L’argent est un mĂ©dium entre un besoin et une valeur.
Il est donc essentiel de savoir parler et d’expliquer cette valeur au patient, pour qu’il puisse en prendre conscience.
Pour cela, je vous partage un rĂ©sumĂ© de l’ouvrage de Victor Cabrera adaptĂ© Ă la pratique dentaire.
(Article basé sur l’ouvrage Techniques de vente : les stratégies gagnantes étape par étape par Victor Cabrera)
Victor Cabrera, commercial de terrain pour de grands groupes comme la SNCF ou Heineken et fondateur de la structure Technique de Vente Édition, nous propose dans cet ouvrage un tour d’horizon des méthodes actuelles de négociation commerciale et des stratégies de vente qui fonctionnent. Le milieu médical, et tout particulièrement le secteur dentaire, présente bien évidemment une spécificité particulière du fait de la nature même du « produit » proposé ; toutefois la plupart des difficultés rencontrées par les cabinets dentaires proviennent d’un défaut d’approche commerciale de la pratique, d’un refus ou d’un manque de formation sur le plan commercial, et la plupart des conseils prodigués dans le cadre du coaching d’entreprise peuvent – et doivent ! – être pris en compte pour développer votre activité. Vous n’êtes pas seulement dentiste : vous êtes chef d’entreprise et en charge du succès de celle-ci, et vous êtes confrontés aux défis commerciaux propres à toute entreprise : se démarquer de la concurrence, convertir vos prospects en patients, fidéliser votre patientèle…
Pour sortir du lot lors d’un rendez-vous, Cabrera identifie les deux principaux défauts communs à la plupart des fonctionnements : la sur-argumentation d’une part, consistant à parler plus que ce qu’on écoute, et le manque de préparation en amont d’autre part. Chacune des étapes qui vont être détaillées ici peuvent ainsi être rapprochées de ces trois principes de base à toujours garder à l’esprit :
– Structurer (son plan de traitement)
– Écouter (son patient)
– CrĂ©er de la valeur pour son patient
Les 7 étapes concrètes du rendez-vous commercial
Un rendez-vous de « vente », quel qu’il soit, s’articule autour de sept étapes dynamiques qui sont les mêmes qu’il s’agisse d’un produit ou d’un service, même médical. Sur ce point, on ne pourra que rappeler les conseils d’Adrian Wilkins, coach professionnel et consultant spécialisé en dentisterie, de séparer l’examen dentaire du rendez-vous de diagnostic et de proposition de soins, dans son ouvrage « The Way of the Superior Dentist ».
1. La prise de contact
C’est l’occasion de démontrer en quelques secondes votre intérêt pour votre prospect. La première impression est cruciale. Les 20 premières secondes d’un entretien déterminent à 80% le tour que va prendre la relation. Il est donc primordial que le premier contact soit pensé, travaillé et irréprochable. Il peut être bon de se créer un « speech » d’accroche pouvant être réutilisé, et il est indispensable de soigner son apparence, celle de son environnement, sa communication non verbale (regard, attitudes, concentration…). Cette étape ne peut être négligée et doit faire l’objet d’un entraînement et d’une remise en question réguliers. Idéalement, elle se déroule suivant le schéma suivant :
– positionnement : vous Ă©tablissez la transition entre conversation informelle et entretien de vente, ainsi que votre contrĂ´le de la conversation.
– prĂ©sentation des points Ă aborder : vous informez prĂ©cisĂ©ment votre interlocuteur du dĂ©roulement de l’entretien et de sa durĂ©e moyenne ; vous Ă©tablissez ainsi votre capacitĂ© Ă structurer votre Ă©change.
– prĂ©sentation des bĂ©nĂ©fices : vous mettez en avant de façon synthĂ©tique en quoi les points qui vont ĂŞtre abordĂ©s seront profitables au patient, et rĂ©pondront Ă ses besoins. Vous ĂŞtes capable de rĂ©sumer en un point clĂ© la proposition qui va ĂŞtre dĂ©veloppĂ©e.
– vĂ©rification de l’accord de principe du patient : vous sollicitez son accord thĂ©orique sur ce qui va ĂŞtre dĂ©veloppĂ©, et l’assurez le cas Ă©chĂ©ant qu’il sera rĂ©pondu Ă ses questions et objections prĂ©sentes plus loin dans l’entretien (ce qui devra impĂ©rativement avoir Ă©tĂ© prĂ©vu comme nous le dĂ©taillerons plus tard). Vous gardez ainsi le contrĂ´le de l’entretien.
Cette partie de la discussion privilégiera les questions fermées (auxquelles il est répondu par oui ou non).
2. La phase de découverte
L’objectif de cette phase est d’identifier les informations spécifiques au patient qui vont intervenir dans le moteur de décision, de déterminer par exemple s’il sera plus sensible à l’esthétique ou la notion de santé, s’il fonctionne plus au besoin ou au désir. Chaque proposition de traitement, de plan de soin, de produits doit être présentée suivant le schéma « FARP » : Faits (quelle est la situation concrète de mon patient, son besoin du point de vue médical comme sa situation personnelle ou financière), Actions menées (quelles décisions a-t-il déjà mises en place pour régler son problème ou satisfaire son besoin), Résultats obtenus (qu’en a-t-il retiré, que lui a-t-il manqué, et qu’attend-il aujourd’hui), Perception de votre interlocuteur (quels sont son opinion et son sentiment a priori sur les opportunités et/ou risques que vous allez lui présenter). Chaque produit ou service est censé répondre à une problématique propre à ce patient, qui doit la percevoir comme unique et personnalisée.
Cette partie de la discussion privilégiera les questions ouvertes (par lesquelles il est impossible de répondre par oui ou non). C’est la phase qui vous permettra de déterminer si vous avez à faire à un patient coopératif ou réticent, et d’adapter votre argumentation en fonction de cette tendance.
3. L’argumentation
L’objectif de votre argumentation doit être de démontrer en quoi votre proposition répond aux besoins spécifiques du patient et peut lui permettre d’atteindre ses objectifs, et ne doit ainsi jamais être perçue comme répondant aux vôtres ! Après avoir reconnu ce besoin de votre patient et l’avoir amené à le reconnaître par lui-même dans la phase précédente, vous amenez la solution. Elle doit être personnalisée, adaptée en fonction de la tendance que vous aurez perçue, et s’orientera ainsi vers l’aspect sanitaire ou esthétique, vers la modernité ou le traditionalisme, vers l’aspect financier ou haut de gamme suivant ses attentes spécifiques. Il convient de combiner dans votre argumentaire à la fois les caractéristiques (éléments constitutif de votre pratique, non négociables et visant à rassurer, comme qualité du matériel ou prise en charge de la douleur par exemple) et les avantages (unicité et valeur propre à votre cabinet, visant à vous différencier, comme matériel non utilisé par les autres dentistes, plans de financement particuliers, produits exclusifs…).
4. Le traitement des objections
C’est Ă ce stade, maintenant qu’il est parfaitement informĂ© et que la relation est plus poussĂ©e qu’à son arrivĂ©e, que des objections peuvent apparaĂ®tre, ou qu’il faudra traiter les Ă©ventuelles objections formulĂ©es par le patient en dĂ©but d’entretien, en les considĂ©rant dĂ©sormais comme des marques d’intĂ©rĂŞt et non de rĂ©ticence. Ne refusez jamais d’aborder les craintes et prĂ©occupations du patient, mais profitez de ces objections pour renforcer votre position d’expert et de fournisseur de solution, qu’il s’agisse d’objections matĂ©rielles (prix des soins, manque de temps pour un suivi rĂ©gulier…) ou plus psychologiques (peur d’avoir mal, peur de l’inefficacitĂ© d’un traitement…). Ne vous positionnez pas en mode justificatif ou dĂ©fensif, mais acceptez, comprenez et reformulez les prĂ©occupations avancĂ©es par le patient avant toute tentative de rĂ©solution. Aidez le patient Ă hiĂ©rarchiser ses prioritĂ©s (santĂ©, esthĂ©tique, Ă©conomies…) et adaptez en permanence votre argumentaire aux prĂ©occupations spĂ©cifiques du patient (prĂ©cĂ©dentes expĂ©riences peu concluantes sur la disponibilitĂ©, la gestion de la douleur, la qualitĂ© des produits, les facilitĂ©s de paiement…)
5. La négociation
Dans le cadre d’une pratique médicale, bien évidemment il n’existe pas de marge de négociation quant à vos tarifs. Sachez défendre la valeur de votre service et être ferme sur ce point. Cette phase toutefois peut consister en un assouplissement des modalités de règlement par exemple, ou en une fragmentation du plan de soins envisagé pour engager le patient à plus court terme et lui laisser la possibilité de l’étendre par la suite.
6. La conclusion
En fonction de ce que vous aurez perçu de l’entretien, effectuez un bilan si vous sentez encore la moindre hésitation de la part du patient, puis choisissez le mode de « verrouillage » adapté :
– Proposition directe + silence, accord direct
– Proposition alternative : choix entre deux ou trois solutions
– Proposition limitĂ©e : Proposition limitĂ©e dans le temps ou soumise Ă une limitation de disponibilitĂ©
Si le patient indique qu’il doit encore « réfléchir » et n’est pas décidé, vous pouvez également tenter la technique de l’inversion des rôles, en lui demandant de vous décrire ce qu’il faudrait de plus ou de moins dans votre proposition à son avis pour emporter son adhésion.
7. La prise de congé
La prise de congé qui précède immédiatement l’engagement définitif du patient doit le conforter dans sa décision et le laisser sur une note satisfaisante qui augure une relation à long terme et pas seulement une intervention ou un soin ponctuels (autrement dit pas « une vente » mais une vraie « relation commerciale »). Elle se fonde sur les 4R :
– Rassurer
– Remercier
– Raccompagner
– se Revoir (prise du prochain rendez-vous au cabinet et non soumise au rappel du patient plus tard)
3 étapes qui font la différence
Les étapes décrites ci-dessus supposent toutefois de se retrouver en position de rendez-vous avec un patient potentiel. C’est pourquoi la même importance et la même structuration doivent être apportées à ces trois étapes négligées du processus de vente, particulièrement dans le secteur médical :
1. La prospection
Il est évident qu’on ne « vend » pas des services de santé comme on vend des voitures. Un cabinet demeure toutefois une entreprise, et doit être géré en tant que tel. S’il existe divers ouvrages spécifiquement dédiés au marketing dentaire, certains éléments sont constants pour une prospection efficace et maîtrisée :
– un ciblage spĂ©cifique de votre patient idĂ©al, et une prospection et une communication centrĂ©es sur cette cible dĂ©finie
– une connaissance assumĂ©e de vos propres spĂ©cificitĂ©s et atouts
– une connaissance de la concurrence et de l’état de votre marchĂ©
– un suivi prĂ©cis et organisĂ© de l’efficacitĂ© de vos choix publicitaires et commerciaux
Pour approfondir ce point dans un cadre moins général et centré sur la communication et le marketing dentaire, on peut se référer par exemple aux ouvrages du Docteur Bill Williams sur le marketing général en secteur dentaire, de Zilko & Puhl sur l’utilisation du Web ou du Docteur Moffet sur l’Expérience Patient.
2. La fidélisation
Il est impossible aujourd’hui de se passer d’une vraie réflexion et d’une stratégie réfléchie et concrète de fidélisation des patients et de génération de recommandations, ce qui passe par expérience patient exceptionnelle.
C’est un des aspects majeurs de la réussite d’un cabinet dentaire, qui ne peut vivre uniquement de nouveaux patients. Souvenez-vous de la règle des 80/20 (80% du chiffre du cabinet répartis sur seulement 20% des patients en moyenne). Sur ce point également, l’ouvrage de Cabrera se montre plutôt général et axé sur la vente de produits, mais de nombreux ouvrages spécifiques peuvent être consultés, notamment (et notablement) celui de Dustin Burleson sur les recommandations par vos patients et confrères ou les chapitres dédiés de celui du Docteur Costes sur la réactivation et la rétention de patients. Les 7 règles d’or de la fidélisation demeurent toutefois les mêmes quel que soit le secteur :
– Soigner la qualitĂ© de vos produits et services (Ă l’évidence, c’est la base non nĂ©gociable de toute activitĂ© commerciale)
– Surprendre agrĂ©ablement le patient (toujours lui en donner un peu plus que ce qu’il attendait)
– VĂ©rifier la satisfaction du patient (ĂŞtre minutieux et organisĂ© dans le suivi des retours et avis, et ne pas hĂ©siter Ă les solliciter)
– Soigner son fichier patients (connaĂ®tre sa patientèle, ses Ă©volutions, ses attentes, ses objections, ĂŞtre Ă jour des tendances)
– ĂŠtre Ă l’écoute des patients (en n’ignorant pas les retours nĂ©gatifs ou en sollicitant plus que des avis par des questionnaires de satisfaction systĂ©matiques et dĂ©taillĂ©s)
– Se diffĂ©rencier de la concurrence (quel que soit le crĂ©neau, votre proposition de service doit ĂŞtre perçue comme unique)
– S’adapter aux changements du marchĂ© (la constance n’étant pas synonyme d’immobilisme et de refus d’évoluer)
3. La préparation commerciale
L’ensemble des étapes évoquées, qu’il s’agisse du rendez-vous lui-même ou de l’expérience patient en général, suppose ainsi une préparation structurée et exhaustive de chaque rendez-vous de diagnostic et de proposition de soins. Bien évidemment, dans le cadre d’un cabinet dentaire, vous n’êtes pas un commercial devant travailler seul et certains éléments du récapitulatif ci-dessous seront à la charge de vos équipes. Mais quelle que soit la répartition des tâches et la stratégie propres à votre cabinet, il devrait être impératif de disposer avant chaque rendez-vous et pour chaque patient, par exemple sous forme de fiches sur lesquelles vous pourrez prendre des notes en cours d’entretien ou auxquelles vous pourrez discrètement vous référer, de l’ensemble des éléments suivants :
Prise de contact :
J’ai vérifié :
– mon apparence [ ]
– mon environnement [ ]
– mon attitude / Ă©tat d’esprit [ ]
Mon accroche : ______________________________________________________________
Phase de découverte :
Ce que je sais déjà | Ce que je veux savoir | Questions à poser et réponses du patient |
Contexte
Historique médical Besoins et attentes Motivations Etc… |
Contexte
Historique médical Besoins et attentes Motivations Etc… |
Phase d’argumentation
– mes caractĂ©ristiques : (cochez pendant la phase de dĂ©couverte celles qui vous serviront lors de l’argumentation)
Élément 1 : _______________ bénéfice pour le patient ______________ [ ]
Élément 2 : _______________ bénéfice pour le patient ______________ [ ]
Etc.
– mes avantages uniques : idem
Élément 1 : _______________ bénéfice pour le patient ______________ [ ]
Élément 2 : _______________ bénéfice pour le patient ______________ [ ]
Etc.
Objections :
– Objections possibles Ă anticiper en amont avec les solutions / explications / preuve
(Par exemple prix élevé : rappel de la qualité de la prestation / du matériel exclusif et références, peur d’avoir mal : rappel des caractéristiques ou avantages et avis d’autres patients etc. Ce point est détaillé plus loin.)
Négociation :
Ce que je peux proposer au patient s’il demeure hésitant (horaires de rendez-vous, plan de financement, commande de produits spécifiques…)
Conclusion (à décider suivant le déroulé mais les trois verrouillages à penser en amont)
Ma proposition directe (objectif)Â : _____________________________________________[ ]
ou
Ma proposition alternative : ______________________ ou _________________________[ ]
ou
Ma proposition limitée : _____________________________________________________[ ]
Ma prise de congé incluant les 4R _______________________________________________
Techniques d’upselling rapportĂ©es au cabinet dentaire
1. Séduire un prospect indifférent
Ce patient est satisfait de sa situation dentaire actuelle et/ou de sa relation avec un concurrent. Il convient d’éviter le piège des a priori (le patient a tort, j’ai raison) et de comprendre et d’analyser les raisons de son indifférence, afin de lui faire prendre conscience non pas d’une erreur de sa part, mais d’un bénéfice pour lui à changer ses habitudes. Cela passe par 4 étapes :
– faire preuve d’empathie (rĂ©elle et non simulĂ©e, afin que le patient ressente que votre intĂ©rĂŞt porte sur son bien-ĂŞtre et non sur vos gains)
– gagner en lĂ©gitimitĂ© (en faisant preuve d’une comprĂ©hension prĂ©cise de la situation du patient et en lui apportant par votre analyse une valeur ajoutĂ©e qui n’existe pas dans sa situation qu’il juge pourtant satisfaisante)
– tester et valider l’opportunitĂ© (en identifiant une opportunitĂ© non pas de rĂ©solution d’un problème, qu’il ne croit pas avoir, mais d’amĂ©lioration de sa situation, et en jouant suivant les tendances du patient sur les retombĂ©es positives d’une modification de son point de vue ou les consĂ©quences nĂ©gatives futures si rien n’est fait)
– confirmer l’opportunitĂ© (en faisant exprimer au prospect une volontĂ© d’amĂ©lioration et non plus un problème, vous le faites adhĂ©rer thĂ©oriquement Ă vos propos. Vous revenez alors au schĂ©ma classique vu plus haut et pouvez passer Ă la phase de dĂ©couverte).
2. Convaincre efficacement
Il ne s’agit pas de charmer le patient ou de le pousser à l’engagement, mais bien d’établir chez lui la conviction que son engagement est nécessaire à son propre bien-être, et le bon choix, sans quoi il se sentira manipulé et ne tiendra pas ses engagements, qu’il percevra comme pris sous la contrainte ou la ruse. Les fondamentaux pour vous asseoir en tant qu’« autorité » sur votre sujet sont bien évidemment ce que vous dégagez (tenue vestimentaire, apparence, environnement) et votre maîtrise (intellectuelle, professionnelle et technique comme dans votre attitude, qui doit rester posée, réaliste et assurée sans céder à la tentation d’en faire trop). Trois éléments vont vous permettre de convaincre naturellement : la technique de la sélection, c’est-à -dire l’exposition au patient de plusieurs points-clé que vous identifiez dans sa problématique propre, la technique de l’évidence, qui consiste à ponctuer votre proposition de vérités générales indiscutables qui valident ainsi votre point de vue, et enfin celle qui nous intéresse en priorité, les deux précédentes pouvant ponctuer l’échange, la technique du conseil.
Elle va nécessairement de pair avec un verrouillage à proposition alternative, puisque le patient doit percevoir que vous avez à cœur son intérêt et non le vôtre. Elle a l’avantage à la fois de rassurer le patient et de vous crédibiliser en tant qu’expert, et se découpe en 5 étapes :
– RĂ©capitulation (de la situation du patient, dont vous aurez soin de lui faire valider les points que vous avez analysĂ©s au fur et Ă mesure)
– Diagnostic (dĂ©finition de la problĂ©matique propre au patient, qu’il s’agisse d’un besoin ou d’une possible amĂ©lioration)
– PrĂ©sentation des solutions (deux ou trois, avec Ă chaque fois les avantages et inconvĂ©nients anticipĂ©s)
– Prise de position (votre choix d’expert parmi ce panel de solution)
– Mise en Ĺ“uvre (description prĂ©cise de la mise en place de la solution que vous prĂ©conisez, qui rĂ©pondra toujours aux 4C : combien ça coĂ»te, combien ça rapporte, combien de temps, comment cela se passe).
Deux écueils à éviter :
– Une analyse trop rapide ou incomplète (une mauvaise perception de la situation du patient, qui vous discrĂ©ditera. Ne rĂ©capitulez que des Ă©lĂ©ments dont vous ĂŞtes assurĂ©, et ne prĂ©sentez des Ă©lĂ©ments que si vous ĂŞtes certain de leur contexte).
– Une maĂ®trise de chaque solution prĂ©sentĂ©e (ne proposez pas comme solution alternative un soin ou technique que vous ne maĂ®trisez pas et ne pourrez pas assurer si le patient ne se range pas Ă votre choix et se dĂ©cide finalement pour l’alternative).
3. Maîtrise et réduction des risques
Comme à chaque étape du processus de prise en charge du patient, les maîtres mots demeurent empathie et anticipation. Mettez-vous dans la peau de votre patient et répondez à ces quatre questions :
– Quels sont pour moi les risques (consĂ©quences nĂ©gatives) si je procède Ă ce soin / plan de soin ? (prix, douleur, empiètement sur mon temps libre…)
– Quelles sont les causes de ma perception ? (mauvaise expĂ©rience passĂ©e, situation financière ou professionnelle…)
– Quel est pour moi le degrĂ© de nuisance de chacun de ces risques sur une Ă©chelle de 1 Ă 10 ?
– Qu’est-ce qui pour moi pourrait attĂ©nuer ou Ă©liminer ces risques ?
Il peut être intéressant également de demander à vos équipes ou même à votre entourage d’effectuer ce test, afin de vous rendre compte de la multitude de perceptions différentes et ainsi, d’anticiper la plupart des objections même inattendues ou ne vous semblant pas rationnelle et de préparer une réponse pour chaque type de risque. Lors du rendez-vous, amenez le patient à formuler clairement ses craintes, a priori ou préoccupations, et apportez-y vos réponses, asseyant ainsi votre position de conseil à l’écoute et d’expert. Certains schémas d’objection sont constants, qu’il s’agisse de vendre des produits ou des soins médicaux non vitaux comme la dentisterie :
– C’est trop cher
– Je n’en ai pas besoin
– J’en ai besoin mais peux trouver ailleurs la mĂŞme chose moins cher
– Je ne crois pas ce que j’entends (sur la rĂ©alitĂ© de mon besoin, sur vos motivations envers mon intĂ©rĂŞt et non votre bĂ©nĂ©fice, sur la qualitĂ© de votre proposition…)
– Je n’ai pas confiance en votre service (j’ai jugĂ© la technique, le service, le matĂ©riel a priori, j’ai fait mon autodiagnostic sur Internet…)
– Je vous crois mais j’ai peur (de me faire avoir, d’avoir mal…)
Le but est de rassurer le patient, et si le risque ne peut être totalement écarté, de lui faire accorder aux bénéfices de votre intervention une valeur supérieure au degré de nuisance de chaque risque.
4. Vaincre l’objection du prix
Si vous avez appliqué les stratégies adéquates de ciblage de votre patientèle et de définition de votre patient idéal, l’objection de prix ne sera pas, dans 90% des cas, une objection réelle. Dans les 10% restants elle sera le signe que ce patient n’est pas pour vous.
Deux éléments majeurs conditionnent l’acceptation du prix par le patient :
– il doit admettre que la valeur rĂ©elle du service correspond au prix proposĂ©.
– la valeur affective Ă laquelle il estime le service est supĂ©rieure Ă la considĂ©ration matĂ©rielle
12 règles sont incontournables pour parvenir à ce résultat, outre votre parfaite connaissance du taux de remboursement des soins par l’Assurance Maladie et les mutuelles et leur fonctionnement, pour toujours savoir et communiquer ce qui reste réellement à la charge du patient :
– ne prĂ©sentez pas le prix trop tĂ´t : le patient doit avoir pu apprĂ©cier la valeur et la nĂ©cessitĂ© de votre intervention ainsi que ses bĂ©nĂ©fices avant de s’entendre en chiffrer le coĂ»t
– suscitez l’envie et le dĂ©sir lorsque cela est possible (aspect esthĂ©tique en plus de l’aspect mĂ©dical, expĂ©rience patient exceptionnelle transformant la visite chez le dentiste en moment agrĂ©able et non plus en corvĂ©e, programme de fidĂ©litĂ© Ă rĂ©compenses hors contexte dentaire…)
– sĂ©curisez la valeur de votre service (garantie, suivi, soins additionnels compris…)
– fractionnez et Ă©talez si possible la dĂ©pense pour les sommes importantes, afin de rĂ©duire l’impact psychologique du montant total
– suscitez la sympathie et entretenez la relation personnelle, ce qui psychologiquement rend plus « dĂ©placĂ©es » les objections matĂ©rielles
– valorisez le patient, qui associera sa valeur Ă celle du service proposĂ©
– prĂ©sentez un prix prĂ©cis au centime près, qui reflètera une estimation personnalisĂ©e et un calcul dĂ©taillĂ© et non une estimation « à la louche » perçue comme alĂ©atoire et nĂ©gociable
– prĂ©sentez votre prix sur un support Ă©crit, qui semblera moins discutable au patient
– annoncez vos tarifs sereinement, si vous -mĂŞme ne semblez pas croire que votre intervention vaut rĂ©ellement ce prix, le patient ne pourra pas y adhĂ©rer
– remplacez les mots « prix » et coĂ»t » par des termes plus valorisants comme « investissement », « valeur ».
– restez ferme sur le tarif arrĂŞtĂ©, au risque de discrĂ©diter tout l’entretien en amont (« s’il cède, c’est que cela ne valait pas son prix en fin de compte / qu’il m’a menti / manipulé » etc.)
– dĂ©placez l’objection sur les consĂ©quences nĂ©gatives en cas de non intervention, le prix Ă©tant accessoire comparĂ© au besoin rĂ©el du patient.
Avec ces règles à l’esprit, on peut combiner plusieurs arguments afin de « faire passer » le prix :
– la fragmentation (avec cette intervention, certes non ou peu remboursĂ©e, vous pourrez enfin montrer vos dents lorsque vous souriez, votre sourire ne vous coĂ»tera donc que x centimes / euros par jour)
– la relativisation (ces couronnes provisoires sont certes plus chères que chez la concurrence, mais je les garantis deux fois plus longtemps, vous constaterez pourtant qu’elles ne coĂ»tent pas le double mais seulement…)
– la comparaison (en investissant x euros dans ces soins, vous allez cesser de souffrir, pour le mĂŞme prix que x dĂ®ners au restaurant ou x paires de chaussures…)
– la valorisation des diffĂ©rences (certes, nous sommes plus chers que x de x euros, mais cet appareil est garanti 10 ans / le suivi est assurĂ© de telle manière etc. donc en rĂ©alitĂ©, si l’on chiffre ces services additionnels nous sommes moins cher)
– la valorisation du prix lui-mĂŞme (Ă ce prix vous bĂ©nĂ©ficiez de la dernière technologie de pose / des matĂ©riaux les plus fiables…)
5. Accélérer le verrouillage
– pour une proposition alternative : la perception contrastĂ©e
Cette technique consiste Ă prĂ©senter une alternative qui si elle se doit d’être rĂ©elle et rĂ©alisable, est volontairement surdimensionnĂ©e (en termes de prix, de rĂ©alisation), rĂ©sultant en une meilleure rĂ©ceptivitĂ© du patient lorsque vous lui prĂ©sentez ensuite la solution qui vous semble la plus adaptĂ©e (et qui lui semblera plus intĂ©ressante puisque plus simple / moins chère…)
– pour une proposition directe : la raretĂ©
Le patient se sentira plus envieux et rĂ©actif s’il pense que le service proposĂ© l’est Ă titre exceptionnel (je ne propose ce type de plan qu’à de très rares patients en ayant vraiment besoin / aucun concurrent ne dispose de ce matĂ©riel / cette technique…)
– pour une proposition limitĂ©e : l’urgence
Le sentiment d’urgence et de nĂ©cessitĂ© immĂ©diate peut ĂŞtre un fort moteur de dĂ©cision (si vous attendez la situation va se dĂ©grader je ne peux garantir le succès que sur une intervention immĂ©diate / ce sont les derniers matĂ©riaux Ă ce prix je ne peux vous garantir ce tarif que jusqu’à la fin du mois…)
La combinaison de la rareté et de l’urgence peut être envisagée si elle reste crédible.
Psychologie de la vente
Cabrera relève 5 travers principaux qui peuvent s’appliquer aux cabinets dentaires en difficulté aussi bien qu’aux commerciaux défaillants et qu’il convient ainsi d’éradiquer si vous les reconnaissez :
– avoir des prĂ©jugĂ©s et des a priori (sur les patients, les techniques, constituant des barrières psychologiques limitant votre potentiel et vos opportunitĂ©s)
– ĂŞtre centrĂ© sur soi (alors que vous exercez une activitĂ© mĂ©dicale supposĂ©ment dĂ©diĂ©e Ă l’autre, Ă son bien-ĂŞtre, sa santĂ©…)
– tomber dans la justification (alors que votre patient attend de vous la comprĂ©hension et l’acceptation de son point de vue avant le vĂ´tre, et non une tentative de votre part de le convaincre qu’il a tort)
– ne jamais se remettre en question (et rejeter les dĂ©faillances et les Ă©checs sur les patients qui ne comprennent rien, le personnel qui ne fait pas ce qu’il faut etc. sans jamais Ă©valuer sa propre part de responsabilitĂ© dans les choix effectuĂ©s)
– se reposer sur ses acquis (et faire de l’immobilisme en refusant d’évoluer, de changer ce qui ne fonctionne pas ou d’amĂ©liorer ce qui a pu fonctionner par le passĂ© mais ne fonctionne plus, en nĂ©gligeant de se former rĂ©gulièrement).
Enfin, même avec la meilleure volonté et la meilleure mentalité à un moment donné, le manque de discipline et de persévérance peuvent réduire tous vos efforts à néant. Ainsi, autoévaluez-vous régulièrement sur les 19 points suivants, qui synthétisent l’état d’esprit commercial que vous devez conserver en permanence :
– Je crois en mes capacitĂ©s
– Mon environnement (professionnel comme personnel) me paraĂ®t toujours idĂ©al
– Je tisse rĂ©gulièrement de nouveaux liens bĂ©nĂ©fiques (avec des patients, confrères, amis, qui partagent mes valeurs et participent de cette dynamique positive)
– J’apprends et je me forme en permanence (et j’applique ce que j’ai appris)
– Je planifie systĂ©matiquement chacune de mes journĂ©es
– Je suis incontournable dans mon secteur
– Je fournis Ă mes prospects et patients les rĂ©ponses qu’ils attendent
– Je sais dĂ©tecter les opportunitĂ©s (commerciales, financières, technologiques, humaines…)
– J’assume mes responsabilitĂ©s
– J’agis (et ne me contente pas de thĂ©oriser ou de rĂ©flĂ©chir)
– Je n’ai pas peur de l’échec (et je vois mes Ă©checs comme des leçons et des opportunitĂ©s d’apprendre et d’avancer)
– Je ne refuse pas le risque (et je sais sortir de ma zone de confort)
– Je n’ai pas perdu de vue mes objectifs (je sais pourquoi je fais ce que je fais, et oĂą je veux aller exactement)
– Ma vie personnelle, Ă la fois socle et but ultime de ma rĂ©ussite professionnelle, est Ă©quilibrĂ©e et saine (et ma pratique est alignĂ©e avec mes passions et valeurs)
– J’investis, et je ne gaspille pas (ni mon temps ni mon argent)
– Je n’abandonne pas avant d’avoir rĂ©ussi (mais je ne m’obstine pas dans mes objectifs ou stratĂ©gies irrĂ©alistes ou inefficaces)
– J’ai une attitude positive en toutes circonstances
– Je sais ignorer les personnes et comportements nĂ©fastes
Le principal agent de votre réussite ou de votre échec, ce n’est ni le marché, ni la conjoncture, ni la chance, mais vous-même.
En conclusion, on peut retenir que les Ă©lĂ©ments-clĂ© d’une approche commerciale efficace restent en tout temps l’empathie et l’anticipation, et que si vous ĂŞtes l’acteur de votre rĂ©ussite, votre meilleur argument de vente, c’est l’avis de vos patients ! N’hĂ©sitez pas ainsi Ă intĂ©grer ces avis de patients (tĂ©moignages, Ă©valuations en ligne, livre d’or…) Ă chaque Ă©tape des diverses stratĂ©gies Ă©laborĂ©es et Ă faire de vos patients satisfaits et convaincus vos meilleurs commerciaux.