedback ; plusieurs mĂ©thodes et outils existent, par exemple les outils HeartMath) puis Ă corriger les idĂ©es fausses et effrayantes que le patient peut avoir sur ces traitements. Cette sorte de simulation dentaire nĂ©cessite 5 Ă 7 sĂ©ances et peut ĂȘtre effectuĂ©e par un dentiste spĂ©cialisĂ© ou un psychologue. Le but est que le patient puisse se faire soigner par dâautres dentistes que celui qui a effectuĂ© la thĂ©rapie. Le but est la rĂ©gulation de lâĂ©motion de peur, pas seulement le traitement dentaire.
Il faut accomplir sans aucune surprise le programme prĂ©vu, et, en fin de sĂ©ance, laisser le patient sâexprimer et formuler des critiques. Attention aux tentatives dâĂ©courtement, par lesquelles le patient tente de rassurer le thĂ©rapeute au sujet par exemple des rĂ©sultats de la relaxation, afin dâen finir au plus vite.
Plusieurs tests psychomĂ©triques de lâĂ©valuation de lâanxiĂ©tĂ© et de la phobie dentaire sont Ă connaĂźtre : le DAS (Dental anxiety scale) de Corah, le Dental frear survey (DFS), le GFS (Gear fear scale).
Les tests psychomĂ©triques dâĂ©valuation de lâanxiĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale sont le questionnaire des peurs de Marks et Matthews, le questionnaire sur les inquiĂ©tudes du Penn state, lâinventaire dâanxiĂ©tĂ© Ă©tat-trait (« anxiĂ©tĂ© trait » et « anxiĂ©tĂ© Ă©tat »), lâĂ©chelle de phobie sociale de Liebowitz et lâĂ©chelle de dĂ©pression Madrs (Montgomery and Asberg depression rating scale).
Acueillir mon stress consciemment
Le problĂšme principal du stress est quâil est Ă la fois largement inconscient et stressant pour autrui.
Câest souvent le plus responsable (le chef, le propriĂ©taire, le dirigeantâŠ) qui est le plus stressĂ©.
Il faut se détendre et méditer au moins deux fois dix minutes par jour : méditation attentive, contemplation calme, assise ou posture immobile et systémique, silence serein, souffle régulier et harmonieux. Patience, persévérance et entraßnement à la sérénité permettent de nous changer en profondeur. Il faut laisser se faire jour en nous toutes les forces positives.
Sont utiles lâĂ©tude de la psychologie, de la psychosociologie, de la compĂ©tence de la relation inter-personnes (« team building »), du leadership, de la « trans-formation » (le fait de rendre compĂ©tents ses collaborateurs), de la dimension opĂ©rationnelle (le groupe idĂ©al serait composĂ© de 7 Ă 12 personnes). Il faut avoir en tĂȘte quâentre deux personnes coexistent deux relations : ce que lâune pense de lâautre, ce que lâautre pense de lâune ; et quâil faut donc en permanence gĂ©rer une simultanĂ©itĂ© de relations. Il faut oser se parler, blĂąmer en privĂ© mais fĂ©liciter en public. Il faut garder Ă lâesprit que ce qui apparaĂźt dâune personne nâest quâune toute petite partie de ce quâelle est (image de lâiceberg), et savoir voir le « moins visible » (comme le non-verbal). LâĂ©quipe du cabinet dentaire est un tout psychologique vivant qui permet « harmonie et efficacitĂ© ».
Formation et autoformation permanentes sont nĂ©cessaires. Aujourdâhui, la formation dâun anesthĂ©siste est dĂ©passĂ©e en moins dâun an. Tout diplĂŽme devrait porter une « date de fraĂźcheur ». Croire que rien nâa changĂ©, ne change et ne changera est une erreur.
Le doute est la plus haute expression de lâesprit humain (Descartes). Apprenons Ă douter volontairement.
Il ne faut ni se plaindre ni stresser, mais sâadapter, et pour cela, dâabord « savoir », câest-Ă -dire devenir des Ă©tudiants permanents. Il faut Ă©tudier en tĂȘte-Ă -tĂȘte avec la matiĂšre Ă©tudiĂ©e (et rĂ©sister pour cela Ă la mode du groupe qui fait que des formateurs âsouvent eux-mĂȘmes mal formĂ©s- proposent des groupes dâ « Ă©tudes indivduelles »). Il faut lire (tous les ans parait un nombre impressionnant de livres sur les tendances de la sociĂ©tĂ©, la sociologie etc. : qui les lit ?), et enrichir cette culture humaniste qui autrefois qualifiait lâ « honnĂȘte homme ».
Il faut aussi travailler ses « savoir-faire », la qualité de ses gestes professionnels. Le mot « management » vient du vieux français « aménagement ».
Au Japon, on dit quâil nây que 4 catĂ©gories de cadres : les compĂ©tents conscients de lâĂȘtre, les compĂ©tents inconscients de lâĂȘtre, les incompĂ©tents conscients de lâĂȘtre, et les incompĂ©tents inconscients de lâĂȘtre. Les compĂ©tents inconscients de lâĂȘtre sont les plus dangreux, car les conditions de leur rĂ©ussite sont alĂ©atoires, et ils ne transmettent pas.
Les « savoir-ĂȘtre » comptent aussi. Il faut apprendre non seulement nos techniques professionnelles, mais aussi lâhomme. Il faut travailler notre compĂ©tence Ă lâhumain.
Les formations qui incluent un dĂ©veloppement humain visent le long terme sont les seules formations rĂ©ellement bĂ©nĂ©fiques. Lâhomme de valeur a du cĆur. Il procure un moteur et une motricitĂ© aux hommes et femmmes habitant lâentreprise. La personne humaine nous confie, au travail, environ la moitiĂ© de sa vie consciente : comprenons-le. Un apprenti de 17 ans ne se traite plus comme nous Ă©tions, en tant quâapprentis, traitĂ©s Ă son Ăąge.
Ceux qui se frottent toute la journĂ©e Ă leurs semblables (rĂ©ceptionnistes, standardistesâŠ) doivent absolument ĂȘtre formĂ©s.
Dans une entreprise, chefs (responsables dâeux-mĂȘmes et des autres) et non-chefs (responsables dâeux-mĂȘmes) se cĂŽtoient. Pour les chefs, la qualitĂ© de contact avec soi doit venir avant la qualitĂ© de contact avec lâautre : « pour nettoyer un escalier, on commence toujours par les marches les plus hautes ».
Tout change autour de nous, en permanence. Les changements sont continus (Ă©volution, progression) et discontinus (mutations). Mais tout changement doit venir du dedans. Il faut se connaĂźtre et sâaccepter tel qe lâon est (câest-Ă -dire souvent tel que les autres nous connaissent) et non tel quâon sâimagine ĂȘtre.
Alors que la plupart dâentre nous parlons au passĂ© ou au futur, il faut apprendre Ă son cerveau Ă ne gĂ©rer quâune idĂ©e Ă la fois, au prĂ©sent. Il faut domestiquer son imaginaire : « Le passĂ© ne changera plus, le futur sera ce quâil sera, et moi, je serai Ă la hateur. Tout nâest quâentraĂźnement. Lâautodiscipline est la libertĂ©. »
Il faut garder en tĂȘte que lâamour humain nâest pas forcĂ©ment rĂ©ciproque, contrairement Ă lâamitiĂ©. Que de mon ami, jâattends quâil partage lâimage Ă peu prĂšs que je me fais de moi-mĂȘme. Que si lâamour peut ĂȘtre sublime, misĂ©rable, hĂ©roĂŻque ou stupide, lâamitiĂ© elle relĂšve de la justice. Quâune rencontre est un moment de bonheur intense. Que rien nâest plus Ă©loignĂ© de lâamitiĂ© que le rapport maĂźtre/Ă©lĂšve.
Le doute est une condition (parfois subtile et dĂ©routante) du mental. Si nous ignorons quelque chose en Ă©tant conscients de ce fait, ce genre de conscience devient connaissance. Lâhomo sapiens sapiens est un ĂȘtre conscient dâĂȘtre conscient.
14 obstacles peuvent ruiner la communication entre deux personnes. Sur ces 14 obstacles, 10 Ă 14 sont de la responsabilitĂ© de lâĂ©metteur.
Chez lâĂȘtre vivant, les 4 sentiments de base sont la joie, la colĂšre, la tristesse et la peur. Ces 4 sentiments ont leurs variantes, dĂ©rivĂ©s, combinaisons et synonymes.
Le stress, « dĂ©faut de rĂ©ponse adaptĂ©e », a des causes internes et externes. Attention Ă ne pas prendre les symptĂŽmes (les consĂ©quences) pour le stress lui-mĂȘme : cela amplifie le phĂ©nomĂšne, en soi comme dans la sociĂ©tĂ© toute entiĂšre. Nos pires problĂšmes sont ceux que lâon prĂ©tend ignorer ou nier. Par exemple, le vrai problĂšme de celui qui a mauvaise haleine, câest que personne nâose lui dire.
Tenir le journal de bord de son stress (causes, fréquence), noter ses résolutions et décisions de mise en pratique, mettre ses décisions en pratique est une solution.
Le stress affecte les systĂšmes cardio-vasculaire, digestif, nerveux, neuro-vĂ©gĂ©tatif, musculo-tendineux, immunitaire, mĂ©taboliques, et conduit Ă diffĂ©rents abus (alcool, tabac etc.). Il conduit aussi Ă lâinsomnie, qui elle-mĂȘme amĂšne maladie (de mĂȘme que dĂ©pression, panique et perte de sens) et absentĂ©isme.
Le stress est douloureux, car tout corps humain est littĂ©ralement capable de se dĂ©truire lui-mĂȘme lorsquâil est forcĂ© de maintenir trop longtemps des Ă©tats de stress trop Ă©levĂ©s sur de longues pĂ©riodes sans relĂąche.
Les Ă©tats Ă©motionnels difficiles et mal gĂ©rĂ©s sont la cause et la consĂ©quence dâĂ©tats de stress gĂ©nĂ©rant des dysfonctionnements de la communication, des relations et de lâorganisation personnelle et interpersonnelle. De ces perturbations naissent des conflits crĂ©ant Ă leur tour des Ă©motions nĂ©gatives gĂ©nĂ©rant un nouveau stress et ainsi de suite. Le stress sâautoalimente, la situation se dĂ©tĂ©riore, jusquâĂ la rupture. En France, lâabsentĂ©isme est en hausse constante.
Il faut rĂ©flĂ©chir Ă la maniĂšre dont nous pouvons prĂ©server nos propres ressources, dĂ©finir son rĂŽle et fixer des limites, gĂ©rer le stress des autres, prendre en compte son propre stress et ses besoins. Il nous faut aussi dĂ©couvrir comment le stress entre dans notre vie, par exemple lors dâun changement non voulu, dâun conflit dâintĂ©rĂȘt non prĂ©vu, dâune mauvaise Ă©valuation dâune situation, dâune surestimation de nos capacitĂ©s ou dâune sous-estimation des contraintes.
Le stress doit ĂȘtre un signal qui nous mobilise. Il doit nous rendre proactifs, mobiles et agiles.
Plusieurs tests du niveau de stress existent, et plusieurs exercices pour lutter contre existent Ă©galement. Parmi ces exercices, lâautosuggestion positive et consciente (exercice inspirĂ© de Castaneda) ; les 4 accords avec soi-mĂȘme, inspirĂ©s des 4 acords toltĂšques » de Miguel Ruiz : ma parole est impeccable (1), je rĂ©agis de façon autonome (2), je ne suppose pas (3), je fais toujours de mon mieux (4).
Il faut se donner chaque jour deux sĂ©ances de 10 minutes de « vacances » , câest-Ă -dire de non-pensĂ©e, de non-agir, de non-vouloir. Pendant ces deux fois dix minutes, il faut parler Ă son inconscient (câest lâautosuggestion consciente). Seuls comptent ma respiration, ma relaxation, ma visualisation et mon message personnel. En 5 jours, on crĂ©e une attitude nouvelle en soi. En 3 semaines, cette nouvelle habitude est ancrĂ©e. Et en 2 ans, on est transformĂ© selon sa propre volontĂ©. Les 5 outils sont la sensation, lâimaginaire, la pensĂ©e, lâexpression et le passage Ă lâacte.
Une Ă©tude menĂ©e de 1972 Ă 2008 sur plus de 5000 cadres europĂ©ens a montrĂ© que leurs valeurs et besoins formulĂ©s Ă©taient (par ordre dĂ©croissant dâimportance) la motivation, lâesprit dâĂ©quipe et le travail en groupe, la sensibilisation et la participation de tous les niveaux Ă lâintĂ©rĂȘt de lâentreprise, lâinformation et la participation, la formation, la confiance, le dialogue, les relations internes, le respect des autres, la dĂ©lĂ©gation, le fait de pouvoir appliquer ce que lâon a appris en formation et la solidaritĂ©.
Pourquoi nos employĂ©s ne font-ils pas toujours ce que nous leur demandons ? Par ordre dĂ©croissant des raisons, parce quâils ne savent pas exactement ce quâil sont supposĂ©s faire, parce quâils ne savent pas comment le faire, parce quâils ne voient pas pourquoi ils devraient le faire, parce quâils croient que notre façon de faire nâest pas la meilleure, parce quâils croient que leur façon de faire est la seule bonne, parce quâils croient quâautre chose est plus important ou plus urgent, parce quâils ne voient pas de consĂ©quence positive au fait de le faire, parce quâils croient quâils le font dĂ©jĂ , parce quâils ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© punis ou mal rĂ©compensĂ© pour lâavoir fait, parce quâils prĂ©voient des consĂ©quences nĂ©gatives sâils le font, parce quâil nây a pas de consĂ©quences nĂ©gatives sâils ne le font pas, parce quâil y a des obstacles quâils ne contrĂŽlent pas, parce quâils ont des limites personnelles, des limites dâorganisation, des problĂšmes personnels, et parce que personne ne pourrait le faire.
Donc crĂ©ons ce qui nâest pas, inventons, changeons, licencions au besoinâŠ
On peut aussi participer Ă un atelier (dâune demi-journĂ©e ou plus) avec un spĂ©cialiste de la psychologie comportementale humaniste. Il faudra dâabord poser un diagnostic, et dĂ©finir si lâon a besoin de prĂ©vention et/ou de rĂ©paration. Il faudra ensuite analyser ses propres schĂ©mas de stress (en lâoccurrence, le stress du responsable), puis se mobiliser pour sâen sortir.
Dans toute entreprise coexistent 3 composantes classiques : les personnes, le produit (ou service) et le profit. Câest le PPP (thĂ©orie dâHenry Ford).
La proactivitĂ©, elle, est caractĂ©risĂ©e par 3 axes principaux : anticipation (pensĂ©e, rĂ©flexion), analyses du ou des risques, action ou projet dâactivitĂ© dynamique (le fait de « prendre les devants »). La proactivitĂ© est une rĂ©flexion antistress du chef dâentreprise qui dĂ©veloppe en permanence une culture interne (visions, valeursâŠ), des systĂšmes de gestion et des causes directes des conditions et comportements, de rĂ©sultats ou dâimprĂ©vus. Elle fonctionne grĂące Ă lâobservation « inter pares » (non hiĂ©rarchique, « peer to peer ») des comportements, grĂące au rĂŽle de la direction, au travail, aux comitĂ©s de pilotage pour lâautoinformation, au rĂŽle de lâobservateur, aux informations, aux transformations (« empowerment »), et aux propositions-conclusions (but : le zĂ©ro accident).
Pour respirer de façon consciente, procĂ©der en 4 temps : inspirer en comptant lentement jusque 4 ou 5, retenir son souffle sur la mĂȘme durĂ©e, expirer lentement sur le double de la durĂ©e, laisser passer un court moment Ă vide (ne pas suffoquer Ă©videmment).
En mĂȘme temps, bien ressentir (ou rĂ©veiller) les sensations physiques en soi, diriger lâĂ©nergie mentalement vers telle ou telle partie du corps, faire le vide (ne pas penser), laisser aller, laisser ĂȘtre, Ă©couter son cĆur, parler Ă ses cellules et vivre lâinstant. Le prĂ©sent est un cadeau.
On peut aussi dĂ©couvrir, se rĂ©pĂ©ter, voire apprendre par cĆur des citations de personnages lumineux comme Christiane Singer, Rainer Maria Rilke, Henri Bergson, Gustave Thibon, Bernard Shaw, Goethe Johann, le DalaĂŻ lama, Janusz Korkczak, Pierre PradervandâŠ
Les gens qui rĂ©ussissent choisissent librement entre lâĂ©chec et le succĂšs. Ce choix est possible Ă chaque instant, la sĂ©rĂ©nitĂ© en prime. Une foi bien orientĂ©e peut insuffler Ă nos pensĂ©es une vigueur immense.
Un conte amĂ©rindien (dâauteur inconnu) met en scĂšne un vieux chef indien et son petit-fils. Le jeune demande Ă son grand-pĂšre pourquoi les hommes sont souvent si mĂ©chants. Le vieux rĂ©pond quâen chaque homme deux loups se battent sauvagement, chacun pour dominer lâautre. Le gaçon demande pourquoi chacun des loups veut dominer. Le vieux rĂ©pond que lâun des loups cherche la paix et la sĂ©rĂ©nitĂ©, alors que lâautre veut la haine et la guerre. Le petit demande quel est le loup qui gagne Ă la fin, et lâancien rĂ©pond Ă lâenfant « Celui que tu nourris le plus ».
Un conte asiatique dâauteur inconnu raconte lui lâhistoire dâun roi ayant pour fils unique un jeune prince brillant ; le prince est envoyĂ© auprĂšs dâun vieux sage, qui lâenvoie changer le monde, changer les autres puis se changer lui-mĂȘme. Il apprend beaucoup Ă chaque Ă©tape, mais ce nâest que lorsquâil apprend Ă sâaccepter lui-mĂȘme, Ă accepter les autres et Ă accepter le monde que le prince atteint la paix, la sĂ©rĂ©nitĂ© et la plĂ©nitude.
Le pardon est aussi important, car le ressentiment aliĂšne celui qui lâabrite. Pardonner nâest ni oublier, ni renoncer Ă ses droits, ni se rĂ©concilier avec lâoffenseur. Pour pardonner, il faut dĂ©cider de ne pas se venger et faire cesser les gestes offensants, reconnaĂźtre lâexistence et la dimension de sa blessure, se confier Ă quelquâun sur sa blessure, bien identifier la perte pour en faire le deuil, accepter sa colĂšre et son envie de se venger, se pardonner Ă soi-mĂȘme, commencer Ă comprendre son offenseur, trouver le sens de la blessure dans sa vie, se savoir digne de pardon (cela peut suffire), cesser de sâacharner Ă vouloir pardonner mais sâouvrir Ă la grĂące de pardonner puis dĂ©cider de mettre fin Ă la relation, ou de la renouveler.
Les pardons les plus difficiles Ă accorder concernent les parents dĂ©cĂ©dĂ©s, les parents invisibles qui ont donnĂ© leur enfant Ă adopter, les patrons injustes mais inconnus au sommet de la hiĂ©rarchie, tous ceux qui ne se repentent pas, qui ne se sentent ni concernĂ©s ni coupables, tous ceux qui se moquent des consĂ©quences de leurs actes, et nous-mĂȘmes, lorsque nous nous sentons coupables.
Pourtant, pardonner, câest cesser de cohabiter avec de vieux cadavres, vidanger ses citernes et accueillir pleinement sa vie.